» Rien n’était plus beau que Santos « 

 » Est-ce que j’aurai la chance de recevoir un jour Cristiano Ronaldo chez moi, rue de Formanoir ? Cela relèverait bien sûr du conte de fées. J’apprécie la star du Real Madrid mais elle a tant d’autres obligations. Au début des années 60, Pelé était encore plus célèbre et plus adoré que lui, ce qui n’est pas peu dire. Et son club, Santos, dominait le monde du football de la tête et des pieds. Santos collectionnait les titres, les coupes du Brésil, les Copa Libertadores. En 1962, Santos remporta la première de ses deux Coupes intercontinentales face au grand Benfica des Eusebio, Simoes et Coluna : 3-2 au Maracana et 2-5 à Lisbonne. Ce triomphe au Portugal constitua le point d’orgue de l’histoire du club brésilien. Bien avant que Barcelone ou Manchester United ne commercialisent leur talent aux quatre coins du monde, Santos voyageait sur tous les continents. Rien n’était plus beau que Santos. J’ai eu le bonheur, l’honneur même, de le rencontrer plusieurs fois à Anderlecht et au célèbre Tournoi de Paris.

Chez nous, c’était bourré à craquer car le spectacle était fabuleux. Santos jouait vite mais court en s’appuyant sur des techniciens hors pair. Personne ne catapultait un ballon vers l’avant sans réfléchir. On se donnait à fond mais pas question bien sûr de tacler Pelé. Personne n’aurait supporté l’idée de le blesser. Et Pelé ne touchait personne, évidemment. Il est même venu un jour à une séance de dédicaces dans mon magasin de sports : la file de ses admirateurs s’étirait jusqu’à la Place de la Vaillance. En 1986, j’ai eu l’occasion de partager un repas avec lui lors de la Coupe du Monde. Il fut la grande star de Santos mais on ne peut pas oublier les autres vedettes de cette équipe : Carlos Alberto, Gilmar, Clodoaldo, Edu, etc. Avec le Botafogo des Garrincha, Didi et Nilton Santos, le club de Pelé était un grand fournisseur de l’équipe nationale du Brésil.

Ces gens-là étaient des seigneurs, des artistes qui s’amusaient, riaient, offraient leur football à de stades conquis. Santos a été trois fois champion du Brésil (1968, 2002 et 2004) mais cette institution est rentrée dans le rang sur ses terres malgré les efforts en leur temps de vedettes comme Robinho, Diego ou Alex, et éprouve désormais toutes les peines du monde à tenir son rang au top du football national. Je suis un inconditionnel du foot brésilien et j’ai eu la chance à Seraing de coacher des artistes de ce pays : Wamberto, Isaias, Edmilson, etc. Je n’oublierai jamais leur talent, leur bonheur sur un terrain. Et, quelque part, ce sont tous des fils de Pelé et de Santos.  »

né en 1941, heylens fut un excellent back droit (67x diable rouge, équipe d’europe 65, mondial 70 au mexique, 7 titres et 3 coupes de belgique avec anderlecht). coacha une douzaine de clubs (passa 5 ans au losc et fut coach belge 1984 à seraing)

propos recueillis par pierre bilic

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