Rouche classique

Le médian était Standardman avant d’être Anderlechtois.

Depuis l’arrivée d’Alexandre Czerniatynski, milieu des années 80, aucun transfert au Standard n’a suscité autant de passion que celui de Johan Walem. Rien que pour assister à son premier entraînement, une foule considérable avait rallié Sclessin.

Suite à la saignée dont furent victimes les Rouches, un renfort de choix était attendu impatiemment. Et la personnalité du nouveau venu séduit les plus exigeants. Il s’agit en effet d’un médian en pleine force de l’âge. Débarquant en droite ligne du Calcio.

Johan, vous attendiez-vous à un accueil aussi délirant?

Johan Walem: Le bonheur perceptible sur les visages m’a frappé. J’ai vu des gens très contents. Lorsque j’étais joueur à Anderlecht, j’avais le sentiment que ce public n’hésitait jamais à manifester beaucoup de chaleur à l’égard de ses favoris. En ce qui me concerne, je tiens à ce que tout le monde sache que ce ravissement est réciproque. Je suis heureux d’être au Standard. Je le prouverai par la qualité de mes prestations.

Néanmoins, il n’est pas spécialement évident à un ancien d’Anderlecht de faire d’emblée l’unanimité…

Le passé est le passé. Le Sporting représente une étape de ma carrière. Au même titre que l’Udinese et Parme. Seul compte l’avenir. Il y a un beau challenge à relever. Je ne pense à rien d’autre. Ce maillot rouge, ce club, représentent quelque chose de spécial à mes yeux. Jusqu’à l’âge de quatorze ans, je ne jurais que par le Standard! En compagnie de mon père, nous venions ici tous les quinze jours. Nous ne rations aucun match. Gamin, je portais ce maillot rouge lorsque j’assistais aux rencontres. Je nouais également une écharpe autour de mon cou. Exactement de la même manière que tous les autres fans.

Amusant de constater que c’est dans l’antre du rival ancestral que vous avez réalisé votre épanouissement.

Depuis mon plus jeune âge, j’étais affilié à Molenbeek où mes deux premiers entraîneurs furent Freddy Luyckx et

Johan Boskamp. Etant donné que je me débrouillais bien, le grand voisin est venu me chercher. A partir du moment où l’opportunité de faire carrière dans le football se présente, il faut la saisir. Attention, dans l’espoir de faire bonne figure, je ne veux pas aujourd’hui prétendre que je ne me suis pas identifié au Sporting. J’y étais chez moi. Pas question de renier cette merveilleuse période.

« Le Standard m’avait déjà contacté »

Dans le passé, le Standard s’est déjà intéressé à vous?

Mon premier contact concret remonte au moment de l’EURO 2000. Luciano D’Onofrio m’a appelé. Je lui ai répondu que j’étais enchanté à l’idée de venir à Liége. Pas immédiatement néanmoins. Je souhaitais prester une saison supplémentaire en Italie.

Et avant cela, en 1995?

Hum. Vaguement. Quelques touchettes. Rien de sérieux.

Chaque médaille ayant son revers, celui-ci implique une lourde responsabilité. Vous n’avez quasiment pas le droit de décevoir.

C’est ce que l’on dit. A mes yeux, le football reste un sport d’équipe. L’essentiel demeure le collectif. Si nous formons un bon groupe, sur et en dehors du terrain, je ne vois pas pourquoi la totalité des responsabilités reposerait sur mes épaules.

D’accord, mais vous êtes un transfert vedette…

Je n’ai pas souhaité cette étiquette. Elle est venue comme ça. Cette effervescence constitue un moment très particulier dans ma carrière. Extrêmement valorisant. J’espère ne pas décevoir. Voilà mon unique réflexion par rapport à votre remarque. Je reste toujours calme. Mes aventures avec l’équipe nationale en témoignent. Durant des années, ce fut « oui, non, peut-être ». Je n’ai rien dit. Aucun esclandre. Je me suis battu de manière à obtenir le respect. Il en ira de même ici.

Etes-vous conscient que depuis Arie Haan en 82 et 83, tous les meneurs de jeu ayant milité au Standard se sont plantés en invoquant, certes, des raisons diverses?

Effectivement, il y en a eu pas mal à se succéder. Désolé pour eux et pour le club. Moi, je suis Johan Walem. Ni Prosinecki, ni Sigurvinsson! J’ai mes qualités propres. Je les exploiterai au maximum.

« Udine voulait me garder »

La signature officielle a tardé. Une raison à cela?

Udinese ne tenait pas à me voir m’envoler. Quand la proposition du Standard est arrivée sur le bureau du président Soldati, il m’a fait une offre portant également sur cinq ans. J’étais embarrassé. J’ai consacré du temps à la réflexion. Il ne s’agissait pas d’une décision à prendre à la légère. Plusieurs motifs m’ont incité à revenir en Belgique.

A savoir?

Mon attirance à l’égard du Standard. Je n’avais pas envie de passer à coté d’un rêve de gosse. La perspective de revoir ma fille a définitivement fait pencher la balance. Je suis divorcé. A Udine, nous n’avons séjourné qu’un an en famille. Lors de notre séparation, mon épouse est rentrée en Belgique avec l’enfant. Il y a donc deux ans que je ne la vois quasiment plus. Elle me manque terriblement. Mon ex-femme, avec qui j’entretiens des relations cordiales, m’a souvent demandé comment je faisais pour vivre sans le bébé. A vrai dire, j’en crevais. Cette situation, je la supportais de plus en plus mal. L’idée de penser qu’elle allait bientôt entrer à l’école sans mon soutien me tourmentait. Le plus fou est qu’elle apprendra via les journaux que son père revient en Belgique. Elle passe actuellement ses vacances à l’étranger en compagnie de sa mère. Je ne suis pas arrivé à les joindre. Il s’agira d’une merveilleuse surprise pour elle!

Et la fameuse affaire des dix millions que Udine était sensé vous devoir, c’était réel?

Foutaises. Inventions. Ces rumeurs ne viennent pas de moi.

Des dirigeants du Standard la relayèrent.

Alors, ce n’est pas mon problème.

« Le groupe a changé mais on reste bon »

Compte tenu des ponctions dont le noyau était victime, aviez-vous encore envie de vous engager dans une équipe déforcée?

Le groupe a changé mais on reste bon. Des joueurs de qualité s’en sont allés. C’est vrai. Et alors? Le foot est ainsi fait. Le groupe change. Aux nouveaux à prouver qu’ils sont aussi forts. Maintenant, je comprends la douleur du public. Moi, je ne m’arrête pas à ça. Deux, trois joueurs, même talentueux, ne font pas un club. Je le répète, les grandes campagnes se forgent en se basant sur un noyau fort d’une vingtaine de gars déterminés.

Qui dit nouveau groupe dit aussi recherche d’automatismes. Cela demande du temps.

Il ne faut pas attendre monts et merveilles dès le début. Même si le spectacle tarde à venir, il n’y a que le classement final qui soit déterminant. Malgré cela, il ne faudrait pas louper l’entrée en Coupe d’Europe et le début de championnat. Je prends très au sérieux la confrontation avec Vardar Skopje. Chaque rencontre doit être disputée sérieusement. Je préfère laisser les surprises aux autres. Surtout si elles sont mauvaises! En passant confortablement le premier tour, on se donne la confiance permettant d’aborder le championnat de manière optimale. J’entends dire qu’Anderlecht se situe hors d’atteinte. On verra!

Depuis combien de temps Anderlecht n’a-t-il plus été battu à Sclessin?

Quatorze ans. But de Luyckx sur un terrain verglacé. Ça va, je connais mes classiques?

Daniel Renard

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