RIEN N’EST RÉGLÉ

Le bilan de 2 points sur 15 réalisé par Charleroi depuis le départ du T1 de Beersel constitue un échec cuisant pour Mogi Bayat.

Les Carolos sont revenus du Kiel avec une unité dans leur escarcelle mais cette bonne affaire, réalisée sur les terres d’une équipe en vue, ne leur rapporte pas grand-chose au classement général. On peut même affirmer que leur situation d’ensemble se détériore car Lokeren et Roulers, ses poursuivants, ont dévalisé la banque à Mouscron et au Standard. Ils se rapprochent donc des Hennuyers qui recevront les Rouches lors de la prochaine journée de championnat.

Il s’agira, personne n’en doute, d’un véritable match à six points pour ces deux fleurons malades du football malade. Ce sera un test important pour Tommy Craig dont la qualité du travail est évidente. Mais si quelqu’un aurait aimé diriger des corsaires du Pays de Charleroi lancés à l’assaut du navire des champions de Belgique, c’est bien Stéphane Demol. Mais où en est-il un bon mois après avoir claqué la porte des Zèbres ? Y a-t-il une autre vérité derrière celles que se sont glissées entre les silences de la direction et de l’ancien entraîneur du stade du Pays de Charleroi ?

Personne ne veut commettre d’impair avant de se retrouver devant Monsieur le juge. Un mot mal contrôlé peut donner une autre dimension à ce qui été écrit, ou pas, dans un contrat. Or, il reste un différend portant sur plus d’une demi-saison. Qui payera une indemnité de six mois de salaire ? Qui pourra attaquer l’autre partie pour propos diffamatoires ? Chacun fourbit ses armes avec une prudence de Sioux.

Cette affaire a en tout cas sérieusement ébranlé le peu de crédit dont bénéficie encore Mogi Bayat : ses colères ont épuisé une partie de l’effectif et de l’ancien staff technique. Si le dernier vernis s’est craquelé dans son chef, ne peut-on pas en dire autant pour Demol ? Que reste-t-il de l’image publique de ce formidable battant, de cette magie qui en 1986 lui avait permis d’offrir le but du titre à Anderlecht (test matches : 1-1 à Bruxelles, 2-2 à Bruges), avant de devenir un des princes belges du Mundial mexicain ? L’artiste et le bon vivant de Beersel se sont-ils ils perdus au fil des années dans la griserie du succès et d’une personnalité peu commune ?

La rumeur a accompli sa basse besogne depuis le divorce entre Demol et Mogi Bayat. Soigneusement entretenue par des vents inconnus, ou par des joueurs ne figurant pas dans ses priorités, elle a certainement peiné le costaud de la vallée de la Senne. Ce fut le cas après l’interview qu’ Adlène Guédioura a réservé à notre magazine. En grattant un peu, on peut apprendre que sa décision de quitter le navire était déjà prise quelques semaines avant le voyage à Mouscron.

Ce n’était plus qu’une question de temps, rythmé par les incursions violentes du petit Bayat dans le vestiaire du coach. Comme le jour où Mogi Bayat et Michel De Wolf faillirent en venir aux mains dans un déluge de bruits, de menaces et gros mots. Le but de cette dispute volontairement rageuse consistait-elle à prouver au vestiaire, qui avait sûrement l’oreille collée au mur, que la direction était seule maîtresse à bord ? L’effectif pouvait-il encore croire à la crédibilité du staff après de telles tempêtes ?

Il nous revient, aussi, que les collaborateurs du T1 avaient été étonnés par son manque de réaction lors de la prise de bec entre Bayat et De Wolf. Cela annonçait déjà le départ de ce dernier (qui survint finalement après celui de Demol). Et d’aucuns affirment que l’attitude du petit patron finira par épuiser Mario Notaro et Raymond Mommens, pourtant tellement attachés au club. Le ver était-il dans le fruit, la confiance rompue, le divorce Demol-Mogi Bayat en vue bien avant la visite aux Hurlus ? On peut le penser…

Bulletin de santé rassurant

A Charleroi, des relais pas toujours indépendants ont contrebalancé cette hypothèse en faisant état des problèmes de santé de Demol. D’après nos renseignements, un examen médical aurait révélé la présence de polypes dans les voies digestives du coach brabançon. Le mal aurait été directement attaqué à la racine. Malgré les inquiétudes, il s’agissait d’une intervention bénigne qui demandera d’autres contrôles de routine plus tard mais pas question de cancer comme on le racontait sous cape. Demol serait aussi sous médicaments pour un souci à l’estomac en voie de guérison. Le bulletin de santé serait donc rassurant.

Mais quand on en arrive à casser la porcelaine lors d’un divorce, cela peut aller loin. Demol est un ogre qui aime prendre du plaisir. Au Standard, en tant que joueur ou T2, Demol n’était jamais le dernier à tendre son verre quand sautaient les bouchons de bonnes bouteilles de champagne.

Il n’a jamais caché son côté bon vivant mais la machine à décrédibiliser a abondamment utilisé ses excès d’autrefois. Demol s’est souvent élevé contre les cancans qui collaient son nez dans une mousse. En vain et le demi qu’il dégustait après un entraînement, avec la presse ou pas, au vu de tous, était transformé par les médisants en bacs ou en tonneaux.

A l’avenir, il s’agira pour lui d’être moins voyant. De même, il a démenti tout souci de vie de famille. En tout état de cause, et si on en croit ceux qui ont apprécié son passage à Charleroi, la raison profonde résiderait bien dans ses relations catastrophiques avec Mogi Bayat. Demol ne pouvait plus le voir en peinture, dit-on. Ces deux-là ne se serreront plus jamais la main et, ne raconte-t-on pas, que Mogi Bayat aurait juré que Demol payerait tout cela très cher.

Aujourd’hui, Demol ne regretterait toujours pas sa décision d’avoir tourné les talons. Selon toutes vraisemblances, il aurait souhaité attendre deux ou trois semaines avant une rupture inéluctable, mais les tensions internes étaient trop grandes, intenables dit-on. Demol aurait cependant aimé prendre congé du groupe et même d’ Abbas Bayat dans d’autres circonstances et d’une façon plus élégante.

A des proches, et via de courtes réactions dans la presse, il a souhaité bonne chance à son ancien effectif. Demol et Abbas Bayat s’entendaient assez bien. En été, le président carolo ne s’était-il pas déclaré séduit par la personnalité de ce polyglotte dont les enfants faisaient de brillantes études ? Demol n’a jamais critiqué le patron des Zèbres dont il apprécie les idées. Il garderait par ailleurs d’excellentes relations avec plus d’un joueur de Charleroi et cette mésaventure n’aurait nullement douché ses ambitions de coach. Après le divorce avec Charleroi, Demol se serait accordé un peu de repos en famille, le temps de recharger ses accus.

Selon certaines sources, il aurait tourné la page en s’adonnant à un de ses hobbys préférés : la cuisine. Demol serait un as des fourneaux et il aurait découvert l’art de la table lors de son passage à Bologne avant de le perfectionner à Toulouse. Il serait un assidu de toutes les émissions de gastronomie dans toutes les langues dont celle de Jamie Oliver. Le monde du football ne l’a évidemment pas oublié. En déployant nos antennes, nous avons appris que Mons s’intéresse à lui,… même si Alain Lommers dément cette rumeur. Les Dragons feront confiance jusqu’à la fin du premier tour à Geert Broeckaert. Ce dernier a succédé à Rudy Cossey avec un certain bonheur mais ne souhaiterait pas rester trop longtemps T1.

Trois noms étaient récemment avancés pour relever le défi : Enzo Scifo, Demol et Albert Cartier. En fin de semaine passée, Demol tenait la corde auprès de personnes influentes au stade Tondreau. Il serait décidé à entraîner un club le plus vite possible afin de redorer son blason.

Eternel pigeon voyageur ?

Demol sera aussi occasionnellement un des consultants de la VRT où il croiserait des personnalités généralement bien informées de tout ce qui ce dit dans les clubs, donc à Charleroi aussi. C’est ainsi qu’il aurait noté des cancans en provenance du Mambourg, pense-t-on. Des dirigeants en vue lui auraient répété des propos tenus en public par une huile du Sporting. Il y a des paroles prononcées à l’Union belge ou ailleurs qui ne seraient pas perdues pour tout le monde. Sa démission du 31 octobre dernier n’est pas passée inaperçue à l’étranger, surtout dans les pays où il a entraîné. Avant de prendre Charleroi en mains, Demol avait oeuvré à Ethnikos Achna, un club de Chypre. C’est dès lors de cette partie du monde que lui seraient parvenues des offres intéressantes : Chypre, Rhodes, Grèce, Israël, etc.

Du côté des agents de joueurs, nous avons appris que Demol s’est déjà rendu en Grèce et à Chypre. Il pouvait déjà commencer à entraîner un club chypriote (Nea Salamis, AEK Larnaca ?) mais ces deux clubs ne cadraient alors pas avec ses ambitions. Il aurait hésité en notant une offre de Rhodes. Un autre coach en a profité pour prendre la place. En fin de semaine passée, son nom circulait en Israël, un pays qui devrait convenir à cet aventurier du ballon rond. Lui, il avait choisi Charleroi pour se rapprocher de sa famille. Cela n’a pas duré longtemps.

En tant que joueur, Demol a connu douze clubs et six pays. Même si c’est une richesse, une plus longue présence dans un club lui aurait certainement permis d’enrichir un palmarès pourtant intéressant. De même, il a déjà coaché neuf clubs (dont une saison comme T2 au Standard) et a été l’adjoint de René Vandereycken chez les Diables Rouges. A 43 ans, il est grand temps pour lui d’enfin découvrir le long terme sous peine d’être un éternel pigeon voyageur.

par pierre bilic

Demol ne savait plus voir Mogi Bayat en peinture.

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