Rien à envier à Suarez…

L’Ukrainien, prêté à Westerlo ces derniers mois, brigue à nouveau une place de titulaire la saison prochaine. A Anderlecht ou ailleurs.

De tous les joueurs qu’Anderlecht a loués cette saison ( Arnold Kruiswijk à Roda JC Kerkrade, Hernan Losada au SC Heerenveen, Reynaldo au Cercle Bruges, Sébastien Siani à Saint-Trond, Paul Taylor à Charleroi et Michaël Cordier chez les voisins de l’Olympic), Sasha Iakovenko est sans conteste celui qui a le plus tapé dans l’£il. Ses statistiques à Westerlo font état d’une dizaine de buts et d’autant d’assists. Pas mal pour l’Ukrainien qui, en une saison et demie au Sporting, avait dû se contenter d’une vingtaine d’apparitions en équipe première, agrémentées de deux petits buts à peine. Plus un autre, somptueux, inscrit au Bayern Munich. Ce qui peut quand même compter.

Jusqu’au début de cette saison, vous aviez toujours refusé d’être loué par Anderlecht, convaincu que vous y aviez le talent pour jouer en Première. Pourquoi avoir quand même opté pour Westerlo ?

Sasha Iakovenko : Les événements m’y avaient tout simplement forcé. A l’heure de reprendre le collier, je m’étais présenté au club avec une solide infection au niveau de la bouche et de l’£sophage. Elle avait nécessité une hospitalisation, où j’étais finalement resté durant une dizaine de jours. Nourri par Baxter uniquement, j’avais perdu six kilos. A ma sortie, j’étais à la fois affaibli et en retard conditionnel par rapport aux autres. Chacun sait que ce stade de la saison est important en vue d’une préparation optimale et j’avais décroché avant que les choses sérieuses ne débutent. Dans la mesure où je n’allais pas faire figure de priorité aux yeux de l’entraîneur, j’ai préféré écouter les conseils de la direction, qui préconisait un prêt. J’étais d’autant plus intéressé que quelques bons clubs s’étaient mis sur les rangs. Ce qui n’était pas à proprement parler le cas avec le FC Dender quelques mois plus tôt…

Qui étaient les candidats ?

Le Cercle Bruges, Zulte Waregem et Westerlo. Le hasard a voulu que j’aie été fixé dès mon premier entretien avec la direction campinoise. J’ai demandé au coach, Jan Ceulemans, s’il voyait en moi un titulaire indiscutable. Comme sa réponse était positive, je n’ai pas voulu chercher plus loin. L’important consistait à jouer, une garantie que je n’avais pas au Sporting. Avec le recul, je ne regrette pas la décision que j’ai prise. J’ai bel et bien obtenu le temps de jeu que j’espérais et je l’ai mis à profit en marquant et en délivrant des assists. A près de 23 ans, je suis à présent complètement requinqué. Cette campagne, que j’ai terminée en force, au même titre que l’équipe, m’a vraiment fait le plus grand bien. J’ai évacué mes frustrations des mois précédents et je suis prêt à relever un nouveau défi. A Anderlecht… ou ailleurs si l’on n’y est pas disposé à me garder.

 » Un public hostile me sublime « 

D’après les prévisionnistes, Westerlo était censé se qualifier pour les play-offs 1. C’est Zulte Waregem qui a finalement enlevé la palme. Frustrant ?

Non, car pour le même prix c’est nous qui aurions fort bien pu la décrocher. Chacun s’accordait à dire, l’été passé, que quatre équipes étaient quasi sûres de se retrouver à cet échelon : les trois ténors traditionnels que sont Anderlecht, le Club Bruges et le Standard, de même que La Gantoise. Pour les places 5 et 6, tout allait en principe se jouer entre Genk, Westerlo, le Germinal Beerschot, le Cercle Bruges et nous. La surprise est venue à la fois de Saint-Trond et, plus encore, de Courtrai, que personne ne prévoyait à cet échelon. En ce qui nous concerne, nous avons beaucoup joué de malchance avec des points bêtement perdus en fin de partie. Le club a aussi dû déplorer pas mal de blessés. Progressivement, tout le monde est revenu dans le parcours et ça nous a permis de terminer en force en arrachant la première place dans notre groupe au détriment du FC Malines.

Lors de ce match, vous aviez été chambré par le public local qui entonna à plusieurs reprises le refrain Iakovenko is a homo sur l’air de Seven Nation Army du groupe The White Stripes. Vous n’en aviez cure, manifestement ?

Au contraire, tout ça me sublime. Depuis que je joue au football, j’ai toujours eu affaire à des personnes désireuses de m’atteindre au moral. En Ukraine, les gens s’en prenaient à moi en disant que je n’arriverais jamais à la cheville de mon père. Des jaloux et des envieux, j’en ai connu à la pelle. Mais ça ne m’a jamais perturbé. J’ai toujours perçu leurs quolibets comme une invitation à me dépasser. Idem avec les adversaires, d’ailleurs. Plus ils m’envoient au sol, plus je me dis que je suis dans le bon. C’est peut-être la meilleure manière pour m’encourager. De ce point de vue, je ressemble peut-être à Olivier Deschacht. Lui aussi n’est jamais aussi transcendant que quand on le traite d’homo ( il rit).

Pas de regret d’avoir délaissé le Sporting la saison du 30e titre et celle aussi où pas mal de jeunes, paradoxalement, se sont affirmés, tels Cheikhou Kouyaté, Bouba Saré, Ondrej Mazuch, Matias Suarez ou Romelu Lukaku ?

C’est un concours de circonstances qui l’a voulu. Si Marcin Wasilewski et Jan Polak ne s’étaient pas blessés contre le Standard, on n’aurait sans doute pas encore parlé des deux premiers. Quant au dernier cité, il a profité des blessures de Nicolas Frutos et de Tom De Sutter pour grimper dans la hiérarchie, parce qu’il n’était que numéro trois en début de saison. Le seul finalement qui ne doit rien à personne, c’est Mazuch. Celui-là, après son retour d’Egypte, où il avait participé au Mondial des -20, s’est vraiment imposé de manière indiscutable. Ce qui ne peut être dit pour Suarez, désolé. Il avait peut-être épaté en début de saison mais il s’est complètement éteint par la suite avant de rebondir à nouveau en fin de campagne. Ce qu’il a réalisé, j’aurais pu le faire aussi. Je n’ai rien à lui envier…

 » Je ne me vois plus cirer le banc à Anderlecht « 

Vous aviez été loué pour une saison par Westerlo, sans option d’achat. Vous retournerez donc au Sporting dans quelques semaines. Pour y rester ?

A l’heure actuelle, je n’en sais encore rien. Je n’ai de toute façon pas eu de nouvelles jusqu’ici de la part du Sporting. Je pense que nous y verrons déjà plus clair à la mi-juin, puisque le club veut alors être fixé sur les intentions de Mbark Boussoufa et Jelle Van Damme. Si le Marocain part, Anderlecht voudra peut-être me garder. Dans le cas contraire, je ne sais pas ce que la direction entend faire. Une nouvelle location ne recueillerait pas vraiment mes faveurs. A mon âge, j’ai besoin de matches au top, plutôt que dans le subtop. Si c’est au Parc Astrid, tant mieux. Mais si on me chicane une nouvelle fois ma place, il faudra bien que j’aille ailleurs. Je ne me vois plus cirer le banc en tout cas. C’est maintenant ou jamais.

Ce n’est pas l’intérêt qui manque pour vous puisque bon nombre de clubs sont venus aux nouvelles. Il y a là toujours Zulte Waregem mais également Saint-Trond, le Club Bruges, Ajax et Hambourg.

La liste est plus fournie encore. Je crois dès lors que je ne devrai pas trop m’en faire concernant mon avenir. A choisir, j’aimerais évidemment me réaliser à Anderlecht. J’ai peut-être loupé une saison fantastique en 2009-10 mais il n’est pas interdit de penser que les Mauves récidiveront l’année prochaine. Non seulement sur la scène nationale mais peut-être aussi en compétition européenne. J’ai quand même été très impressionné par leur parcours en Europa League et par la qualité de leur jeu face à l’Athletic Bilbao notamment. Cette équipe-là, si elle conserve tout le monde, peut espérer signer un parcours intéressant en Ligue des Champions. Il me plairait d’en faire partie. Cet avenir-là me sera-t-il réservé ? Je n’en sais rien à l’heure actuelle. Mais je ne me tracasse pas car la saison que je viens de disputer plaide largement en ma faveur.

par bruno govers – photos: belga

Si Mbark Boussoufa part, Anderlecht voudra peut-être me garder…

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