Retour au sommet

Peut-on continuer à rêver ?

Suite à cet extraordinaire US Open féminin du point de vue purement belge – car la vision générale force à signaler que le niveau était assez faible -, on est en droit de se demander si les joueuses belges vont à nouveau dominer le tennis mondial comme elles l’avaient fait dans les années 2003-2007, lorsque Justine Henin et, déjà, Kim Clijsters, raflaient bon nombre de titres importants, dont huit du Grand Chelem ?

Clijsters va-t-elle continuer à s’amuser ?

Dès l’annonce de son retour à la compétition, on a signalé dans ces colonnes qu’il ne lui faudrait pas longtemps pour retrouver le Top 5. Impression confirmée après les tournois de Cincinnati et de Toronto, où elle avait tout de même battu trois Top 10 et mené la vie dure aux première et quatrième mondiales : la Russe Dinara Safina et la Serbe Jelena Jankovic. Il était évident que seul le manque de compétition expliquait ces défaites et que quelques succès suffiraient à la remettre dans la bonne direction. Très franchement, on pensait qu’il faudrait un peu plus de temps que cela mais, dès l’US Open, Clijsters a clairement démontré qu’elle était, avec Serena Williams (USA, WTA 2), sa victime de demi-finale, et sa s£ur Venus (WTA 3) l’une des trois meilleures joueuses du monde.

Comment expliquer un retour aussi rapide ? Il y a tout d’abord le talent intrinsèque de la Limbourgeoise. Toujours puissante, elle a aussi manifestement gagné en vélocité et en mobilité. Elle bouge mieux qu’avant, c’est avéré. Tactiquement, elle a fait preuve, surtout face à Serena, d’une lucidité sans faille. Elle n’use et n’abuse plus de sa puissance mais parvient à la distiller de manière intelligente. Enfin, Kim est sereine. Ou, du moins l’a été jusque maintenant. Pour elle, il s’agit encore de  » vacances « , il faudra voir comment elle va réagir maintenant qu’elle a conscience de sa capacité à gagner les Grands Chelems. Mais, entourée de sa famille et de son équipe, elle devrait être capable de gérer tout cela avec une maturité mâtinée d’expérience. Ensuite, le tennis féminin n’a quasi pas évolué depuis son départ et elle n’a donc pas été surprise par un jeu différent ou par des joueuses dominantes.

Donc, pour ce premier axe, la réponse est clairement affirmative : Kim est déjà dominatrice. Reste à voir si elle aura envie de jouer assez de tournois pour ravir la pole position.

Le nouveau statut de Wickmayer

Les performances de Yanina à New York sont tout bonnement exceptionnelles. Non pas par la valeur de ses adversaires successives mais par la capacité qu’a eue la joueuse belge, montée à la 21e place, de gérer l’émotion générée par une telle situation. Il est parfois bien plus compliqué de battre une joueuse à sa portée que de vaincre une star face à laquelle on n’a rien à perdre. En ce sens, le parcours de la jeune tenniswoman mérite un énorme coup de chapeau. Mais il ne faut pas non plus s’emballer : un tel tableau ne se présente que très rarement et, dans le prochain Australian Open, elle devra battre plusieurs Top 20, voire quelques Top 10 pour se retrouver à pareille fête. Or, pour le moment, Wickmayer n’a pas encore battu de joueuses classées dans les dix premières (cinq défaites sur cinq matches) et n’a encore vaincu qu’une Top 20 (sur neuf rencontres).

La prochaine étape passera donc fatalement par les confrontations avec les meilleures. Qu’elle va évidemment croiser beaucoup plus souvent puisque son nouveau classement va lui permettre d’entrer dans tous les tournois – même les hivernaux qui ne réunissent que peu de compétitrices. Autre avantage : elle sera désormais tête de série dans les tournois du Grand Chelem et dans la plupart des épreuves auxquelles elle prendra part. Enfin, sa demi à l’US Open lui a certainement ouvert encore plus grands les yeux et l’appétit.

Reste maintenant à voir comme Yanina va digérer son nouveau statut : elle sera la fille à battre et non plus l’outsider. Une position agréable, certes, mais qui peut se révéler émotionnellement pénible.

La réponse au deuxième axe est donc plus prudente : Wickmayer a les capacités de se maintenir dans le Top 20. Mais il faut attendre encore un peu avant d’en faire une dominatrice potentielle.

Justine attend la terre battue

Le retour aux affaires de la Rochefortoise est sur toutes les lèvres. Lors d’une conférence de presse tenue la semaine dernière, Justine a rétorqué :  » Si j’ai quelque chose à dire à ce sujet, je le ferai mais je n’ai pas de commentaires à faire pour l’instant.  » Cette réponse en dit long. S’il s’était agi d’une rumeur infondée, Justine aurait pu la démentir en 10 secondes :  » Ce sont des sottises, il n’est pas question que je revienne.  » Par contre, on peut penser qu’elle n’est pas encore certaine de sa décision et qu’elle veut se tester dans de vraies conditions. L’exhibition de Charleroi à laquelle elle prendra part en décembre lui ouvrira les yeux. Le choix même de ses adversaires en dit long : Flavia Penetta (ITA, WTA 10), Alizée Cornet (FRA, WTA 38) et Kirsten Flipkens (BEL, WTA 93)… Soit des joueuses qui ne devraient pas faire de l’ombre à Henin, mais bien lui permettre de jauger sa valeur. Cela pour dire que Justine devrait effectivement revenir aux affaires mais sans doute plutôt pour la saison de terre battue, sa préférée.

Si tel était le cas, alors, oui, le tennis féminin belge reprendrait sa domination avec deux joueuses du Top 5 et une au grand potentiel. Sans oublier Kirsten Flipkens, qui a tout de même été au troisième tour à New York. Le rêve quoi…

par patrick haumont – photo: reporters

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