Rien d’un CHARLOT

Le jeune arrière droit est parfois la tête de turc des supporters hurlus. Pourtant, s’il joue, c’est qu’il a des qualités.

Il n’est pas le plus populaire, ni le plus médiatisé des joueurs mouscronnois. Il est même parfois la tête de turc de certains supporters, qui n’hésitent pas à le chambrer. Gentiment, bien sûr, car au Canonnier, on n’a pas l’habitude de s’acharner sur ses propres joueurs. Mais tout de même : contre Lokeren, JeanPhilippeCharlet (23 ans) a dû entendre quelques sarcasmes qui venaient des tribunes. A la moindre mauvaise passe, c’était : – EncoreCharlet, évidemment !

 » Je dois reconnaître que je n’étais pas bon ce soir-là « , avoue l’intéressé.  » Je n’avais pas de bonnes sensations, c’est difficile d’expliquer pourquoi. J’avais beau essayer, je ne parvenais pas à réussir une relance valable. Je me suis alors concentré sur ma tâche défensive et à ce niveau-là, je pense ne rien avoir à me reprocher. Il fut un temps où les remarques des supporters me perturbaient. Aujourd’hui, j’ai appris à passer au-dessus de tout cela. Je n’y prête plus attention. Les supporters sont versatiles. Lorsqu’on adresse une mauvaise passe, on a l’impression d’être un moins que rien. Mais au premier assist, on est porté aux nues. Je suis conscient de ne pas être le joueur le plus apprécié, mais je ne peux rien y changer « .

Pourtant, si Jean-Philippe Charlet a joué une majorité de matches cette saison, c’est parce qu’il a des qualités. La vitesse, notamment. Un exemple : lors du déplacement à Lokeren, comptant pour la cinquième journée de championnat, KoenDeVleeschauwer se trouvait en difficulté à l’arrière droit face à l’Islandais MarelBaldvinsson. Après 20 minutes de jeu, Philippe Saint-Jean décida d’intervertir les positions et de faire descendre Jean-Philippe, milieu droit au départ, au poste de back. A partir de là, la défense se trouva plus sécurisée.  » La vitesse est effectivement l’une de mes qualités « , concède l’intéressé.  » Et, défensivement, je pense me débrouiller. En tout cas, je me donne toujours à fond « .

Charlet possède une bonne qualité de centre, aussi. Depuis le départ de ChristopheGrégoire, c’est lui qui donne les coups francs lointains ou excentrés et les corners du côté gauche. Cela paie : à Saint-Trond, récemment, il avait donné le corner qui avait permis à MarcinZewlakow d’ouvrir la marque.  » Je suis capable de donner un bon ballon tendu, comme l’entraîneur le demande. On travaille généralement les phases arrêtées à l’entraînement, la veille du match, mais chez moi, c’est un geste naturel. Sur un coup franc ou un corner, on est seul, sans un adversaire pour vous gêner, et le ballon est arrêté : en principe, on n’a aucune excuse si on loupe le geste « .

S’il est droitier, Charlet est capable de jouer des deux pieds.  » Je suis meilleur du droit, forcément, mais mon gauche ne me sert pas uniquement à monter dans le bus. J’ai toujours eu une bonne passe des deux pieds, c’était déjà le cas chez les jeunes « .

Et il est polyvalent : il a commencé la saison comme milieu droit, l’a poursuivi comme arrière droit et a quelques fois rempli le rôle de milieu défensif également. Ce fut le cas à Saint-Trond et encore samedi dernier contre La Louvière, en l’absence de PatriceNoukeu, suspendu. Vers quel poste vont ses préférences personnelles ?  » Je joue là où le coach me demande de jouer « , rétorque-t-il.  » Mais j’aime bien ce poste de milieu défensif. J’apprécie de jouer devant la défense, d’être toujours en mouvement, d’aller au duel, de contrer l’adversaire. Et, pour la relance, on a plus de possibilités. On peut adresser des passes dans toutes les directions : vers la gauche, vers la droite, vers l’avant. Alors que sur le flanc, on est bloqué d’un côté par la ligne de touche : on ne peut aller que devant soi, ou vers l’intérieur du terrain « .

Chaque erreur se paie cash

Bien sûr, Jean-Philippe a aussi des défauts. Comme tout le monde, dira- t-on. On lui reproche notamment des pertes fréquentes de concentration.  » A raison. C’est un aspect que je dois gommer de mon jeu. J’ignore à quoi c’est dû « , reconnaît-il. Pour son malheur, ses erreurs se sont souvent payées cash.

Tout s’était pourtant bien passé, cette saison-ci, jusqu’au déplacement au Tivoli, lors de la sixième journée : une faute commise à l’abord du rectangle a offert un bon coup franc aux Loups que MarioEspartero s’est empressé de convertir.

Re-belote, une semaine plus tard, contre La Gantoise : une passe latérale en milieu de terrain a mis SamirBeloufa en difficulté. Le Franco-Algérien a glissé et les Buffalos ont inscrit le but de la victoire sur l’interception qui a suivi.

 » D’accord, c’étaient autant d’erreurs de ma part « , reconnaît Charlet.  » Mais, si Espartero n’avait pas converti le coup franc, on n’en aurait pas parlé. Et si Beloufa n’avait pas glissé, La Gantoise n’aurait jamais marqué « .

Son coach l’exhorte, dès lors, à éviter de commettre des fautes inutiles.  » Il a sans doute raison. Je suis assez sec au contact, et parfois, je devrais plus temporiser. Mais je suis un joueur impulsif, et si je reste en dedans de mon action, je perds une partie de mes qualités « .

Il serait, aussi, trop dispersé en dehors du terrain ?  » Lorsque je quitte le stade, j’aime effectivement me changer les idées. J’ai besoin de décompresser, mais je ne fais rien d’extraordinaire : soit je reste chez moi avec ma copine, soit je vais retrouver des amis. De là à dire que je ne vis pas pour le football, il y a un pas. Le football est toute ma vie, j’en rêvais lorsque j’étais petit « .

Quatre entraîneurs différents

Originaire de Wasmes, près de Mons, Jean-Philippe Charlet a joué successivement dans cette localité, aux Francs Borains et au Standard ( » une saison en Cadets Nationaux, où j’ai côtoyé JonathanWalasiak, originaire de Tertre à dix kilomètres de chez moi  » ) avant d’atterrir à Mouscron.

Il a commencé en D1 en fin de saison 2001-2002, sous la houlette de HugoBroos.  » AlexTeklak et OlivierBesengez étaient blessés, et l’ancien entraîneur d’Anderlecht m’avait accordé une chance à l’arrière droit, puis en défense centrale « , se souvient-il.  » J’ai joué les trois derniers matches : à Genk, contre le Lierse et à Bruges. On n’oublie jamais ses débuts, et ces matches-là me resteront toujours en mémoire « .

Il poursuivit sur sa lancée avec LorenzoStaelens. Rajeunissement oblige, il joua beaucoup durant cette période et forma la paire d’arrières latéraux avec FilstonMonguN’Koy, aujourd’hui à Courtrai.  » Malgré tout, des blessures m’ont perturbé : d’abord une grosse entorse, puis une élongation « .

On a parfois eu l’impression que Jean-Philippe Charlet avait un peu disparu de la circulation avec l’arrivée de GeorgesLeekens, mais c’est faux. Les chiffres en attestent.  » J’ai joué tout le premier tour, généralement en position d’arrière droit, mais je me suis ensuite blessé et je n’ai plus joué qu’un ou deux match lors du deuxième tour. Staelens et Leekens étaient deux entraîneurs totalement différents. Le premier était un jeune entraîneur qui débutait. Le second était beaucoup plus sévère. Il insistait énormément sur les duels « .

Mais c’est actuellement sous la houlette de Philippe Saint-Jean, qu’il avait connu jadis au Futurosport, qu’il dispute sa meilleure saison.  » En tout cas, j’ai beaucoup joué cette saison. Et, touchons du bois : je n’ai pas encore été blessé. Par rapport à Georges Leekens, c’est encore un style très différent. Beaucoup plus tactique : on insiste sur les ouvertures, sur les deux contre un. Je ne sais pas si le fait d’avoir connu Philippe Saint-Jean en jeunes m’a aidé. Il connaît mes qualités, c’est sûr, mais lorsqu’un nouvel entraîneur arrive, il a tendance à mettre tous les joueurs du noyau sur un pied d’égalité au départ. Après, c’est au joueur qu’il incombe de gagner sa place. Jusqu’à présent, Philippe Saint-Jean m’a souvent fait confiance et je ne vais évidemment pas m’en plaindre. J’ai connu des hauts et des bas cette saison. Je me suis retrouvé dans le creux de la vague lorsque l’équipe a commencé à perdre des matches. Chaque fois que je commettais une erreur, même en milieu de terrain, on encaissait. J’ai fortement culpabilisé. Je n’en donnais pas toujours l’impression, car je n’ai pas l’habitude d’extérioriser mes sentiments, pourtant au fond de moi-même, je m’en voulais. Peut-être aurais-je dû le montrer, mais mon caractère est ainsi fait que je garde tout pour moi. Je pars du principe que mes soucis ne regardent que moi et que je suis assez grand pour m’en sortir tout seul. Aujourd’hui, je n’y pense plus. D’une certaine manière, c’est peut-être une bonne chose d’avoir traversé une période difficile, car elle m’a appris à relativiser. Désormais, je me pose moins de questions. Si je réussis ma passe, tant mieux. Si je la rate, tant pis. Cela ne sert à rien d’y repenser sans cesse, il faut continuer à jouer. Sous cet aspect-là, j’ai sans doute franchi un cap « .

A part cela, a-t-il changé depuis ses débuts en D1, il y a trois ans ?  » J’ai acquis de l’expérience. J’ai progressé dans mon jeu aussi, et je crois que je progresserais encore davantage si je continuais à jouer au milieu défensif. En début de saison, lorsque SteveDugardein est parti, l’entraîneur avait le choix entre Patrice Noukeu et moi pour le remplacer. Patrice s’est imposé à cette place, et comme l’équipe avait besoin d’un back droit, j’y ai été aligné. Mais cela me fait plaisir de retrouver l’entrejeu, de temps en temps « .

Comme beaucoup d’autres joueurs mouscronnois, Jean-Philippe Charlet arrive en fin de contrat.  » Et, comme les autres, je suis dans l’attente d’une éventuelle proposition. J’aimerais surtout rester en D1. A Mouscron ou ailleurs « .

Daniel Devos

Comme beaucoup d’autres joueurs mouscronnois, CHARLET ARRIVE EN FIN DE CONTRAT

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