Rêves CORSES

A deux reprises déjà, le jeune arrière gauche français a refusé une proposition de l’étranger pour rester au Canonnier.

Jeune arrière gauche corse formé au FC Nantes, Grégory Lorenzi (21 ans) était arrivé à Mouscron en janvier 2004, il y a un peu plus d’un an. Il fut le seul transfert qu’avait obtenu Georges Leekens durant le mercato hivernal. Greg croisera LongCouteau samedi, lors du déplacement à La Gantoise. Si l’ambitieux entraîneur a choisi de relever d’autres défis, le joueur est resté au Canonnier malgré qu’il ait eu l’occasion de partir. Il a pris de l’envergure, au point de figurer désormais parmi les meilleurs arrières gauches du championnat.

Vous souvenez-vous de vos débuts à Mouscron ?

Grégory Lorenzi : Bien sûr. C’était lors du déplacement au Standard, lorsque nous avons partagé 3-3 alors que nous menions encore 1-3 à l’entame du temps additionnel. Pour moi, ce match s’était plutôt bien passé. Le coach a continué à me faire confiance et j’ai progressivement trouvé mes marques dans l’équipe. J’ai toujours essayé de donner le meilleur de moi-même, tout en restant relativement dans l’ombre par rapport au collectif. Le plus important est d’être efficace pour l’équipe. Je fais partie d’un ensemble et c’est une donnée qu’il ne faut pas oublier.

Votre adaptation s’est faite très rapidement…

J’ai été très bien accueilli et j’estime posséder, moi-même, de grandes facultés d’adaptation. J’ai quitté le cocon familial assez jeune, pour rejoindre le centre de formation de Nantes. J’ai appris à me débrouiller seul et cela m’a forgé un caractère. A partir de là, s’adapter à Mouscron n’était pas trop difficile.

Visiblement, vous vous plaisez dans la cité des Hurlus puisque vous avez consenti des sacrifices pour rester…

En fin de saison dernière, le club tardait à lever l’option qu’il avait sur moi. Lorsque Roland Louf est arrivé, il a constaté un petit point qui l’embêtait dans mon contrat. J’ai eu l’occasion de partir, puisque si l’option n’était pas levée, j’étais libre. J’ai reçu une proposition concrète, qui émanait des Pays-Bas. Mais je venais d’arriver à Mouscron, j’y ai trouvé une bonne ambiance et je me sentais redevable vis-à-vis d’un club qui m’avait offert une chance en D1. Quand on est bien, pourquoi rechercher à tout prix le très bien ? Je n’avais pas trop envie de refaire mes valises après six mois pour emménager ailleurs. J’ai donc accepté de faire un effort financier pour rester. Je suis encore jeune, et si un jour je dois gagner de l’argent grâce au football, j’en gagnerai. Mais j’ai le temps. Je pense avoir démontré, depuis lors, que j’étais toujours prêt à me retrousser les manches et que l’on pouvait compter sur moi.

Pendant l’hiver, votre nom a été cité en rapport avec Bruges et Genk, au cas où Michaël Klukowski ne signerait pas là-bas…

J’ai entendu quelques rumeurs à ce sujet, en effet. Je pense que ces clubs s’étaient un peu renseignés sur moi, mais je n’en sais pas plus. Ce qui était concret, en revanche, c’était la proposition du Chievo Vérone pendant le mercato. Il s’agissait d’un prêt de six mois, avec option d’achat de trois ans. C’était une opportunité intéressante, mais le club n’était pas très disposé à me laisser partir, étant donné la situation dans laquelle il se trouve. Je le comprends parfaitement et c’est sans aucun regret que j’ai poursuivi ma route à Mouscron. Je ne regarde plus derrière moi, je songe d’abord à sauver le club.

En France, vous avez remporté le Concours du Jeune Footballeur : une consécration étonnante pour un défenseur. Votre destinée ne se situait-elle pas ailleurs que dans un modeste club belge ?

Les grands clubs, cela peut encore venir. J’ai des rêves, comme tout le monde. Mais ce n’est pas parce qu’on remporte le Concours du Jeune Footballeur, qui récompense le joueur possédant la meilleure maîtrise du ballon, qu’on est forcément destiné à faire carrière au sommet. La technique n’est pas tout. Il y a bien d’autres paramètres qui interviennent : la chance, le physique, le mental. Défenseur ou pas, j’ai toujours aimé jouer au ballon. Après l’école, j’ai rarement fait mes devoirs. J’essayais toujours de partir en cachette pour aller jongler. Actuellement, je ne brille pas encore au firmament européen, mais à 21 ans, j’ai l’avenir devant moi.

Accepter la transition

Vous étiez arrivé en 2004 dans une équipe qui jouait l’Europe, vous vous retrouvez aujourd’hui dans une équipe qui tente d’assurer le maintien…

Le club vit deux saisons très différentes, en effet. Celle-ci doit être assimilée à une année de transition. On a perdu des éléments importants et il faut reconstruire. Il y a du potentiel, et un bon amalgame entre anciens et jeunes, mais les jeunes doivent mûrir. Le club a changé de politique. L’objectif, désormais, est de former en fonction de l’avenir. On est sur la bonne voie, mais la chance nous a souvent boudé. On a parfois manqué de rigueur et de maturité aussi. En début de championnat, on a réussi quelques très bons résultats. C’est la preuve qu’on n’est pas à notre place actuellement. On devrait se situer entre la sixième et la dixième place. J’espère qu’on s’en sortira et qu’on pourra repartir du bon pied la saison prochaine. Certains joueurs ne connaissaient pas la D1 avant le début du championnat. La saison prochaine, ils auront déjà une autre approche.

Vous sentez-vous investi de responsabilités auprès de tous ces jeunes, même si vous n’avez vous-même que 21 ans ?

Si je peux aider certaines personnes, avec ma toute petite expérience de 40 matches en D1, je le ferai toujours avec plaisir. Réciproquement, j’accepte tous les conseils que l’on peut me donner. J’essaie de m’investir au maximum au service de l’équipe. Je fais passer mes performances personnelles au second plan. Je préférerais passer au travers d’un match et remporter les trois points, que l’inverse.

Vous êtes rarement passé au travers d’un match…

J’accorde beaucoup d’importance à la régularité. Mais, comme tout le monde, je suis sujet à l’une ou l’autre baisse de régime. En janvier, l’espace de deux matches, je n’ai pas évolué à mon meilleur niveau. Depuis trois rencontres, je pense avoir retrouvé le niveau qui était le mien en début de saison. Reste à confirmer.

Le départ de Christophe Grégoire, avec qui vous formiez le flanc gauche, a-t-il eu des incidences sur votre propre jeu ?

Depuis l’année dernière, on avait effectivement créé des automatismes entre nous. Il est parti à Anderlecht, tant mieux pour lui. Inutile de se lamenter, il ne reviendra plus. Jimmy Hempte possède aussi beaucoup de qualités. Il va se battre pour l’équipe. D’autres automatismes doivent se créer. Pour cela, il faudra beaucoup se parler, répéter sans cesse les mêmes mouvements à l’entraînement. Cela viendra. Lorsque Christophe Grégoire était là, on jouait souvent en 4-3-3. Aujourd’hui, on est revenu au 4-4-2. C’est différent.

Mieux communiquer

Ces dernières semaines, d’aucuns ont constaté que Mouscron encaissait trop facilement. Dans ce cas-là, on a tendance à pointer les défenseurs du doigt. Or, en début de saison, lorsque l’Excel encaissait peu, les spécialistes mettaient surtout en exergue le travail défensif des attaquants.

Dans le système antérieur, en 4-3-3, le rôle défensif des attaquants était hyper important, en effet. Ils devaient bloquer les couloirs, aider les milieux de terrain et empêcher les défenseurs adverses de sortir. Lorsque les offensives adverses étaient déjà bloquées plus haut, c’était forcément plus facile pour les défenseurs. Il suffisait de récupérer les déchets des adversaires. Aujourd’hui, le système a changé. On ne peut pas dire que les attaquants ne défendent pas, mais on passe par une période transitoire. Plus il y aura de communication, mieux l’équipe se mettra en place. On laissera moins d’occasions à l’adversaire et on formera un bloc, comme Bruges. Voilà une équipe qui m’impressionne au niveau collectif : on se parle dans tous les secteurs du jeu et il ne semble y avoir aucune faille. Actuellement, à Mouscron, on manque encore de rigueur. Je n’échappe pas à la critique : ça m’est arrivé et pour un défenseur, c’est impardonnable.

A Mouscron, vous avez connu deux entraîneurs très différents. Philippe Saint-Jean véhicule l’image d’un formateur. Reconnaissez-vous en lui certaines méthodes qui vous rappellent la France ?

Chaque entraîneur a sa philosophie, et je ne porterai pas de jugement de valeur. Georges Leekens est un entraîneur expérimenté, qui a aussi une longue et brillante carrière de joueur derrière lui. Son discours était plus musclé. Il travaillait aussi avec d’autres joueurs que ceux qui animent l’Excel aujourd’hui : des gens comme Stephen Laybutt, Steve Dugardein ou Mbo Mpenza, déjà aguerris à l’élite. Philippe Saint-Jean est différent. Il débute en D1, et se montre plus posé. Il travaille avec un noyau plus jeune et est obligé d’expliquer davantage. Son discours, c’est vrai, me rappelle parfois ceux de Loïc Amisse ou de Serge Le Dizet à Nantes, autrefois. Je suis habitué à ce genre de méthodes. Des anciens de Mouscron éprouvent peut-être davantage de difficultés à comprendre ses principes, mais il a certainement l’étoffe d’un très bon entraîneur.

Daniel Devos

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