Rouche vif

Battice est lové dans les bocages du Pays de Herve, où la nature respire entre les vergers et les prairies ceinturés par des kilomètres de haies qui font le bonheur de tant de familles d’oiseaux. Et c’est dans les fermes de cette région que mûrit patiemment un roi de la gastronomie belge, doux, piquant ou crémeux : le fromage de Herve. Ce produit de caractère se déguste avec une tranche de pain nappée de sirop de Liège, accompagné d’un vin jeune ou d’une bière brune d’abbaye. Installé dans ce coin avec sa femme et leurs trois enfants, Didier Ernst, 43 ans, ex-milieu récupérateur du Standard, Boom, La Louvière, Brussels, Eupen, Verviers, Sprimont et Spa, a connu lui aussi des saveurs différentes au cours de sa carrière de joueur et de coach.

 » En janvier 2009, j’ai eu un problème de santé : je maigrissais à vue d’oeil « , se souvient-il.  » Des examens médicaux ont révélé que je souffrais du diabète. Dans ma famille, personne n’avait eu ce genre de souci de plus en plus répandu dans la société moderne. J’ai été bien soigné, parfaitement renseigné et j’ai pris cela avec philosophie. Pär Zetterberg est diabétique lui aussi et cela ne l’a pas empêché de réaliser une grande carrière. La pratique d’un sport est fortement recommandée aux diabétiques. Je m’administre quatre injections d’insuline par jour ; c’est vite fait et cela ne perturbe en rien mon confort de vie. « .

A partir de 2009, Ernst coache des clubs de la province de Liège : Verviers, La Calamine, Sprimont. Et, partout, on retrouve l’homme positif, travailleur et enthousiaste qui plaisait tant aux supporters des Rouches.  » Je suis resté un Standardman jusque dans le plus profond de mon coeur et cela ne changera jamais « , dit-il.  » J’aimerais travailler un jour à Sclessin pour rendre une partie de ce que ce club m’a donné. Je n’étais pas le plus doué mais je me donnais à fond à chaque match, au moindre entraînement. C’était dans ma nature et je craignais que le moindre relâchement profite à un concurrent, à une vedette de retour après une blessure ou une suspension. Je devais tout le temps y aller à fond pour préserver mes chances de jouer. Chez les jeunes, Helmut Graf, Christian Labarbe et Léon Semmeling ont bien cultivé cette grinta qui était ma marque de fabrique.  »

Titulaire au Standard durant neuf ans (240 matches de 1993 à 2002), capitaine de 1999 à 2002, il a obtenu ses plus beaux bouquets ailleurs : Coupe de Belgique en 2003 avec La Louvière, le titre en D2 un an plus tard pour le compte du FC Brussels. International à une reprise (30 mars, Belgique-Egypte à Sclessin, 1-1), Ernst n’a plus de club depuis son départ de Sprimont.  » C’est passager mais en D3 ou en Promotion, il faut un autre job en plus pour nouer les deux bouts. « , explique-t-il.  » Je travaille à l’EP de Verviers où j’entraîne les jeunes du Foot Etudes.  » Benoît Thans y livra aussi un travail remarquable.  » Nos élèves proviennent de la région et ont droit à neuf heures de football par semaine « , conclut-il.  » J’ai un horaire de 25 heures par semaine et j’oeuvre en étroite collaboration avec les enseignants, naturellement. J’y mets tout mon coeur car c’est super de voir progresser ces jeunes qui ne m’appellent pas Monsieur mais simplement Didier.  »

Ernst, c’est la passion au quotidien, celle que les supporters rouches saluent toujours avec respect quand il vient voir un match à Sclessin, chez lui.

PAR PIERRE BILIC

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