Ronald Vargas

Le Vénézuélien de Bruges est l’un des plus beaux artistes de notre championnat. Voici pourquoi il nous donne du spectacle quasi chaque week-end.

+

Ronald Vargas est typiquement un joueur à la technique sud-américaine. Il réalise des dribbles fous en utilisant sans problème toutes les surfaces des deux pieds. Ses passements de jambes, ses roulettes et ses crochets derrière la jambe d’appui sont parfaitement maîtrisés. Il adore provoquer son opposant direct et se lancer dans des slaloms dont peu de joueurs ont le secret.

L’ancien élément du F.C. Caracas possède une conduite de balle de très haut niveau, digne des plus grands meneurs de jeu de la planète foot. Il anticipe l’intervention du joueur adverse grâce à une fluidité phénoménale dans les gestes. Le cuir lui colle littéralement au pied et il évite les tackles en s’appuyant sur une très grande vitesse d’exécution. Son excellente lecture du jeu lui permet d’anticiper les évènements.

Le Brugeois présente un volume de jeu des plus intéressants, principalement en possession de balle. Au départ de sa position axiale, il appelle vers les flancs pour se muer en véritable ailier de débordement. En soutien d’attaque, il profite du décrochage de l’avant de pointe pour solliciter le ballon en profondeur. Il se montre particulièrement dangereux dans cette situation grâce à son aptitude à plonger au bon moment, comme par exemple sur son deuxième but marqué contre le Standard le 31 octobre.

Le numéro 20 Blauw en Zwart est doté d’une excellente vitesse, que ce soit au démarrage ou sur 30-40 mètres. Cette qualité lui permet d’éviter le marquage adverse que ce soit en décrochage ou en rupture. Ses qualités techniques amplifient encore sa capacité à s’imposer dans le 1 contre 1.

Le Vénézuélien se montre très adroit dans le jeu de passes. Il s’appuie sur une excellente frappe de balle pour distiller des caviars en direction de ses compères offensifs. Toutefois, c’est de l’intérieur du pied qu’il se montre le plus précis et le plus efficace, et ceci du droit comme du gauche, qui est son deuxième pied.

A 24 ans, sa marge de progression est encore très grande, lui qui a découvert l’Europe il y a 2 ans à peine. C’est seulement cette année qu’il a réellement démontré ses qualités de finisseur, scorant plus depuis le mois d’août que durant ses 2 premières saisons.

Son jeu en déviation et ses contrôles orientés font partie de ses grandes spécialités. Il utilise toutes les surfaces (talonnades, ailes de pigeon, intérieur et extérieur du pied) pour surprendre ses opposants par des gestes plus imprévisibles les uns que les autres.

Malgré son mètre 74, il possède un jeu de tête plus que correct vu sa taille. Sa détente est phénoménale et son timing est d’un bon niveau. Tout le monde n’est pas capable de prendre le meilleur en duel aérien pur face à Joao Carlos (à qui il rend 15 centimètres) de Genk.

L’international vénézuélien reste, quoi qu’on en dise, un joueur fantasque. Il manque encore clairement de constance et ses coaches, que ce soit en sélection (7 caps) ou en club, ne lui accordent pas toujours une confiance aveugle. Sur les phases arrêtées, il ne reçoit pas les pleins pouvoirs malgré la qualité de ses frappes. Ses prestations présentent encore beaucoup trop de temps morts.

Ronald est un joueur qui recherche trop la passe décisive. C’est vrai qu’il est capable de donner de magnifiques assists mais il a tendance à vouloir à tout prix tenter le geste fou au détriment du rendement. Il va devoir, à l’avenir, trouver le juste équilibre entre créativité et efficacité.

Son jeu en perte de balle est déficient et il se contente de se repositionner derrière l’attaquant de pointe, en coupure d’angles. Son pressing est uniquement instinctif et ne tient quasiment pas compte du comportement de ses partenaires ni du fait qu’il est dépassé par le ballon. A ce moment, il s’arrête presque systématiquement.

Malgré sa détente et son timing, il utilise bien trop rarement son jeu de tête. Il adore pénétrer dans les 16 mètres en conduite de balle ou attendre pour gérer le deuxième ballon. Pourtant, il est capable de se montrer dangereux dans les airs en venant en course. Il ne le fait que trop rarement.

Le stratège flandrien doit encore améliorer sa force mentale. Il lui arrive de laisser tomber les bras quand il ne réussit pas ce qu’il entreprend et sa capacité à réagir est insuffisante. Il fait encore trop confiance à son talent alors qu’en définitive, il n’y a que le travail qui est vraiment rémunérateur.

Son rôle de joueur créatif le pousse à prendre des risques, ce qui l’amène parfois à faire preuve d’ excès d’individualisme. Il aime tellement le ballon, qu’il a parfois tendance à le porter exagérément. Dans les 30 derniers mètres, ce n’est pas trop grave mais, quand cela se produit dans des zones à risques et que le collectif en pâtit, c’est beaucoup plus irritant.

Ses 76 kilos (pour 1m74) font de lui un joueur au gabarit assez robuste. Malgré cela, il manque de force dans les duels. Sa façon  » aérienne  » de courir fait qu’il se fait facilement balancer par les charges rugueuses d’adversaires plus lourds que lui. Cela dit, il essaie d’éviter le face-à-face physique grâce à sa vitesse d’exécution.

PAR ÉTIENNE DELANGRE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire