Retours parfaits

Du plaisir sur le court et en dehors. Clijsters et Henin sont magistralement en train de reconquérir leur place au soleil.

Pendant qu’une Belgique B se présentait en victime consentante le week-end dernier face à l’équipe américaine en Fed Cup, nos deux stars Kim Clijsters et Justine Henin se remettaient de leurs victoires récentes et préparaient déjà Roland Garros.

L’équipe américaine, on le sait, avait fière allure, tandis que la belge… bof ! Décevant, mais c’est comme ça. Le public belge passe tous les caprices de ses deux stars qui, il est vrai, sont revenues de très loin.

Les 20 mars et 3 avril, Clijsters remportait coup sur coup les tournois d’Indian Wells et de Miami. Dans le premier, elle battait Lindsay Davenport en finale (6-4 4-6 et 6-2) et dans le second Maria Sharapova 6-3 7-5. Henin s’imposait à Charleston le 17 avril en battant Elena Dementieva en finale 7-5 6-4.

 » J’ai l’impression que Kim frappe encore plus fort la balle qu’avant sa blessure « . Ces paroles d’une Amélie Mauresmo stupéfaite sont éloquentes. La Française, numéro 2 mondiale, a gagné un jeu contre Kim en demi-finale de Miami.  » Souvent, c’est moins la force avec laquelle on frappe que le placement de la balle qui compte. Je pense qu’en ce moment de reprise, j’excelle de ce point de vue « , a répliqué la Limbourgeoise.

Et comment ! Elle avait déjà surpris tout le monde à Indian Wells en s’adjugeant ce deuxième tournoi après son retour à la compétition. A Miami, Clijsters a remis le couvert.

 » J’étais déjà surprise par mon niveau à Anvers. De là, j’ai rejoint Indian Wells. Je me sentais bien à l’entraînement mais de là à transposer cette forme dans mes matches et à remporter le tournoi, il y avait une marge. C’était déjà incroyable et voilà que je gagne aussi à Miami. J’éprouve du plaisir sur le court et la vie en dehors me plaît particulièrement aussi. C’est la combinaison parfaite « , concluait Kim Clijsters, en tentant de trouver une explication à ses succès subits.

Après sept mois d’absence, sa soif de jouer allait de soi mais pas un tennis aussi admirable. Elle a balayé ses adversaires, grâce à un excellent jeu de jambes.

 » Pendant ma rééducation, j’ai essayé d’améliorer ma condition. C’était facile puisque seul mon poignet était plâtré « .

A son retour, elle a renvoyé au vestiaire des joueuses du Top 10 comme Davenport, Anastasia Myskina, Dementieva, Mauresmo et Maria Sharapova. Du coup, le manque de variété et de structure du jeu de la plupart des vedettes féminines a sauté aux yeux.

On oublie le virus

Le tennis dur et rythmé des Russes a joyeusement été contré par la polyvalence belge, un atout que Justine Henin a également exploité à Charleston pour son deuxième tournoi en battant notamment Dementieva après Davenport.

La pupille de Carlos Rodriguez était heureuse, à juste titre, de ce retour réussi dans le circuit :  » J’ai vite été surprise par le niveau de mon tennis. Cette histoire de virus appartient au passé et je ne regarde que l’avenir. Je ne me compare pas à ce que j’étais car c’est une perte de temps. J’ai été numéro 1 mondiale pendant pratiquement un an, mais c’est le passé. Je dois regarder devant « .

La nouvelle résidente monégasque mérite ce bonheur après une année de poisse. Mais ce qui était frappant, d’entrée, c’était la facilité avec laquelle nos deux Belges se sont réadaptées au plus haut niveau dès qu’elles ont été en forme physique. Face à des joueuses dont la puissance est la caractéristique essentielle, elles ont pu sublimer leur jeu technique et rapide grâce à leur dimension tactique supérieure qui fait défaut au reste de l’élite.

Ainsi, en finale de Miami contre Sharapova, Clijsters s’est aisément adaptée aux conditions météorologiques difficiles. Elle a fait preuve de patience et poussé son adversaire à la faute :  » Il fallait changer de tactique à tous les coins du court mais ça m’a bien réussi « .

En extrapolant la valeur des trois tournois concernés et en analysant les victoires des Belges, on ne peut faire que s’empresser de cocher la date du 23 mai 2005, début de Roland Garros.

Grâce à sa victoire à Miami, Clijsters marche par exemple dans les traces de son idole Steffi Graf. L’Allemande est la dernière à avoir gagné les tournois d’Indian Wells et de Key Biscane durant la même saison. C’était en 1994. Dans le paysage tennistique actuel, Clijsters ne peut être aussi dominante que Graf, mais celle qui remporte l’officieux cinquième tournoi du Grand Chelem sans concéder le moindre set peut sans conteste voir plus loin. Et puis il y a Justine…

Filip Dewulf

Les Belges possèdent UNE DIMENSION TACTIQUE supérieure au reste de l’élite

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