ROGER-LA-HONTE SIGNE DES AUTOGRAPHES EN PRISON

Au c£ur des années 60, ce Robin-des-Bois du foot belge vit pied au plancher, fréquente régulièrement les cafés et restaurants du Carré, ce quartier chaud et festif du c£ur de Liège, très apprécié par tous les noctambules. Il ne supporte pas bien la boisson, est saoul après trois verres de bière mais a besoin de camarades et d’admirateurs autour de lui. Il les trouve au coin des comptoirs de bistrots. Cultivé et polyglotte ( Roger Claessen parlait couramment français, néerlandais, allemand, anglais et  » latin « , ajoute son fils, Marc-Antoine), Claesen fait preuve d’une générosité sans borne. Il lui arrive d’offrir une partie de ses primes de victoire à un mendiant  » parce qu’il faisait faim dans sa vie « . D’autres en profitent et le plument. Grand amateur de voitures de sport, il collectionne des bolides : Ford, BMW, mais sa préférence va vers Alfa Roméo. Claessen crashe quelques belles italiennes, que ce soit en négligeant une plaque de verglas à Riemst (trois semaines d’hôpital en 1962), en ratant un virage à Ouffet. Un de ses amis le retrouve inanimé sur la route ; il est passé à deux doigts de la mort.

Ses frasques l’emmènent de temps en temps au cachot durant son service militaire. Il fait aussi connaissance avec la prison de Liège. La première fois, un verre dans le nez, il percute une voiture mal stationnée. Pas de chance, c’est celle d’un commissaire de police et cela se termine par huit jours de taule. En 1968, il emprunte un sens interdit sous le regard des hommes de l’ordre. Claessen a arrosé plus que de coutume un grand match européen contre l’AC Milan : arrestation, refus de la prise de sang, menottes, cinq jours sous les verrous qui le privent du derby liégeois et de Belgique-Allemagne. En prison, il est accueilli par une chorale improvisée :  » Allez Standard, allez Standard « .

Claessen passe ses journées à signer des autographes pour les gardiens et les prisonniers, parmi lesquels il y a des assassins, dont le célèbre Roger Champenois, ce bûcheron ardennais surnommé l’ Homme des Bois, accusé du meurtre de sa femme, la Dame en Noir, dont on ne retrouva jamais le corps. Champenois raconte peut-être à Claessen comment il a échappé durant 10 jours à la gendarmerie en se cachant dans les profondeurs de la forêt ardennaise qu’il connaît comme personne. Ce deuxième séjour à la prison de Saint-Léonard, pas très propre, et où on rencontre toutes les faunes de la société, l’a beaucoup impressionné.

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