Rolls Reus

Excellent techniquement, adroit du gauche comme du droit et aussi à l’aise dans l’axe que sur les côtés, le numéro 11 cartonne en Allemagne et attire les convoitises.

19 novembre 2011, le Borussia Mönchengladbach pulvérise le Werder Brême (5-0) dans son antre du Borussia Park. Les 54.000 spectateurs n’ont d’yeux que pour un homme, le numéro 11, auteur d’un triplé qui propulse Die Fohlen à la troisième place de la Bundesliga. Nuque longue à la Tony Vairelles portée fièrement, Marco Reus (22 ans) n’a pas un look de star et pourtant à Gladbach, c’est une idole.

Il faut dire que ses stats parlent pour lui. En 14 matches de championnat, l’avant a déjà claqué 10 goals et offert trois passes décisives à ses partenaires. Coéquipier de Filip Daems et de Dante, l’ex-Standardman, depuis plus de deux ans, il est chaque saison sacré meilleur buteur du club. Pourtant, c’est à l’autre Borussia qu’il était destiné.

En effet, Reusicky, comme l’a surnommé la presse allemande en référence à son idole Tomas Rosicky, est né à Dortmund le 31 mai 1989. Il plante ses premiers buts pour le compte du Post SV, un club local de Dortmund, avant d’être rapidement incorporé aux équipes de jeunes du grand Borussia, vainqueur de la Ligue des Champions 1997. Il fait toutes ses classes au BVB jusqu’en 2006, moment où les Borussen fort peu inspirés décident de se séparer de lui à cause de son manque de  » robustesse « . Certains doivent encore s’en mordre les doigts.

Pas abattu, le jeune Reus qui n’a que 17 piges plie bagages et se retrouve au Rot-Weiss Ahlen où il ne fait que quelques apparitions (6) avec l’équipe B, en Regionalliga. Loin de s’imposer immédiatement à ce niveau, Marco se contente des équipes de jeunes pendant deux saisons encore en compagnie de son pote Kevin Grosskeurtz, aujourd’hui de retour à Dortmund.

Le sauveur et les rendez-vous manqués

Mais à 19 ans, il devient pro et sa brillante fin de saison avec l’équipe B, le propulse en équipe A, remontée en entre-temps en 2e Bundesliga. Rapidement titulaire indiscutable, il contribue à la saison tranquille vécue par les promus qui finissent à la dixième place grâce notamment à 4 buts et 3 assists de leur jeune milieu offensif. Un bilan satisfaisant qui convainc les dirigeants de Gladbach de déposer, en 2009, un million d’euros sur la table pour s’offrir le joueur.

Le passage au plus haut niveau allemand ne pose aucun problème à Reus. Il devient immédiatement un pion incontournable du coach, Michaël Frontzeck. Le 29 novembre 2009, il s’offre le luxe de marquer son premier but en Bundesliga en dribblant la moitié de l’équipe de Mainz. Il ne rate finalement qu’un match de cette première saison, inscrit 8 buts et est sélectionné pour la première fois en équipe nationale Espoir. L’année suivante est plus compliquées pour les Fohlen. 16es, ils ne se sauvent qu’à l’occasion des test-matchs contre le VFL Bochum. Mais Reus fait mieux que tirer son épingle du jeu. Il fait trembler les filets 10 fois et inscrit surtout le but égalisateur lors du retour des matches de barrages, synonyme de maintien pour Mönchengladbach.

Des faits d’armes qui n’échappent pas au sélectionneur national, Joachim Löw. L’homme tient Reus en haute estime. Dès 2010, il le reprend dans sa liste mais le joueur doit décliner l’invitation à cause d’une blessure à la cuisse. La suite n’est qu’une succession de rendez-vous manqués : à trois autres occasions, Reus fait partie des heureux élus mais ne peut honorer sa sélection pour causes de bobos et maladies divers. Ce n’est finalement qu’en octobre dernier qu’il effectue sa première apparition sous le maillot de la Mannschaft lors des qualifications pour l’Euro 2012 en Turquie.

Man City, Juve, Bayern et Arsenal

Et les performances n’ont pas baissé depuis le début de l’actuelle saison, bien au contraire. Gladbach est LA révélation du moment et Reus en est le porte-drapeau. Vainqueur du Bayern lors du match d’ouverture, l’équipe a continué sur sa lancée pour se retrouver en tête du classement au terme de la 14e journée. Déjà auteur d’un triplé et de trois doublés, Reus ne laisse pas indifférent les recruteurs. Pour Mike Rigg, scout de Manchester City, il est  » l’un des joueurs les plus talentueux d’Allemagne « . Mais les Citizens ne sont pas les seuls sur le coup : la Juventus, Arsenal et bien évidemment le Bayern Munich se sont montrés intéressés. Cela dit, le coach Lucien Favre et les dirigeants de Gladbach sont bien décidés à conserver leur  » Rolls Reus  » jusqu’au terme de la saison : sa tête a été mise à prix pour 18 millions, soit 18 fois plus que le montant déboursé par le Borussia à son arrivée !

De son côté, le joueur ne se prend pas la tête. Pas question pour lui de se mettre la pression. La preuve, en novembre dernier lors du derby contre Cologne, avec son compère de l’attaque Mike Hanke, ils ont déterminé qui tirerait un coup franc bien placé en le jouant à… pierre-papier-ciseaux. Pour la petite histoire, la pierre de Reus a brisé les ciseaux de Hanke !

PAR JULES MONNIER – PHOTO: IMAGEGLOBE

Gladbach est LA révélation du moment et Reus en est le porte-drapeau.

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