RIVER PLATE – BOCA JUNIORS

Vingt clubs disputent le championnat d’Argentine. Et comme une bonne moitié sont établis dans des quartiers de Buenos Aires, la capitale, les derbies ne manquent pas. Pour certains, il faut donc faire usage de superlatifs. Dans le cas du mythique Boca-River, comme dimanche prochain, on ne parle plus de clasico mais de super-clasico. Pour les supporters des deux clubs, c’est le match de la mort. Parfois au sens propre.

Cette année, ce duel fête ses cent ans. La première rencontre à enjeu s’est déroulée le 24 août 1913, sur le terrain du Racing. River l’avait emporté 2-1. Boca Juniors, le club des pauvres, est resté fidèle à ses racines. Son stade, la Bombonera, est situé près du Caminito, un endroit touristique où les maisons sont colorées et où on danse le tango dans les rues mais qui, pour le reste, n’a rien d’idyllique avec ses rues étroites et ses conditions de vie difficiles. River Plate, surnommé Los Millionarios, est établi à l’autre bout de la ville, dans un quartier chic aux larges avenues.

Le ton fut donné dès le premier duel : après vingt-cinq minutes en deuxième mi-temps, les joueurs abandonnèrent le ballon pour se taper dessus et la bagarre s’étendit aux tribunes. A Buenos Aires, le foot, c’est l’émotion, le feu. Le derby River – Boca le plus sanglant eut lieu le 8 juin 1968. Le match se termina sur un score vierge et ne serait pas entré dans l’histoire si une tragédie ne s’était produite après la partie. Alors que les supporters visiteurs voulaient quitter le stade, les portes étaient toujours fermées. On a longtemps affirmé que c’est la police qui en avait donné l’ordre mais, d’un point de vue juridique, la lumière n’a jamais été faite sur cette histoire qui, suite à la cohue, causa la mort de 71 personnes.

D’un point de vue sportif, et si l’on ne tient compte que des derbies, Boca, le club de coeur de Diego Maradona, compte plusieurs longueurs d’avance sur son rival. En championnat, au cours des dernières années, les deux clubs ont cependant dû se contenter de rôles dans l’ombre de Velez (Buenos Aires), Newell’s (Rosario), Estudiantes (La Plata) ou Godoy Cruz (Mendoza). Voici peu, River est même redescendu en D2, ce qui ne l’a pas empêché de disputer des matches amicaux face à Boca.

Car une saison sans derby Boca – River est impensable, même si un match amical n’engendre évidemment pas la même émotion qu’un vrai super-clasico. Celui de dimanche, le 201e de l’histoire, se jouera sans supporters visiteurs. Une mesure prise cet été par le gouvernement pour enrayer la violence dans les stades et que les clubs tentent actuellement de faire supprimer.

PAR PETER T’KINT

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