Retour aux traditions ?

Après la dernière édition, turbulente, les Internationaux de France retrouveront-ils leurs valeurs sûres ? Rafael Nadal et Justine Henin l’espèrent bien.

Il y a deux ans, on avait présenté à cor et à cri le nouveau projet concernant Roland Garros. Le stade Georges Hébert, sis à 500 mètres de l’infrastructure de la Porte d’Auteuil, allait être transformé en troisième court central, muni d’un toit coulissant. Confronté à une concurrence plus innovatrice, à des retransmissions TV trop souvent chamboulées à cause des caprices de la météo et à une infrastructure étriquée, Roland Garros avait un besoin urgent de s’étendre et de rénover ses installations. Las, comme lors des années précédentes, le célèbre tournoi a été victime des protestations des riverains et a abouti dans une impasse politique. L’arrondissement s’est opposé à l’agrandissement du stade. Récemment, le maire de Paris, Bernard Delanoë, a ouvert une nouvelle piste, proposant d’attribuer provisoirement les terrains du Bois de Boulogne à Roland Garros.  » La Fédération française ne doit quand même pas prendre de décision à court terme « , s’est-il interrogé, faussement innocent.

La FFT a laissé éclater sa colère :  » Nous avions un accord nous permettant de couvrir l’ancien central et d’en accroître la capacité mais ce maire incapable a tout retardé.  » Il semble donc que tout reste en l’état. En d’autres termes, attendez-vous à des allées surpeuplées, à des tribunes combles et à des interruptions régulières en fonction des averses.

Roland Garros a appris à faire avec, comme il s’est accommodé de la hiérarchie instaurée par Rafael Nadal et, dans une moindre mesure, par Justine Henin. Tous deux ont remporté l’Open français à quatre reprises, notre compatriote ayant retrouvé sa faim de tennis après une pause de deux ans. Wimbledon constitue son principal objectif mais elle ne laissera jamais tomber son cher Roland Garros. Il y a quelques semaines, à Stuttgart, elle a encore démontré son art de la terre battue, même avec neuf doigts. A Madrid, il y a dix jours, elle a été victime d’un grain de sable qui a enrayé la machine. Une maladie lui a joué des tours et l’a contrainte à abandonner son brevet d’invincibilité contre Arevane Rezai. La concurrence est à l’affût du moindre signe de faiblesse…

Nadal s’était heurté aux limites de son corps

Nadal en sait quelque chose. Il est le spécialiste par excellence de la terre battue. En 2007, à Hambourg, Roger Federer avait mis fin à une série de 81 victoires sur cette surface. La saison dernière, il était en bonne voie pour améliorer le record de Björn Borg – quatre Coupes des Mousquetaires d’affilée – mais il s’est heurté au Suédois RobinSöderling et aux limites de son corps. Une surcharge des genoux lui a valu une sortie pénible et une fin de saison prématurée. Rafa a bien retenu la leçon :  » L’année dernière, je jouais trop bien et ne parvenais pas à m’arrêter. Je me suis adjugé Monaco, Barcelone, Rome et je ne pouvais pas fléchir dans un tournoi aussi important que Madrid.  » Sa demi-finale épique contre Novak Djokovic, disputée en trois sets pendant quatre heures trois minutes, et sa défaite en finale contre Federer, le lendemain, ont fait déborder le vase. Nadal et son corps étaient épuisés à l’heure de défendre son hégémonie à Paris.

Cette année, l’Espagnol a délaissé le tournoi de Barcelone, qu’il a remporté cinq fois d’affilée. Frais mentalement et physiquement, il est redevenu le maître qui donne des leçons. Il a été le meilleur à Monaco, à Rome et il a disputé à Madrid son dernier tournoi de préparation. Rien n’indique qu’il ne soit pas en mesure de rétablir la hiérarchie à Paris. Federer, le tenant du titre, est pâlot ce printemps, ses compatriotes FernandoVerdasco et DavidFerrer ont grimpé les échelons à toute allure mais ne devraient pas le menacer, pas plus qu’un quelconque outsider.

La troisième meilleure joueuse sur terre : Samantha Stosur.

Un nouveau sacre de Henin paraît moins évident. A Stuttgart, elle a échappé de justesse aux crocs de la panthère serbe Jelena Jankovic, à nouveau surmotivée. La joueuse de 25 ans a atteint la finale de Rome, battant au passage les s£urs Williams. Un exploit. Le duo américain constitue évidemment un cas à part. Serena n’avait plus joué depuis la finale de l’Open d’Australie fin janvier, ce qui ne l’a pas empêchée d’étaler sa rage de vaincre, sa puissance et sa condition au Foro Italico. Venus apprécie moins la terre battue mais constitue toujours une adversaire redoutable. Il faut encore tenir compte de la troisième meilleure joueuse sur terre, Samantha Stosur. La spécialiste australienne du double dispose d’un service rapide, un coup droit bourré d’effets et un corps solide. L’Espagnole Maria Jose Martinez Sanchez a également émergé, malgré son style peu orthodoxe : avez-vous déjà vu beaucoup de femmes user de dropshots, distiller les services et volleyer de cette façon ? Elle peut constituer une surprise. En revanche, KimClijsters est out et YaninaWickmayer suscite maintes interrogations. Jouera-t-elle à Paris et si oui, dans quel état ? Dans des conditions normales, elle aurait toutes les chances d’atteindre les demi-finales mais il faut patienter.

Durant ces deux semaines, Henin sera donc sa principale ennemie. Durant le premier volet de sa carrière, elle a eu les meilleures jambes, les mains les plus douées et le cerveau le plus efficace à Roland Garros. Mais pendant les cinq premiers mois de son retour, elle n’a pas toujours été à sa propre hauteur. Reverrons-nous la Justine d’antan à partir de la semaine prochaine ?

par filip dewulf – photos: reuters

Justine a-t-elle toujours les meilleures jambes, les mains les plus douées et le cerveau le plus efficace ?

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