» Revenir à la faute « … mais dans quel laps de temps ? !

Vous êtes déjà tous tombés sur un quiz de connaissance des Lois du Jeu. Pondues par tel ou tel fana d’arbitrage, les questions concernent à 80 % des situations à la mords-moi-le-n£ud, qui pourraient se produire une fois tous les mille matches. Du genre : Si un gars du banc crache sur un adversaire sur le terrain, mais que sa sécrétion salivaire atteint un équipier, faut-il lui donner jaune ou rouge, faut-il reprendre par coup franc indirect ou balle-à-terre ? Ou bien : Au moment de donner un coup franc direct, le joueur glisse, tombe, sa tête heurte le ballon, et celui-ci roule dans le but adverse. Peut-on donc botter de la tête les balles arrêtées ?

On s’en fout. N’empêche qu’en totalisant vos réponses au test, vous vous retrouvez mofflés, et priés d’approfondir la matière : vu que (air connu, chanté par nos siffleurs) Il y aurait beaucoup moins de problèmes sur les terrains si protagonistes et supporters connaissaient le règlement ! C’est archi-faux, c’est un mensonge. Les polémiques, les gnons, les haines, découlent de quelques actions basiques (l’intentionnalité d’une faute de main, le degré de violence d’un contact, la participation active ou pas lors d’un hors-jeu…) à propos desquelles les textes de loi ne sont nullement méconnus, mais tristement équivoques : dix fois par match au moins, l’arbitre peut les interpréter selon son feeling qui n’est pas toujours le nôtre, et qui est rarement celui des deux camps. Bonjour le bordel potentiel.

Ceci pour vous narrer ma plus récente irritation, prégnante quoique minime, le long de ma touche de province. Nous tombons sur un arbitre obsédé par le principe de revenir à la faute. Il est jeune, je parie qu’il ignore que sa marotte n’est praticable que depuis une quinzaine d’années : jusqu’en 1996 en effet, lorsque l’arbitre a décidé d’appliquer la clause de l’avantage et de laisser le jeu se poursuivre, il ne peut pas revenir sur sa décision au cas où l’avantage présumé ne se réalise pas. Puis l’IFAB change d’avis et énonce que si l’avantage escompté n’intervient pas (ce qu’elle trouve trop fréquent) , l’arbitre sanctionne la faute commise initialement. Obligation donc de revenir à la faute… ce qui ne choquerait personne à condition de savoir clairement QUAND l’avantage escompté devient foireux : la décision de pénaliser la faute d’origine doit être prise en quelques secondes, précise l’IFAB… en 2007 seulement !

 » Quelques  » secondes ? Rien n’est moins clair ! Et c’est beaucoup si ça dépasse deux secondes : car si le joueur attaqué fautivement conserve sereinement son ballon dans les deux secondes suivant la faute, c’est que le danger est passé et l’avantage acquis, non ? Pas pour mon referee dont je vous cause, et plusieurs fois sur le match ! Notamment lorsque mon attaquant se fait taquiner les guibolles par un défenseur adverse, poursuit néanmoins son action solitaire sur une quinzaine de mètres, puis se fait subtiliser le ballon en manquant bêtement son dribble :  » R etour à la faute ! « , siffle l’arbitre à ma grande satisfaction imméritée. Ou notamment lorsque mon demi def crochète fautivement le meneur adverse, qui conserve néanmoins son ballon pour donner superbement dans la foulée de son avant-centre : lequel, à la course avec mon gars en marquage (faut pas me parler de zone, chez moi c’est culotte/culotte sur un attaquant !) se fait piquer le ballon parce qu’il est moins rapide : mais :  » Retour à la faute ! « , siffle l’arbitre à mon grand dépit justifié.

Bref. Le genre de truc que tu oublies vite quand tu gagnes, mais que tu digères péniblement quand ça te coûte le but qui tue. Et le genre de ref qui peut te refiler un cauchemar/foot la nuit qui suit : dans ton rêve, le siffleur revient toujours aux fautes des tiens… sauf quand l’adversaire a profité de son avantage jusqu’à péter le ballon au fond de tes filets ! Songe atroce, mais soit :  » Sans arbitre, pas de football ! « , comme le dit la pub… Pragmatiquement, c’est tout à fait exact. Par contre, du point de vue de l’éthique, si l’on réfléchit bien, ça sous-entend que notre joli sport est sacrément tordu, non ?

Le feeling de l’arbitre est rarement celui des deux camps.

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