REVUE DE PRESSE

Matthias Stockmans
Matthias Stockmans Matthias Stockmans is redacteur van Sport/Voetbalmagazine.

Comment les journalistes locaux jugent-ils Timmy Simons, Moussa Dembele, Thomas Vermaelen, Brian Vandenbussche et Stein Huysegems ?

 » Simons remplace Cocu  » (Remco Regterschot, Sportweek)

 » Timmy Simons a eu une large part dans le dernier titre du PSV Eindoven. Guus Hiddink l’appréciait beaucoup. Le départ de Hiddink et l’arrivée de Ronald Koeman n’ont pas entamé son statut. Simplement, Koeman est plus audacieux et campe davantage dans la partie adverse, ce qui rend la tâche de Simons encore plus importante. Il a connu les problèmes d’adaptation normaux la saison passée mais s’est rapidement érigé en leader : il est capitaine du PSV, en l’absence de Phillip Cocu. On le considère comme le garant de la philosophie… néerlandaise du PSV, qui a une forte connotation sud-américaine. Il a énormément progressé en un an et demi, il a pris de l’assurance. Il s’occupe d’ailleurs de tous les penalties.

A l’entraînement, son professionnalisme et sa rage de vaincre sont contagieux. Ces dernières semaines en particulier, il est la figure de proue qui pallie l’absence de Cocu. Si le PSV a si bien entamé la saison, il le doit en grande partie à lui. Il forme un fameux tandem dans l’entrejeu avec le nouveau Sud-américain, Edison Méndez. Il constitue une alternative en défense. Il s’est déjà trouvé aux côtés d’ Alex, mais cette expérience a connu un succès mitigé car il manque alors à l’entrejeu et la dernière ligne se retrouve sous pression.

Simons a le niveau européen. Il sait tacler, il est intelligent. Sur la scène européenne, son principal atout est de ne pas laisser jouer l’adversaire. Contre l’AC Milan, il a tenu Kaka à la culotte. Le Brésilien n’a pas pu s’échapper une seule fois. Même quand il est placé sous pression, il commet rarement des erreurs. Il est très fonctionnel. Il récupère rapidement le ballon et le passe aussitôt à Cocu, sachant que celui-ci distribue mieux le jeu. Il n’attire pas l’attention mais n’est pas un faux modeste. Pourtant, on ne le verra jamais replacer un coéquipier, comme le fait Cocu, plus dirigiste et qui dit quand on doit mettre l’adversaire sous pression. Simons l’admire beaucoup. Il m’a déjà confié que Cocu est le meilleur footballeur avec lequel il a jamais joué « .

 » Dembele est quasi une star  » (Iwan van Duren, VoetbalInternational)

 » Moussa Dembele déborde de talent chez AZ Alkmaar. Il fait déjà partie des meilleurs avants de l’ Eredivisie. Il a surpris tout le pays la saison passée. Comment pareil talent pouvait-il venir de Belgique ? Il ira très loin : il a à peine 19 ans et il évolue au sein de l’équipe qui joue le mieux, sous la direction du meilleur entraîneur du pays. Sous Louis van Gaal, il va devenir un as car avec lui, chaque entraînement équivaut à un match. Il est sans cesse confronté à deux internationaux néerlandais, Joris Mathijsen et Barry Opdam.

Etre enrôlé par Van Gaal et l’AZ constitue déjà un honneur en soi. Le club a la meilleure cellule de scouting du pays. Il rate rarement ses transferts. Or, Dembele est l’acquisition la plus coûteuse de son histoire. Il est donc très important aux yeux de l’AZ. Le PSV le courtisait aussi mais Dembele a estimé qu’il jouerait plus à l’AZ. Il a bien fait. Dembele est un garçon tranquille, qui vit dans un entourage stable. Il a acheté une maison à ses parents et en occupe le premier étage. C’est fréquent chez les musulmans. On décèle la sérénité dans leur regard.

Van Gaal ne lui épargne pas ses critiques. Il trouve que Dembele ne respecte pas ses trajectoires de course et qu’il doit s’impliquer davantage tactiquement. C’est pour cela que Danny Koevermans reste titulaire mais ce n’est qu’une question de temps. Bientôt, Dembele jouera aux côtés de Shota Arveladze. Ce dernier est une certitude. Il est le capitaine de l’équipe, il a une large expérience. Il apprend beaucoup à Dembele.

Par rapport à Patrick Kluivert, il a aussi la peau foncée et protège bien le ballon. Mais Kluivert joue avec plus de raffinement et pose son jeu alors que Dembele est un footballeur de rue, qui manque fréquemment de calme. Kluivert avait une meilleure vision du jeu, il levait les yeux tandis que Dembele a les yeux fixés au sol quand il dribble.

On parle beaucoup de Dembele aux Pays-Bas. S’il était hollandais, il entrerait certainement en ligne de compte pour une sélection. La saison passée, il a fait fureur à Willem II parce que, dans un club où tout allait de travers, il a continué à jouer et est resté parfaitement démarqué. La seule critique concerne son manque de réussite devant le but : il doit marquer plus. Mais on remarque déjà ses progrès. Je suis sûr qu’il va inscrire quinze buts cette saison. Il frôle la célébrité. L’AZ n’est pas son terminus. On y est convaincu que Dembele partira d’ici deux ans. Il rêve de l’Espagne « .

 » Vermaelen, produit local  » (Erik Oudshoorn, NRC Handelsblad)

 » Thomas Vermaelen porte le numéro quatre à l’ Ajax Amsterdam. En principe, il est un joueur important. L’arrivée de Jaap Stam le confronte à un fameux concurrent. Avec Johnny Heitinga, ils se disputent la place à ses côtés, au c£ur de la défense. Vermaelen semble gagner car Heitinga joue arrière gauche et je le trouve meilleur. Il éclate en possession du ballon. Il a un bon passing. De ce point de vue, il est le défenseur typique de l’Ajax. Il s’intègre parfaitement dans le système de jeu, basé sur un pressing élevé. Mais son jeu de position laisse à désirer, il commet régulièrement des erreurs d’organisation ou oublie de couvrir son homme.

Heitinga était annoncé comme un grand talent mais il est dans le creux de la vague. On a fait moins de foin autour de Vermaelen, qui s’est hissé au rang de titulaire à force de travail. La saison passée, il a été une des rares éclaircies de l’Ajax. Un autre Belge, Jan Vertonghen, est en train de signer le même parcours.

L’Ajax considère Vermaelen comme un produit de son école. Les supporters lui accordent beaucoup de crédit. Ils ne le huent pas comme ils sifflaient Wesley Sonck et Tom Soetaers. Ils l’ont même épargné quand il a marqué contre son camp face à Copenhague, ce qui a coûté sa qualification pour la Ligue des Champions à l’Ajax. C’est Urby Emanuelson qui a essuyé les critiques car il avait perdu le ballon sur le flanc. Vermaelen est rarement sous les feux des projecteurs. C’est étrange car c’est un des rares néerlandophones de l’équipe.

Il s’intègre mieux dans l’organisation quand il joue avec Stam. Celui-ci le guide et peut intervenir. La saison passée, le tandem Heitinga-Vermaelen n’a pas toujours connu un franc succès.

Vermaelen a sa place dans le championnat néerlandais. Est-il suffisant pour la Ligue des Champions ? Il ne s’est pas mal débrouillé la saison passée mais il n’émarge pas à l’élite européenne. Ceci dit, quand on joue bien à l’Ajax et qu’on dispute la Ligue des Champions, on a sa place en équipe nationale belge.

Il est difficile de prédire son avenir. Il a progressé, surtout dans son passing, et il est encore vert pour son poste. Danny Blind a émergé sur le tard dans l’axe défensif. Cela peut donc arriver à Vermaelen mais je ne suis pas convaincu… Il peut tout aussi bien avoir disparu de l’Ajax d’ici deux ans « .

 » Vandenbussche a de l’étoffe  » (Anne Roel van der Meer, LeeuwarderCourant)

 » Brian Vandenbussche est un bon gardien au SC Heerenveen, un garçon ouvert, qui s’exprime bien, ne dissimule pas ses émotions et est bien intégré. C’est un des joueurs les plus ouverts de l’équipe. La mentalité des Frisons est assez similaire à celle des Flamands : ils n’ont pas une grande gueule. Mais quand il n’est pas content, Brian le montre. Après un mauvais match, il est le premier à critiquer sa prestation.

Vous êtes peut-être surpris qu’il soit devenu Diable Rouge. Ce n’est pas le cas de ceux qui l’ont vu à l’£uvre la saison passée. Je me souviens notamment d’un match de Coupe UEFA il y a deux ans. C’était contre le VfB Stuttgart. Heerenveen s’est imposé par le plus petit écart. Cela aurait pu s’achever sur un 5-0 mais Vandenbussche a été brillant. Globalement, il ne cherche pas la gloriole. Il est plutôt un solide verrou auquel on peut rarement reprocher quelque chose. Il commet peu d’erreurs, ce qui est quand même ce qu’on demande à un portier. Il obtient toujours six sur dix au moins, dans les cotes des journaux.

Il a pointé du nez il y a deux ans, à la faveur de la blessure de Boy Waterman, un jeune gardien formé à Heerenveen, qui avait donc un avantage sur lui. Depuis, Vandenbussche n’a pourtant plus quitté l’équipe. Waterman est meilleur sur sa ligne mais Brian participe mieux au jeu. Il ose se poster plus loin de sa cage, juste derrière sa défense. Il est supérieur à Waterman sur les hauts ballons. Pour l’instant, Vandenbussche est le meilleur gardien de Heerenveen, cela ne souffre aucune discussion.

Il est très populaire auprès des supporters parce qu’il reste lui-même, naturel. Souvent, le public scande son nom avant les matches : il l’apprécie vraiment. Il ne parle jamais du Real Madrid, ne déclare jamais que Heerenveen n’est qu’un tremplin, il reste serein. Pourtant, un peu de pression n’est pas pour lui déplaire. Il aime les grands matches tout comme il aime à sentir le souffle de ses rivaux. Il mérite une place en équipe nationale. Au début, il sera content d’être sélectionné mais il est suffisamment ambitieux pour en vouloir davantage au bout d’un temps. S’il voit qu’il reste le numéro trois, il ne se taira pas. Au début de la saison dernière, un moment, il a dû céder sa place à Waterman. D’un coup, il a évoqué la possibilité d’aller voir ailleurs.

S’il est digne de l’élite absolue ? Il n’est pas spectaculaire comme Oliver Kahn ou Edwin van der Sar, mais je le pense suffisamment solide pour briguer une place dans un grand club néerlandais « .

 » Huysegems stagne  » (Maarten Wijffels, Algemeen Dagblad)

 » Le gros problème de Stein Huysegems à Feyenoord est qu’il a été victime d’une erreur de casting. Feyenoord l’a embauché comme ailier gauche parce qu’il pensait que Dirk Kuyt resterait. Erwin Koeman voulait aligner trois attaquants cette saison : Huysegems à gauche, Kuyt au centre, Romeo Castelen ou Benjamin De Ceulaer à droite. Mais Kuyt est parti et le système s’est écroulé. Koeman s’est rabattu sur un duo d’attaque avec un avant-centre – Angelos Charisteas ou Pierre Van Hooijdonk – flanqué du rapide Huysegems. Celui-ci a obtenu sa chance à plusieurs reprises mais depuis cinq matches, il a disparu, comme De Ceulaer, qui n’est même plus dans le noyau.

Lors de la présentation de l’équipe, les réactions étaient positives. Il avait été enrôlé en même temps que Joonas Kolkka et comparé à celui-ci, Huysegems constituait un renfort. Je pense que, s’il veut sauver sa carrière, il va devoir durcir le ton à l’égard de ses entraîneurs. Il déclare parfois qu’il préfère évoluer sur l’aile gauche mais il en reste là, au lieu de taper du poing sur la table.

Huysegems a été transféré aux Pays-Bas en sa qualité de talent pas trop cher. Piet Visser, un scout qui travaille pour Chelsea et le PSV, m’a raconté que Huysegems était alors étiqueté comme vedette en devenir mais en l’espace de cinq ans, il n’a absolument pas progressé. Il ne figure plus sur aucune liste de scouting. Voilà l’image que traîne Huysegems aux Pays-Bas : celle d’un espoir qui stagne depuis son arrivée. Il a disputé beaucoup de matches à l’AZ mais sans jamais vraiment avoir le statut de titulaire. Finalement, Louis van Gaal n’en a plus voulu.

Pour son avenir à Feyenoord, il doit avoir une conversation avec Koeman dans les plus brefs délais. L’entraîneur n’est pas content de lui à cause de son manque d’agressivité. Il doit se démarquer, s’engager dans les duels, dribbler, conserver le ballon. Je crains que Huysegems n’éprouve beaucoup de difficultés à s’imposer parmi l’élite néerlandaise.

A-t-il sa place en équipe nationale belge ? (Il hésite) René Vandereycken aura vite fait son choix s’il reste sur le banc et si Dembele continue sur sa lancée « .

MATTHIAS STOCKMANS

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