Reyes de España

Champion dans tous les clubs où il a joué, l’ancien pivot de l’équipe nationale sait qu’il ne le deviendra jamais avec Gérone.

E ricStruelens (34 ans, 2m08) fut, jusqu’il y a peu de temps encore, le meilleur ambassadeur du basket belge à l’étranger. Au fil des saisons, il s’est bâti un palmarès impressionnant, remportant le titre de champion dans tous les clubs dont il a défendu les couleurs : Malines, Charleroi, Paris et Madrid. Aujourd’hui, ce n’est pas lui faire injure que d’affirmer que ses plus belles années sont derrière lui. Comme chez tout le monde, l’âge a produit son effet. Mais, comme on peut le lire sur le site de la LigaACB :  » Sans jouir de dons exceptionnels, il se maintient à un très bon niveau. Il lit très bien le jeu et est très attentif aux pénétrations adverses. Il est capable de s’éloigner de l’anneau pour tirer à mi-distance, mais c’est dans la raquette qu’il obtient son meilleur rendement. C’est un joueur spectaculaire, qui adore dunker lorsqu’il s’approche du panier « .

Gavy la Mouette

Après quatre saisons au sein du prestigieux Real Madrid, avec lequel il fêta le titre 1999-2000 sur le terrain du rival ancestral le FC Barcelone, Eric Struelens dispute actuellement sa deuxième saison au Casademont Gérone. Cette équipe catalane, dont la mascotte est une mouette dénommée Gavy, avait accédé à la D1 en 87-88 en profitant de l’élargissement de l’élite de 16 à 24 équipes et s’était maintenue l’année suivante malgré une avant-dernière place au classement grâce à la fusion entre Granollers et l’Espanyol. Elle n’est jamais redescendue depuis lors, mais n’a pas l’habitude de jouer les premiers rôles. Actuellement, elle occupe la quinzième place (sur 18 équipes). On pourrait penser qu’Eric Struelens goûte à une retraite dorée, à quelques centaines de mètres d’un terrain de golf et quelques dizaines de kilomètres de la Costa Brava, mais c’est mal connaître le gaillard. Il continue à jouer 20,9 minutes par match, avec une moyenne de 7,3 points (avec une pointe à 23) et 5,2 rebonds.

Et, lorsque l’entraîneur se met en tête d’engager un nouveau joueur qui évolue exactement sur sa position et qui lui chipe du temps de jeu, cela ne lui plaît pas. Il a toujours l’esprit d’un compétiteur :  » A quatre reprises, je n’ai joué que huit minutes par match. J’ai directement pris langue avec mes dirigeants, pour leur demander de me laisser partir durant le mercato. Entre-temps, un nouveau coach est arrivé : EduTorres, qui entraînait le Caprabo Lleida la saison dernière. Avec lui, je suis redevenu le premier choix sous l’anneau. Dès qu’il a repris l’équipe, j’ai rejoué 30 minutes par match. Mon concurrent a été déplacé à l’aile, à la position n°3. Il n’empêche : j’ai tout de même averti mon agent que je comptais terminer la saison ici, puis aller voir ailleurs « .

Passer du grand Real au petit Gérone, cela ne s’est pas fait sans mal pour Eric Struelens.  » Je n’ai jamais eu l’habitude de regarder vers le bas au classement et j’ai dû m’y habituer. A Madrid, lorsqu’on perdait, tout le monde tirait une tête d’enterrement pendant une semaine. Ici, les défaites sont courantes. C’est un autre type de pression, mais elle est peut-être plus intense que lorsqu’on participe aux playoffs. A chaque match, il faut se battre pour sa survie. Je le savais au départ, lorsque je me suis engagé ? Oui et non. On m’avait dit qu’on allait créer une équipe pour terminer dans le Top 8 et donc… participer aux playoffs. Gérone a cassé sa tirelire pour s’offrir mes services : je gagne presque autant ici qu’au Real. Le club a fourni un effort et j’en ai fourni un également : je ne serai jamais champion avec Gérone. Mais, malgré mon âge, je suis toujours considéré parmi les 30 ou 40 meilleurs joueurs étrangers de la LigaACB. Je compte encore jouer deux ou trois ans, au plus haut niveau possible. Après, un job d’entraîneur me tenterait « .

En vitrine chez un éditeur

Depuis cette saison, la Belgique compte un deuxième représentant en Espagne. Et Eric Struelens n’est pas étranger à l’arrivée de DanielGoethals à Aracena, en LEB1 (l’antichambre de l’élite).  » Après avoir appris que mon contrat à Mons ne serait pas renouvelé, je me suis mis sur le marché « , explique le grand blond.  » J’ai reçu deux propositions de France, mais peu intéressantes d’un point de vue financier. J’ai tout de même fait le voyage jusqu’à Chalon, car le club offrait des perspectives sur le plan sportif. Mais, en arrivant, j’ai appris que le contrat que l’on comptait me proposer avait encore été revu à la baisse. Comme j’étais déjà à mi-chemin, j’ai poursuivi ma route jusqu’à Gérone, afin de rendre visite à Eric Struelens. Je suis bien tombé : son équipe avait besoin d’un pivot pour les entraînements, car le pivot australien PaulRogers était parti disputer le tournoi de qualification pour les JO avec sa sélection nationale. J’ai été invité à participer aux séances. La nouvelle s’est vite répandue et des dirigeants d’autres clubs sont venus me voir. J’ai finalement donné mon accord à Aracena. Ce n’est pas la D1, mais c’est un championnat très médiatisé. Pour l’instant, mes statistiques sont bonnes : bien que le club se débat dans les tréfonds du classement, je figure parmi les dix meilleurs joueurs de la LEB1, sur un total de 216. Et je suis le seul non-Américain parmi ces dix. Récemment, mon agent a d’ailleurs reçu un appel du Real Madrid, qui se disait prêt à m’engager pour deux mois, afin d’assurer un intérim. Malheureusement, Aracena n’a pas voulu me lâcher « .

Aracena ? Ne cherchez pas sur la carte. C’est le nom du sponsor, une société de publication de livres qui appartient au président :  » En fait, nous jouons à Ponts, une ville située à une heure et quart de voiture de Barcelone. Mais nous n’allons là-bas que pour les matches, car tous les joueurs habitent à Barcelone et s’entraînent à Badalone, dans la banlieue « .

A suivre : la France,

avec Dimitri Lauwers

Daniel Devos

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