revival 2006

Voici comment après s’être perdu à Anderlecht et avoir touché le fond à Charleroi, le buteur français revient enfin à son meilleur niveau.

Pour un peu, on croirait entendre le Crazy de Gnarls Barkley, le tube de l’année 2006. Lorsqu’on suit le Sporting de Charleroi, on se croirait revenu trois ans en arrière. Cette année-là, les Zèbres avaient déjà forgé un bon résultat à Sclessin en début de championnat. Cette année-là, Cyril Théréau avait réussi une entame de saison canon (trois buts en quatre matches) avant de signer au Steaua Bucarest. Revenu à la case départ, le citoyen de Gap a débuté la nouvelle campagne comme il l’avait fait il y a trois ans. Quatre buts et un travail incessant de pivot, grâce notamment à la confiance retrouvée en préparation (cinq buts).

Vous voilà revenu à votre niveau de 2006 ?

Cyril Théréau : Je l’avais senti avant le début du championnat. La préparation s’est bien passée comme en 2006, lorsque j’avais l’impression d’entrer dans la cour des grands. A l’époque, je me donnais à 100 % pour prouver que j’avais ma place. Et cette année, j’avais l’impression de repartir de zéro.

Si on est revenu en 2006, est-ce que cela signifie que vous ne serez plus à Charleroi le 1er septembre ?

( Il rit). Non, pas du tout. Ce n’est pas dans mon intention ni dans celle du club de me lâcher. Contrairement à 2006, je ne suis pas dans l’attente d’un grand club. J’ai goûté au plus haut niveau alors qu’à l’époque, je rêvais encore d’un club du top.

Si un club comme le Steaua revenait à la charge, vous n’iriez plus ?

Je réfléchirais davantage. Je ne referai plus la même erreur que celle que j’ai commise en allant à Anderlecht. Je ne signerai plus pour signer. On ne sait jamais ce qui peut arriver mais aujourd’hui, je suis attaché à Charleroi et à ses supporters. Je suis bien ici. J’ai besoin d’enchaîner les matches et les bonnes performances pour me ressentir bien et revenir à mon top niveau.

Le buzz est reparti après vos deux buts en trois matches. N’avez-vous pas peur que l’on retombe dans le malentendu qui fait de vous un buteur ?

Moi, je ne veux pas être obsédé par le fait de devoir marquer. Je n’aime pas cette étiquette de buteur bien que je sais que je peux marquer des buts et en marquer beaucoup. En ayant mis deux goals, je suis par exemple parti à Sclessin sans cette obligation de marquer. C’est quand je suis libéré que je marque.

Vous marchez particulièrement à la confiance…

Oui, c’est vrai. Peut-être que c’est plus prononcé que chez d’autres joueurs. Avant Anderlecht, je n’avais jamais connu l’échec. Et je l’ai très mal vécu et très mal digéré. Il m’a fallu un an et demi pour m’en remettre. Aujourd’hui, tout cela, c’est du passé et j’ai retrouvé entièrement confiance en moi et en mes qualités. Je peux finir une saison en marquant des buts et en faisant bien jouer mes coéquipiers.

 » Il y a des moments où je ne voulais pas me donner à 100 % et des moments où je n’arrivais pas à être à 100 % « 

Pourquoi avoir mis autant de temps à digérer votre passage à Anderlecht alors que votre prêt de six mois à Charleroi (janvier-juin 2008) s’était bien passé (5 buts) ?

C’est bien de le rappeler car j’ai reçu des critiques disant que j’étais dans le trou depuis un an et demi. Moi, j’avais l’impression que ma période de prêt s’était bien déroulée. Il me manquait juste du rythme à l’époque. On a vite oublié ces six mois-là.

Que s’est-il passé l’année dernière ?

Il y a eu des choses sportives et extra-sportives. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais il y a des moments où je ne voulais plus jouer, où je ne voulais pas me donner à 100 % et des moments où je n’arrivais pas à être à 100 %, à cause de petites blessures. Et après, cela joue sur la confiance et tout s’enchaîne. Pendant sept mois, cela fut difficile.

Pourquoi vous ne  » vouliez  » pas vous donner à 100 % ?

C’est lié à Anderlecht mais aussi à Charleroi. Quand je suis revenu, j’avais fait de gros efforts financiers et je n’ai pas encaissé certaines choses.

Des promesses financières non tenues ?

Il y a eu plusieurs choses que je ne raconterai pas en détail. C’est du passé.

Est-ce que votre forme actuelle vient de votre préparation ?

Oui. Pendant la préparation, je veillais à ne pas me blesser. Je voyais un ostéopathe. Et puis, je restais quand même sur une meilleure fin de saison. Pendant les vacances, j’ai appliqué le programme à la lettre. Je faisais très attention à ce que je mangeais. Tout cela m’a permis de faire la préparation entièrement. Or, la dernière fois que j’en ai réalisé une à 100 %, c’était quand je suis arrivé à Charleroi.

A quel moment s’est produit le changement dans votre tête ?

Le déclic s’est produit également lors d’une discussion que j’ai eue avec Mehdi Bayat. Mentalement, j’ai alors pris les choses de façon différente.

Que vous a-t-il dit ?

Il m’a rassuré sur mes qualités. Le fait qu’une personne comprenne les raisons et remette tout à plat, cela m’a fait énormément de bien.

Comme vous êtes le plus gros contrat, vous avez bénéficié de beaucoup de crédit la saison passée…

Je ne pense pas de la sorte. La somme de transfert payée par Charleroi avait été gagnée grâce à moi un an auparavant. Il ne faut pas l’oublier. Mais les dirigeants ont toujours cru en moi : ils me l’ont dit quand cela allait bien et mal. C’est vrai que j’ai eu du crédit. Peut-être un peu trop puisque j’ai été maintenu après être passé complètement à travers certains matches, ce qui ne m’a pas facilité les choses. Finalement, ce qui m’a permis de me remettre en question, c’est l’arrivée de John Collins : avec lui, je n’ai pratiquement pas joué. Cette période m’a fait du bien. J’avais besoin, à un moment donné, de ne plus être mis au premier plan et de redevenir un joueur valable dont on ne parle pas trop. J’ai pu me plonger à 100 % dans les entraînements et travailler beaucoup en dehors de ceux-ci. Durant cette dernière année et demie, ma meilleure période fut celle où je n’ai pas joué. Finalement, ce fut une chance pour moi. Je ne peux évidemment pas en vouloir à Thierry Siquet de m’avoir fait trop confiance.

Et comment le vestiaire a pris votre étiquette de chouchou des dirigeants ?

Chouchou des dirigeants, je ne sais pas. Possible que j’ai eu plus de crédit mais…

Mais le vestiaire ne s’en est jamais plaint ?

Officiellement, non. En tout cas, je ne l’ai jamais ressenti. J’ai toujours été soutenu par le groupe puisque tout le monde voyait que cela se passait bien à l’entraînement. Maintenant, je peux comprendre le dépit de Wilfried Dalmat au Standard par exemple, car cela fonctionne dans tous les clubs de la même façon. Il y a des joueurs qui reçoivent plus de crédit que d’autres. Moi, j’ai joué à un moment donné à un certain niveau et cela m’a donné ce crédit. Et ce n’est pas à moi de juger si j’en ai reçu trop. Les dirigeants ont toujours cru en moi, sans doute parce que j’avais prouvé certaines choses sur le terrain.

 » Anderlecht ? Ce n’était pas une question de niveau mais de système « 

Vous en voulez encore à Anderlecht ?

Sincèrement, je n’ai aucune ranc£ur envers Anderlecht. J’en ai eu à un certain moment parce que j’avais l’impression que les dirigeants étaient responsables de mon échec. Pourquoi ? A l’époque, j’avais plusieurs possibilités et j’ai finalement choisi Anderlecht. J’ai surtout connu une période difficile avec Frankie Vercauteren. Il y a toujours des joueurs qui ne s’entendent pas avec un entraîneur. Moi, ce fut le cas avec lui.

Vous pensez que vous auriez votre place dans l’Anderlecht actuel ?

Je ne sais pas mais je ne pense pas que je n’ai pas le niveau. J’ai joué la Ligue des Champions et j’y ai réalisé de très bons matches. Je crois que ce n’est pas une question de niveau mais plutôt de système. La culture tendait plutôt vers un 4-3-3 avec un grand attaquant costaud devant. Ce rôle n’était pas pour moi car il faut être physique dans les duels et un tueur dans la surface. Tom De Sutter possède davantage ces qualités pour réussir à Anderlecht. Quand j’y étais, il y avait Ahmed Hassan et Mbark Boussoufa. Ce sont des superbes joueurs. Il faut juste les laisser jouer et se retrouver à la finition, chose que je ne sais pas faire. Moi, j’aime être en mouvement, faire jouer les autres, décrocher et participer. Aux entraînements, à Anderlecht, quand je décrochais, Vercauteren sifflait toujours une faute contre moi et donnait le ballon à l’adversaire. Tout cela pour me faire comprendre que je ne devais surtout pas décrocher.

Quel est l’entraîneur qui a le mieux compris votre jeu ?

J’ai toujours eu de l’admiration pour Jacky Mathijssen car il faisait jouer son équipe en fonction des qualités de ses joueurs. Il n’avait pas un système précis. Je me souviens d’une victoire au Standard 1-2 et on avait évolué sans attaquants. Orlando devait jouer quasiment médian gauche et moi médian droit. Il m’avait mis en confiance et avait cerné mes qualités. Quand j’avais signé à Anderlecht, il avait dit que j’étais Mémé Tchité et Nicolas Frutos en même temps. Cette phrase signifiait que je n’avais pas une qualité au dessus d’une autre mais que j’étais un joueur complet.

Le président Bayat a déclaré que vous vous étiez rendu compte que cette saison était cruciale pour la suite de votre carrière…

Moi, je ne me suis jamais posé cette question-là. Je n’ai que 26 ans et on dit souvent que le footballeur atteint la maturité à 28 ans. Je voulais surtout retrouver le plaisir de jouer.

« La somme de transfert payée par Charleroi avait été gagnée par moi un an plus tôt. »

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