Roy Keane séduit le foot irlandais

L’élargissement de l’EURO à 24 nations fait rêver beaucoup de pays, à commencer par les Britanniques. Jamais encore ils ne se sont tous qualifiés pour un tour final. Or, l’Angleterre, l’Irlande du Nord et l’Irlande sont en tête de leur poule tandis que le Pays de Galles et l’Ecosse sont en bonne position.

L’Irlande a arraché un nul 1-1 en Allemagne en octobre. Elle attribue son succès actuel à deux entraîneurs, Martin O’Neill et Roy Keane, qui ont succédé à Giovanni Trapattoni il y a un an.

Roy Keane entretient une relation haine-amour avec l’équipe nationale. En 2002, il en a été écarté peu avant le Mondial pour avoir critiqué le sélectionneur, Mick McCarthy, auquel il reprochait son amateurisme. Ces dernières années, dans leurs interviews, Keane et le CEO de la fédération, John Delaney, ont multiplié les piques. Son embauche au poste d’adjoint a donc constitué une énorme surprise.  » O’Neill et moi avons travaillé ensemble comme analystes en Ligue des Champions « , écrit Keane dans sa récente biographie, The Second Life.  » Il est parmi les rares entraîneurs dont je voulais bien être l’adjoint.  »

L’ancien capitaine de Manchester United transmet sa rage de vaincre à la sélection.  » Il a tiré des leçons de ses expériences négatives de coach à Sunderland et Ipswich « , affirme Emmet Malone, journaliste à l’Irish Times.  » Il a été l’idole de beaucoup d’internationaux actuels. Trapattoni était bon mais il misait sur l’organisation défensive, sans témoigner d’estime au potentiel irlandais. O’Neill croit en ses joueurs. A domicile, il tente de développer un football offensif. Keane et lui ne font pas mystère de leurs ambitions : ils démissionneront si l’Irlande ne se qualifie pas. Les Irlandais apprécient cette mentalité. Il y a eu plus de 10.000 demandes de billets pour le match contre l’Ecosse, au Celtic Park, alors que 3.000 seulement étaient disponibles.  »

Le championnat national, lui, ne suscite guère d’intérêt. Malone :  » La crise économique a brisé l’élan né dans le courant des années 2000. La plupart des joueurs sont semi-pros. Les internationaux ont tendance à rester plus longtemps au pays. Shane Long, Wes Hoolahan et Kevin Doyle ont été formés en Irlande. Au fond, il faudrait fusionner les ligues d’Irlande et d’Irlande du Nord.  »

Le thème est intéressant, d’autant que l’Irlande du Nord excelle durant ces qualifications. Il n’est donc pas complètement fou d’imaginer une fusion des deux équipes nationales.  » On en parle depuis des décennies « , opine Malone.  » Depuis la fin des années 80, quand l’Irlande du Nord possédait d’excellents joueurs, comme Martin O’Neill. Toutefois, pour le moment, je ne pense pas que l’autre Irlande nous apporterait un plus réel. Beaucoup de ses talents ont déjà opté pour notre équipe nationale. La situation politique a complètement changé en l’espace de dix ans. Le seul point sensible, c’est que l’Irlande du Nord nous a dépassés au classement FIFA. Cela ne s’était produit qu’à une seule reprise auparavant et c’est gênant.  »

PAR MATTHIAS STOCKMANS

Une fusion des équipes irlandaises n’est pas utopique.

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