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 » Revenir juste 40 ans après mon arrivée au Standard, c’est un signe « 

Attaquant vedette du Standard il y a pile 40 ans. Entraîneur des Espoirs de l’Antwerp aujourd’hui. Et entre les deux ? La vie de Luis Norton de Matos est un roman. D’ailleurs, il en a écrit un. Et fait plein d’autres choses dingues. Amusez-vous, y’a du Matos.

On a à peine le temps de prononcer entièrement le mot  » Standard  » que Luis Norton de Matos s’emballe.  » Si je dois retenir deux grands souvenirs, je dirais deux matches contre Bruges. Mon tout premier avec le Standard en 1978, on gagne, je mets le but de la victoire. Et le fameux 1-7 chez eux en 1980 avec le one-man-show de Simon Tahamata. Bruges contrôlait parfaitement le piège du hors-jeu, ça énervait notre coach, Ernst Happel. Il ne voulait pas qu’on se fasse prendre. Il avait dit aux attaquants, à Ralf Edström, à moi : Celui qui se retrouve hors-jeu, je le sors direct. En fait, Happel avait préparé ses attaquants pour ne pas marquer. Il voulait que le danger vienne de derrière. Et ça a marché. Aujourd’hui encore, ma Bible, c’est Happel. Il était en avance de plusieurs années. Je notais tout. Dans ma maison à Lisbonne, j’ai encore les notes de deux ans d’entraînement avec lui.  »

J’ai été acteur principal dans un court métrage qui n’avait rien à voir avec le foot. C’était une histoire d’amour d’un mécanicien en prison…  » Luis Norton de Matos

Comment Robert Waseige t’avait amené au Standard ?

LUIS NORTON DE MATOS : Un agent hongrois avait su persuader Roger Petit de venir voir un attaquant de Belenenses, mon club au Portugal. On le savait et on a joué pour lui. Mais il est passé à côté de son match, et moi j’ai été le meilleur homme sur le terrain. Le soir même, Petit m’a invité au resto, il m’a proposé un test, et là, Waseige m’a validé dans un amical.

Avant ça, tu étais devenu pro à Benfica mais tu n’as jamais joué en équipe Première.

NORTON DE MATOS : C’est le plus grand malheur de ma carrière. Il ne m’a pas manqué grand-chose. J’étais dans le noyau avec Eusebio. C’est comme le jeune qui peut s’entraîner aujourd’hui avec Cristiano Ronaldo.

 » J’ai pleuré en regardant la finale Barcelone-Standard  »

Tu restes au Standard de 1978 à 1981 mais tu n’as pas la consécration : tu n’es pas dans l’équipe pour la finale de Coupe de Belgique gagnée en 81.

NORTON DE MATOS : Je n’étais même pas au stade. J’avais une petite blessure, j’étais rentré au Portugal deux jours avant. Je l’ai regretté énormément. Mais j’avais le mal du pays et j’étais occupé à régler un divorce difficile. A ce moment-là, j’avais de toute façon décidé de ne pas continuer en Belgique. Une erreur. J’avais encore un contrat, quelques équipes étaient sur le coup. Au lieu de ça, j’ai choisi un défi difficile en allant à Portimonense, une équipe à la limite inconnue. Un an après mon départ, j’ai eu les larmes aux yeux en regardant la finale du Standard en Coupe des Coupes contre Barcelone. J’aurais dû être là, c’était mon équipe. Mais bon, j’ai eu des compensations. J’ai été élu joueur de l’année au Portugal et je suis devenu international.

Quand je fais le bilan de ma carrière, je suis content. Mais j’aurais dû être beaucoup plus content. Après ma grosse saison avec Portimonense, Benfica me voulait. J’ai refusé parce qu’ils me donnaient exactement le même salaire que leur nouveau deuxième gardien. Moi, j’étais international ! Je n’ai pas bien réfléchi. Je n’ai pas eu la lucidité de comprendre qu’il y avait le prestige de Benfica, des primes et tout ça. Juste après, Benfica a joué la finale de la Coupe de l’UEFA contre Anderlecht. Encore une occasion ratée. Il y en a eu beaucoup…

L’année suivante, en 1984, je suis dans le noyau des 30 pour l’EURO. Mais je dois être opéré à une jambe et je rate la deuxième partie de la saison. La seule opération de ma vie. En 1986, je suis dans la présélection pour la Coupe du Monde au Mexique. On joue la finale de la Coupe du Portugal avec Belenenses contre Benfica, c’est la veille de l’annonce de la liste définitive. Je me fracture le nez dans ce match, j’ai les yeux gonflés. A l’époque, il n’y a pas encore de masque. Donc, je saute. Mais bon, j’essaie de prendre le positif. Si on m’avait dit, à seize ans, que je m’entraînerais avec Eusebio, que je jouerais en Belgique qui avait un gros championnat, que je serais international, …

Luis Norton de Matos sous le maillot du Standard.
Luis Norton de Matos sous le maillot du Standard.© BELGAIMAGE-YORICK JANSENS

 » J’ai été le premier directeur sportif du foot portugais  »

Et puis, une fois que tu arrêtes de jouer, tu commences à avoir plein de vies…

NORTON DE MATOS : T’as raison, on peut dire ça comme ça. (Il rigole).

Quand tu es directeur du foot au Sporting de Lisbonne, tu amènes Robert Waseige là-bas.

NORTON DE MATOS : J’ai été le premier directeur sportif du foot portugais. Robert Waseige… il n’était pas préparé à la pression d’un pays latin. Il a sous-estimé l’obstacle de la langue mais aussi de la mentalité. Par exemple, au Portugal, on n’a aucune patience. Un jour, on fait un nul chez nous contre une petite équipe. Waseige dit en conférence de presse : Je ne comprends pas pourquoi le public siffle, on n’est qu’au début de la saison, il n’y a rien qui va mal. Mais non, les supporters étaient furieux.

Puis, après un autre mauvais résultat, ils ont agité des mouchoirs blancs. Au Portugal, des mouchoirs blancs dans un stade, c’est un message clair : Adios. Je l’entends encore après un match raté. Je lui dis de ne pas sortir tout de suite. Il me répond : Je n’ai rien fait de mal, je sors avec ma femme. J’insiste : Attends. Moi, et aussi d’autres dirigeants, on attendait parfois deux heures dans le stade avant de quitter si l’équipe n’avait pas gagné, et on sortait éventuellement par une porte de derrière.

Waseige a décidé de partir directement après le match et il s’est retrouvé en face de supporters déchaînés qui ont commencé à le bousculer, à insulter sa femme, à taper sur sa voiture. Bam, bam, bam. Là, il a compris et il a pris la décision de partir.

 » J’ai créé un Foot Magazine local  »

Tu as aussi été journaliste.

NORTON DE MATOS : Oui, j’ai créé un mensuel de foot, la première revue sportive en couleurs au Portugal. Et pour le nom, je ne me suis pas creusé la tête. Il y avait un Foot Magazine en Belgique, donc j’ai fait un Foot Magazine au Portugal ! Dans chaque numéro, il y avait une femme de joueur qui s’exprimait, on publiait des concours qui permettaient aux vainqueurs d’aller au resto avec les plus grands joueurs du Portugal. Et j’ai eu un scoop mondial. Je savais qu’Alain Prost avait joué au foot et que ça le branchait toujours. Il était au Grand Prix d’Estoril, je lui ai demandé une interview pour parler de football, il m’a directement répondu : Viens à mon motorhome demain à 7h30 du matin. Ça a fait du bruit, ce reportage.

Le président de la fédé indienne m’a dit : Coach, si tu fais un nul, tu as une statue ici. Si tu gagnes un match, tu as une avenue.  » Luis Norton de Matos

Je me suis bien amusé avec le Foot Magazine ! J’écrivais moi-même la plupart des articles parce qu’on n’avait pas énormément de moyens. Mais pour ne pas donner l’impression que c’était un magazine rédigé par un seul journaliste, je signais une fois Luis Norton de Matos, une autre fois Luis Cabral, une autre fois Matos Norton, … C’est l’avantage d’avoir un prénom et un nom à rallonge. Je m’appelle Luis Maria Cabral Norton de Matos, pour être complet ! Mon seul regret par rapport à ce magazine, c’est qu’on n’a pas réussi à être centenaires ! On a arrêté après 97 numéros. Des nouveaux magazines étaient apparus, c’était difficile de trouver de la pub.

Avec le président de l'AS Monaco, Jean-Louis Campora, lors d'un tirage au sort de la LC.
Avec le président de l’AS Monaco, Jean-Louis Campora, lors d’un tirage au sort de la LC.© BELGAIMAGE-YORICK JANSENS

Les Portugais t’ont aussi beaucoup vu à la télé.

LUIS NORTON DE MATOS : Oui, et ils m’ont aussi beaucoup entendu à la radio… J’avais mon émission. C’était l’occasion de parler d’une autre de mes passions, la musique. J’ai grandi avec le festival de Woodstock, les Rolling Stones, les Beatles. Tous les jours, je refaisais l’histoire de ma vie privée et professionnelle en y mettant des touches musicales, c’était un mix foot / musique. Et à la télé, j’ai aussi eu mon propre programme. J’interviewais des entraîneurs au chômage, ils expliquaient leur nostalgie, ce qu’ils faisaient pour meubler leur temps, ils revenaient avec plein de détails sur le moment où ils avaient été virés. A côté de ça, j’ai fait une émission sur le sport féminin. Je choisissais une championne de n’importe quel sport (surf, moto, athlétisme, judo, karaté, hippisme) et je la mettais en valeur en la faisant habiller avec des pièces de haute couture. Et puis j’ai été consultant pour plusieurs Coupes d’Afrique et Coupes du monde, pour des matches de Coupe d’Europe dont la Ligue des Champions. En télé, j’étais un peu le Guy Roux portugais.

 » Un arbre, un enfant, un bouquin, j’ai tout fait, je n’ai plus la pression  »

Mais le plus étonnant, c’est un ancien footballeur, un entraîneur qui écrit carrément un roman…

NORTON DE MATOS : C’est parti un peu par hasard. Je me suis mis à écrire une fiction, avec une part de réalité. Depuis que je suis gosse, j’adore les drames policiers, les théories du complot, … C’est l’histoire d’un footballeur qui veut se venger d’un président de club qui a été infect avec lui. Il finit par le tuer. J’ai écrit ça il y a vingt ans, pour mon plaisir. Parfois, je me levais en pleine nuit pour rédiger. Je m’installais à mon bureau, je voyais le jour se lever, j’étais épuisé au moment de commencer ma journée mais j’avais écrit quatre ou cinq heures et pas mal de pages. Le silence aide beaucoup un auteur… Et j’étais attentif à tous les détails, je voulais que tout soit parfaitement exact, crédible. Je me suis baladé plusieurs fois pendant la nuit dans des petites rues de Lisbonne pour observer des façades, des portes, …

J’ai fait lire mon histoire à un proche, il a trouvé ça extraordinaire et il l’a transmise à un éditeur qui a été chaud tout de suite pour publier. Je devais seulement écrire les derniers chapitres, ça m’a pris trois mois. Au final, les critiques ont été excellentes. Les gens du milieu ont été étonnés par le rythme qui ne faiblit jamais, sur 300 pages, et personne n’a imaginé la fin de l’histoire. Un metteur en scène a parlé de l’adapter au cinéma. Des écrivains portugais m’ont demandé entre-temps pourquoi je ne faisais pas un autre roman. Je ne l’exclus pas. Au Portugal, on dit que pour réussir sa vie, il faut planter un arbre, avoir un enfant et écrire un bouquin. Le triangle est fait. Donc, je n’ai plus la pression…

Au côté du président de la fédé de football indienne à New Delhi, en 2017.
Au côté du président de la fédé de football indienne à New Delhi, en 2017.© BELGAIMAGE-YORICK JANSENS

Et tu as une fille qui est actrice professionnelle !

NORTON DE MATOS : Oui, Barbara. J’ai quatre enfants et deux divorces dans mon parcours, maintenant je suis avec ma troisième femme, on dit chez nous que la troisième, c’est la définitive… (Il rigole). Barbara tourne dans des feuilletons, elle fait aussi des shootings de mode. Elle est née quand je jouais en Belgique.

Et moi aussi, j’ai un peu touché au cinéma. J’ai été acteur principal dans un court métrage qui n’avait rien à voir avec le foot. C’était une histoire d’amour d’un mécanicien en prison… Et j’ai fait des courtes apparitions dans quelques films comme figurant actif. J’ai tourné à Paris, à Lisbonne, en Espagne. J’ai joué dans un film avec Francis Huster et j’ai dansé une valse avec Cyrielle Clair dans un palais à Lisbonne…

 » Tu dois être riche d’esprit pour t’adapter à l’Afrique et à l’Inde  »

Toujours besoin d’autre chose ?

NORTON DE MATOS : Au Portugal, des gens disaient parfois que je faisais un peu de tout, ce n’était pas nécessairement bien vu. Genre : Il ne sait pas ce qu’il veut. Mais moi, je vois ça comme ma grande bataille. Toutes ces expériences, je les ai utilisées dans ma vie d’entraîneur. Plus tu as d’expériences, mieux tu peux comprendre l’homme qui se cache derrière un joueur de foot. Tout ce que j’ai fait dans d’autres domaines m’a été bien utile quand je me suis retrouvé en Afrique puis en Inde. Parce que tu dois être riche d’esprit pour pouvoir t’adapter directement à des cultures aussi différentes. Le football, c’est avant tout une activité humaine.

J’écoutais ‘Je t’aime moi non plus’ en cachette, c’était interdit à l’époque de la dictature.  » Luis Norton de Matos

J’ai lu que tu avais mis la Guinée-Bissau sur la carte du foot africain !

NORTON DE MATOS : On a battu le Kenya, je crois que ce pays n’avait plus gagné depuis plus de dix ans. Trois heures après le match, un CD de musique africaine, à mon nom, était vendu dans les rues. J’avais l’impression d’être un chef d’état. Il y avait un monde de malade devant mon hôtel, la police voulait que les gens partent, ils restaient, alors les policiers tapaient dessus. Le chef de la police est venu frapper à la porte de ma chambre, il m’a demandé d’aller à mon balcon. Puis je suis descendu, les supporters voulaient me caresser les cheveux. Le premier ministre m’a dit que c’était le premier rassemblement spontané dans les rues de Bissau depuis l’indépendance. J’y suis resté deux ans, ça été intense, puis le noyau que j’avais formé s’est qualifié pour la CAN avec mon adjoint qui était devenu entraîneur principal. C’était historique.

Comment un coach portugais se retrouve en Inde ?

NORTON DE MATOS : Je n’étais jamais allé en Asie, j’ai vu ça comme un défi. La fédération m’a appelé pour reprendre son équipe U17 qui allait jouer la Coupe du monde, organisée là-bas. Le président m’a dit : Coach, si tu fais un match nul, tu as une statue ici. Si tu gagnes un match, tu as une avenue. Mais on avait les Etats-Unis, la Colombie et le Ghana dans notre poule. Mission impossible. Pourtant, on a tenu le nul contre les Colombiens jusqu’à huit minutes de la fin. C’était dingue, il y avait 50.000 personnes à nos matches, on a fait rêver tout un peuple. Après ça, on a inscrit cette équipe dans le championnat professionnel, avec une moyenne d’âge sous 17 ans. Uniquement des gamins contre des adultes. On a fini à la dernière place, c’était prévu, mais l’équipe a été considérée comme celle qui jouait le mieux au foot. Puis je les ai coachés en sélection U19. C’était une expérience très intéressante. Aujourd’hui, dans le groupe pour les championnats asiatiques U23, il y a une quinzaine de joueurs qui ont travaillé avec moi.

Toujours aussi élégant aujourd'hui, à l'Antwerp.
Toujours aussi élégant aujourd’hui, à l’Antwerp.© BELGAIMAGE-YORICK JANSENS

 » Luciano a touché une corde sensible chez moi : la notion de défi  »

Comment es-tu arrivé à l’Antwerp ?

J’étais encore sous contrat quand Luciano D’Onofrio m’a proposé les Espoirs de l’Antwerp. Il m’a présenté ça comme un défi. Il a touché un point sensible chez moi : la notion de défi ! Son coup de fil est arrivé à un moment où ça devenait un peu compliqué en Inde parce qu’il y avait des grosses restrictions budgétaires à la fédération. On me rabotait mon staff, ça ne suivait plus au niveau des infrastructures. A côté de ça, j’avais envie de me rapprocher de ma famille, de voir plus souvent mes enfants et mes petits-enfants. Et puis je pouvais revenir en Belgique juste 40 ans après mon arrivée au Standard, pour moi c’était un signe. J’ai demandé au président de la fédé indienne d’annuler le nouveau contrat que je venais de signer. J’ai senti que c’était le moment de changer.

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Les Mourinho, potes de père en fils

Tu as réussi à déplacer José Mourinho au Sénégal, comment tu as fait ça ?

LUIS NORTON DE MATOS : On avait un chouette projet là-bas. On a lancé une académie, l’Etoile Lusitana. J’y ai mis de l’argent, des banques portugaises aussi. C’était en 2007, 2008. La seule chose qu’on n’avait pas prédite, c’était la crise bancaire mondiale, la grande confusion. D’un coup, elles ont arrêté leurs investissements. Mais ça ne nous a pas empêchés de sortir plusieurs joueurs qui sont venus en Europe. Pape Abdou Camara s’est retrouvé au Standard, son frère Papa Demba à Sochaux, Ibrahima Mbaye à l’Inter puis à Bologne.

C’est bien mais ça aurait été encore mieux s’il n’y avait pas eu ces problèmes financiers. Et, oui, j’avais amené Mourinho sur place pour l’inauguration. On se connaît depuis très longtemps. Je connaissais déjà son père, qui était gardien de but en D1 au Portugal. Quand j’ai expliqué le projet de l’académie à José, il m’a dit : Je peux faire quelque chose pour t’aider ? Je lui ai répondu : Oui, venir deux jours au Sénégal. Il est allé faire une conférence de presse sur place et il a donné un entraînement. Ça nous a permis d’avoir directement de la crédibilité. Aujourd’hui, on est toujours régulièrement en contact.

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Avenida General Norton de Matos

Luis Norton de Matos vient d’une famille portugaise illustre. Son arrière-grand-père a été général dans l’armée et a donné son nom à une rue ou avenue dans la plupart des grandes villes.  » La plus grande avenue de Lisbonne est l’Avenida General Norton de Matos, elle part de l’aéroport et passe près des stades du Sporting et de Benfica. Mon arrière-grand-père était fort apprécié, il a fondé Nova Lisboa, une ville en Angola qui est devenue Huambo après l’indépendance.

C’est un des seuls Européens blancs à avoir une statue dans ce pays reconnue par le gouvernement. Il a été candidat à la présidence du Portugal contre le dictateur Salazar. Il s’est retiré de l’élection au dernier moment parce qu’il sentait qu’il se passait des trucs louches. Dès que je suis arrivé dans le noyau de Benfica, un journal m’a consacré une page entière. Pas parce que j’étais le meilleur jeune du club mais parce que j’étais l’arrière-petit-fils du général.  »

Tu as quels souvenirs des années de dictature ?

LUIS NORTON DE MATOS : Je me souviens des mouvements étudiants, de la répression de la police. On écoutait certaines musiques en cachette. Par exemple, j’avais le disque Je t’aime moi non plus, de Serge Gainsbourg et Jane Birkin. C’était complètement interdit à l’époque. J’étais obligé de l’écouter en cachette. Si on m’avait découvert, ils me l’auraient confisqué.

A la télé, les simples scènes de baisers dans les films étaient coupées. C’était considéré comme choquant. Tout a changé après la révolution de 1974. Après ça, les cinémas passaient tous les genres de films. Et comme les Espagnols étaient encore sous la dictature de Franco, ils faisaient la file pour venir voir chez nous des films qui étaient interdits chez eux, comme Le dernier tango à Paris, avec Marlon Brando.

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