ROGGE DÉFIE LE G14

On a compris dès son élection cet été à Moscou que le Dr. Jacques Rogge ne s’inscrirait pas dans la tradition de ses prédécesseurs à la tête du CIO. La meilleure preuve en est qu’il va s’installer au Village Olympique, au milieu des athlètes, et non plus dans la suite somptueuse d’un hôtel cinq étoiles lors des Jeux. La semaine dernière, il a encore assumé le rôle du chien dans un jeu de quilles.

Dans une interview accordée au quotidien sportif romain, Il Corriere dello Sport, il s’est érigé contre les compétitions élitaires comme l’Euroligue de basket ou les groupes de pression comme le G14 en football. Non sans raison, notre compatriote affirme que l’Euroligue et le G14 ne contribuent en rien au développement de la base du sport et que leur vision égoïste ne tend qu’à miner l’autorité et les compétences des fédérations. Si le G14 n’est toujours pas parvenu à imposer ses vues d’un championnat d’Europe élitaire concurrent des joutes de l’UEFA, l’Euroligue, elle, a mis sur pied depuis plusieurs saisons une compétition en porte-à-faux avec la FIBA.

Samedi dernier, Jacques Rogge a dégagé quelques heures de son agenda pour remettre le Vlaamse Reus (le prix de la presse sportive flamande) à Lei Clijsters, qui représentait sa fille Kim, au repos en Australie, au terme de sa longue saison. C’est la deuxième fois d’affilée qu’elle a reçu ce trophée.

Jacques Rogge, pas du tout surpris de l’émoi suscité par son interview dans le monde du sport, nous a confié avoir reçu les félicitations de Boris Stankovic, le président de la FIBA, et du duo Gerd AignerLennart Johansson, qu’il doit d’ailleurs incessamment rencontrer. Il n’avait pas encore entendu de réactions de l’Euroligue ou du G14. Si c’est le cas, il fera rapidement comprendre à leurs représentants qu’ils n’ont pas droit à la parole au sein de leurs fédérations respectives et que le CIO repoussera sans pitié leurs tentatives d’être acceptés comme -faux- partenaires.

Le G14 a très mal pris la déclaration de Jacques Rogge. Ce groupe, qui représente 14 grands clubs européens, a fêté son premier anniversaire officiel en novembre. Il est né à l’initiative de Lorenzo Sanz, l’ancien président du Real, il y a environ cinq ans. Il s’est implanté dans le quartier européen de Bruxelles. A sa tête, Thomas Kurth, l’ancien directeur des compétitions de l’UEFA, qui a quatre collaborateurs.

Les vrais patrons du G14 sont en fait quelques-uns des plus prestigieux représentants des clubs européens. Florentino Perez, le nouveau président du Real, Adriano Galliani, vice-président de l’AC Milan, et Karl-Heinz Rummenigge, le vice-président du Bayern qui est également la figure la plus médiatisée et la plus exigeante du club bavarois, aux côtés du président, Franz Beckenbauer, et du manager, Uli Hoeness. Là, les anciens grands footballeurs ont les rênes en mains. Nous avons rencontré Rummenigge à Nantes la semaine dernière. Il y a répété les exigences de son groupe de lobbying. Il veut diminuer de moitié le nombre de participants à la Ligue des Champions et à la Coupe UEFA, qu’il considère comme la Coupe des losers, les perdants. Il veut remodeler ces compétitions en championnats de D1 et de D2. On les disputerait respectivement le mercredi et le mardi, pour laisser la fin de la semaine aux championnats nationaux.

Le G14 désire également que les matches de Ligue des Champions débutent à 17 heures 30 en Europe du Nord et à 20 heures 30 h dans le Sud. Il veut aussi qu’on supprime le mode actuel de qualification en Amérique du Sud: celui-ci oblige les joueurs qui évoluent en Europe à effectuer la navette entre les continents 18 fois par an. Enfin, ils demandent la limitation du salaire des joueurs.

Une réunion entre le Dr. Jacques Rogge et Karl-Heinz Rummenigge serait extrêmement intéressante.

Mick Michels

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