RONNY GASPERCIC EN ESPAGNE

Le gardien belge d’Extremadura commente les développements du football espagnol.

Vous n’avez pas effectué le déplacement à Eibar?

Ronny Gaspercic : Le club m’a proposé un nouveau contrat de deux ans. Il voulait à tout prix que je le signe. Je me suis tu le plus longtemps possible mais j’ai quand même dû sortir de ma coquille et leur dire que je voulais partir librement, puisque je suis en fin de contrat. C’est définitif. Le club doit donc préparer la saison prochaine. Je le lui ai clairement signifié. Il a fait preuve de compréhension.

A trois journées de la fin du championnat, Extremadura était treizième. Une fameuse déception?

Pas vraiment car nous ne disposions pas d’une formation capable de se mêler à la lutte pour la promotion. Je m’y attendais. L’été passé, le club a rebâti une équipe très jeune. Nous nous trouvons manifestement dans une phase de transition. La déception était bien pire la saison précédente car nous avions un noyau plus fort et mieux soudé. Je regrette de n’avoir pu quitter le club avant le terme de mon contrat.

Se motiver semaine après semaine ne devait pas être évident?

Ce n’était pas un problème. Il faut faire ses preuves, à 100%, où qu’on se produise. J’ai souvent été animé du sentiment que ce n’est pas encore fini pour moi, ici. J’ai pu m’appuyer sur mon statut de joueur en fin de contrat et sur le fait que de nombreux clubs s’intéressaient à moi.

Essentiellement des clubs français et anglais. Quelles sont vos préférences?

Aucune idée. Je n’ai pas encore pris la moindre décision. J’ai encore un peu de temps pour examiner l’ensemble à mon aise. Mon objectif est d’évoluer au plus haut niveau possible. Je ne veux plus vivre d’autres relégations.

En D2, le FC Séville, Ténériffe et le Bétis Séville ont les meilleurs atouts pour remonter.

Ce sont les équipes les plus régulières. Elles ont leur place à l’échelon supérieur. Elles ont conservé le potentiel de formations de D1 et elles ont également les infrastructures voulues. Elles ont les coudées plus franches que les autres. Elles se sont bien adaptées aux exigences de la D2. Cette série est très difficile à jauger. La puissance et l’engagement en restent les principales valeurs.

Ça n’a manifestement pas réussi à l’Atletico Madrid?

En effet. Il a pris tout par-dessus la jambe, pensant qu’il s’en sortirait, mais contre lui, chaque équipe se replie trois fois plus que d’habitude. Il y a quelques journées, Gil y Gil a remplacé Alonso par Cantarero. Les plombs ont sauté une fois de plus après la défaite à Murcie. L’Atletico a la réputation de ne pas être patient. Je ne peux lui donner tort. Même en D2, il accueille 45.000 spectateurs à chaque match à domicile. La pression est énorme. Les joueurs et les entraîneurs ne peuvent pratiquement se permettre aucune erreur. L’Atletico reste un grand club, qui a atterri à l’échelon inférieur par un malheureux concours de circonstances. Y rester une saison de plus constituerait une véritable catastrophe. Un joueur comme Salva, actuellement meilleur buteur, peut patienter une saison. Pas plus. Mais son histoire le prouve: l’Atletico est le club le plus tumultueux d’Espagne.

Vous avez apprécié la finale de la Coupe UEFA entre Alavés et Liverpool?

Passionnante ( il rit). Alavés est une excellente équipe, mais elle a entamé la rencontre avec une nervosité incroyable. C’est ce qui a fait la différence car Alavés était nettement supérieur aux Anglais sur le strict plan footballistique. Mais voilà, il n’a pas résisté à la pression. La plupart des joueurs disputaient la première finale de leur carrière. On a parlé de bourdes défensives mais c’est toujours pareil quand un match se termine sur un score faluve. Herrera a passé une mauvaise soirée alors qu’il est très régulier en championnat. Ici, on a beaucoup critiqué le remplacement de Javi Moreno. Il n’a pas constitué le tournant de la rencontre mais cet attaquant est capable de marquer à n’importe quel moment, dans n’importe quelle position.

Il va rejoindre l’AC Milan. Un bon choix?

C’est difficile à dire. Il pouvait également retourner à Barcelone, où il avait échoué, lors de son premier passage. Il semble que sa femme ait pesé lourd dans sa décision. Moreno est un travailleur qui marque facilement. Cette aptitude accroît ses chances de réussite mais je crains qu’il ne soit en bute à la concurrence. Milan n’est pas Alavés. Il peut très bien éclater aussi. Après tout, avec les années, il est plus mûr et sa mentalité est parfaite.

Le Real Madrid est champion. Il le mérite?

Je pense que oui. Il a accompli un joli parcours, malgré un calendrier chargé, puisqu’il a atteint les demi-finales de la Ligue des Champions. Il voulait atteindre son sommet contre le Bayern Munich mais il n’était pas en forme et il a sous-estimé son adversaire. Raul, Figo et Morientes forment une fameuse force de frappe et le banc est également très étoffé. Mais à la fin de la saison, Figo semblait épuisé. Depuis l’EURO, il n’a guère eu de répit et il doit serrer les dents jusqu’à la fin de la saison. Ça ira mieux l’année prochaine. A mes yeux, Guti est la grande révélation. Il a compensé sans problème le départ de Redondo et il a toutes les qualités d’un grand joueur: il est fort à la récupération, il a une bonne vista, il s’infiltre aisément et en plus, il marque.

Lorenzo Serra Ferrer a été renvoyé par Barcelone avant la fin de contrat. S’agit-il d’une ultime tentative pour motiver les joueurs et se qualifier au moins pour les tours préliminaires de la Ligue des Champions?

Je le suppose. Rivaldo et Kluivert s’étaient plaints de sa tactique les semaines précédentes. Ça veut tout dire. Il n’obtenait plus de résultats positifs et les socios commençaient à s’énerver.

Que pensez-vous du taux de nandrolone de Frank de Boer?

C’est une histoire bizarre. Les gens ont été étonnés. C’est le premier cas de dopage qui se présente en Espagne. En fait, c’est incroyable, car un contrôle est possible même à l’entraînement. Pour autant que je le sache, on n’utilise que de la vitamine C. Je peux imaginer que, parfois, la charge de travail devient excessive mais avoir recours à ces produits ne constitue pas une solution. On ne pourrait parler de phénomène que si les cas se multipliaient. Pour l’instant, Frank de Boer est un cas unique. (F. Vanheule)

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