Rodrigo Beenkens :la passion n’a pas pris une ride

Thomas Bricmont

Près de vingt ans dans le service public et aujourd’hui secrétaire de rédaction pour le football et le cyclisme, Rodrigo Beenkens a la minutie en lui.

Vous avez remporté le prix de meilleur journaliste sportif télé au dernier Moustique d’or. On imagine que cela doit flatter l’ego ?

Ce n’est pas une question d’ego. C’est la deuxième fois d’affilée que je remporte la distinction et celle-ci m’a particulièrement touché. Les téléspectateurs ont voulu privilégier le fond sur la forme, vu que je n’ai pas une visibilité tellement importante. Surtout si l’on me compare avec d’autres vainqueurs comme Jean-Michel Zecca ou Anne Delvaux, tous deux présentateurs.

Votre fonction de responsable foot vous oblige à davantage d’attention pour ce sport. Au détriment du cyclisme ?

Je ne peux plus être à 100 % braqué sur le cyclisme. De toute façon, Laurent Bruwier me supplée parfaitement. De plus, et contrairement au foot où on est plus dans l’immédiateté, une classique comme Paris-Roubaix, cela se prépare des mois à l’avance. Heureusement, je suis un malade de travail, je lis tout et essaye d’obtenir un maximum d’infos. Par exemple, en rentrant de l’Enfer du Nord, je me suis jeté sur les vidéos d’émissions flamandes et étrangères que j’avais enregistrées.

Au vu du succès populaire de Stéphane Pauwels ou de certains talk-show en France (on a tout essayé, le fou du roi, etc), on semble de plus en plus faire place aux chroniqueurs. Est-ce un danger pour le travail journalistique ?

Je ne crois pas que l’on doit aller nécessairement dans ce sens-là. Si c’est pour faire comme les autres, c’est déjà perdu. Être à la mode, c’est pour moi mauvais signe. Ce n’est pas pour autant que l’on n’a pas besoin de chroniqueurs ou de consultants comme Benoît Thans qui apportent un certain crédit. Que du contraire.

Et la venue d’ex-sportifs (Johan Walem ou Bertrand Crasson), où la frontière avec la fonction de journaliste est plutôt ténue ?

A partir du slogan Rendez le foot aux footeux, j’avais écrit, laissez le journalisme aux journalistes. Mais je n’ai aucun problème avec ça. Selon moi, un ancien footballeur qui veut se lancer dans ce métier, démarre simplement avec des atouts différents que quelqu’un sorti des études. On stigmatise trop souvent le sport. Regardez en politique, il y a des personnalités qui débarquent sans aucun antécédent. On est parfois très et trop dur avec le sport alors qu’il arrive parfois à fédérer les peuples et véhiculer un message de paix, comme durant la dernière Coupe du Monde, par exemple.

THOMAS BRICMONT

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