RETOURS AU JEU À LA BELGE

Anderlecht et Bruges ont retrouvé avec succès nos fameuses recettes tactiques d’autrefois.

1. Dix contre onze

Emilio Ferrera : On affirme souvent qu’une équipe se retrouvant à dix, comme ce fut le cas d’Anderlecht après l’exclusion de Glen De Boeck contre le Celtic, joue mieux. Elle se réorganise, c’est certain, resserre les mailles du filet mais un autre élément très important entre en ligne de compte : l’arbitrage. J’ai souvent constaté, et ce fut le cas lors de la magnifique soirée de mardi passé au stade Constant Vanden Stock, que l’équipe privée d’un élément bénéficiait, par la suite, d’une façon ou de l’autre, des faveurs du directeur de jeu. Ce fut le cas, précédemment du Bayern Munich, à Anderlecht, après l’exclusion de Claudio Pizzaro. Des petites fautes de l’équipe diminuée ne sont pas signalées. L’arbitre donne ainsi l’impression de culpabiliser (je me demande pourquoi), de regretter sa décision, de fermer les yeux afin de ne pas enfoncer définitivement l’équipe pénalisée. J’ai déjà vécu cela avec le Lierse. L’avantage de jouer à dix contre onze, cela dure quelques secondes, le temps d’exclure le fautif et de reprendre le jeu. La carte rouge encaissée par Glen De Boeck était la conséquence logique de deux interventions fautives. Si Anderlecht était resté à onze, je suis persuadé que l’arbitre autrichien, Fritz Stuchlik, aurait siffléun penalty pour une faute sur Henryk Larsson. Cela dit, suite à la judicieuse décision d’Hugo Broos de ne pas remplacer un attaquant par un défenseur mais bien de jouer à trois derrière, l’organisation du jeu fut plus équilibrée. Paradoxalement, c’est plus facilement à trois qu’à quatre. Quand on joue à quatre, un des backs monte et cela réclame constamment un réajustement tactique. A trois, c’est plus stableet constant car personne ne quitte son domaine.

2. Comme au bon vieux temps

Par la force des choses, Anderlecht a joué avec trois arrières alors que ce fut un choix de départ de Bruges. Les deux formations m’ont plu par leur engagement, leur foi, leur travail, leur calme, leur vision tactique. Anderlecht et Bruges ont marqué en exploitant les avantages d’une reconversion tactique ultra rapide. Cela m’a fait penser à la façon de faire des glorieuses années 70 et 80 du football belge. Le mouvement victorieux de Bruges fut aussi précis, merveilleux que fulgurant. Philippe Clément a bien lancé Ivan Gvozdenovic qui avait vu Sandy Martens à droite mais préféra isoler intelligemment Andres Mendoza à gauche. C’était déjà beau, la suite fut géniale avec ce tir du revers du pied gauche. Il fallait oser face à un gardien de la taille et du talent de Dida. A mon avis, Andres Mendoza est meilleur dans l’axe, comme à l’AC Milan, que sur l’aile où il a perdu du temps. Le but anderlechtois fut aussi rapide mais amorcé sur l’aile droite, pas dans l’axe : raid de Christian Wilhelmensson, reprise d’Aruna Dindane. Du grand art qui prouve une fois de plus qu’Anderlecht est devenu, c’est un constat, pas une critique, une équipe de contres.

3. Andres Mendoza et Aruna Dindane

Andres Mendoza a d’abord un pied gauche dit-on parfois. A mon avis, il vaut mieux avoir une qualité phénoménale que d’être moyen dans tout ce qu’on exige de la part d’un footballeur. Mendoza est un artiste, c’est ce qui compte. Aruna Dindane aussi mais je trouve qu’Anderlecht dépend plus de sa perle que Bruges. Aruna Dindane est, en quelque sorte, la base de tout chez les Mauves. Ce n’est pas un buteur mais bien l’âme du système mauve. Tout est fonction de lui alors que Bruges peut se passer d’Andres Mendoza ou d’un autre. Le Real Madrid peut évoluer sans Luis Figo ou même Zinedine Zidane mais Anderlecht ne serait pas Anderlecht sans Aruna Dindane.

4. La cinquième journée

Anderlecht et Bruges ont restauré leurs ambitions en passant bien le cap important de la troisième journée de la Ligue des Champions. Le prochain tournant sera le cinquième et avant-dernier rendez-vous. Anderlecht le négociera en recevant Lyon tandis que Bruges se rendra au Celta Vigo. Ce sera moins délicat pour les Bruxellois que pour les Brugeois. Rien n’est fait dans les différents groupes mais je retiens une fois de plus la maigre récolte d’Arsenal tandis que la mise à l’écart d’Hector Cuper à l’Inter n’a servi à rien.

Propos recueillis par Pierre Bilic

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