Retour à la case départ

 » La boucle est bouclée « , observe DidierSegers (50 ans ce 21 février) tandis qu’il nous accueille au ‘tfaillissement, le café qu’il exploite en face de l’église de Duisburg, l’un des hameaux de Tervuren.  » J’ai commencé à jouer au football ici, au New Star, en 1974, et voilà que j’y suis revenu, à présent, comme tenancier.  »

Quatre décennies séparent ces deux instantanés, au cours desquelles notre homme a pas mal bougé. Du club de ses débuts, il est passé tour à tour au RWDM (1980-84), le Stade Louvaniste (1984-87), le Lierse (1987-92), l’Antwerp (1992-94), le FC Malines (1994-97), Lommel (1997-2003) avant d’user ses derniers crampons à Schoten.

 » Après ma carrière, j’ai d’abord repris la librairie de mon beau-père à Lierre « , dit-il.  » Puis j’ai exercé la même activité à Duffel avant d’opter pour l’horeca. Ce devait être inscrit dans mes gènes car ma grand-mère a tenu pendant des années le CaféduParc à Molenbeek. Mon premier argent de poche, je l’ai gagné là-bas en servant de temps en temps.  »

Dans sa nouvelle enseigne, difficile de ne pas relever quelques réminiscences à son passé de footeux. Comme un maillot vintage du GreatOld anversois, avec les signatures de tous les joueurs qui, à son image, ont disputé la finale de la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe, à Wembley, face à Parme.  » Peu de Belges peuvent en dire autant. Même si nous avons perdu ce soir-là, cela reste mon plus beau souvenir.  »

Sur le comptoir, un album, regorgeant de photos et de coupures de presse, retrace sa longue trajectoire sportive. Régulièrement, d’anciennes connaissances font halte chez lui pour évoquer le bon vieux temps. Tel BennyCumps, avec qui il a fait ses premiers pas en classes d’âge, ou encore MichelNoben, son ex-coéquipier à Lommel.  » Quand il y a cyclocross à Diegem, il s’arrête toujours ici avec ses potes, aussi férus de labourés que lui « , dit-il.

Mais indépendamment des amis, la plupart des clients sont des jeunes. Soit du KVTD (Koninklijke Vereniging Tervuren-Duisburg), pensionnaire de P2 brabançonne, dont Didier Segers et son établissement sont sponsors, soit des non-footeux qui apprécient les heures d’ouverture tardives de l’endroit, a fortiori le week-end.

 » Il n’y a pas de dancing dans le village, alors une certaine frange apprécie de pouvoir déguster l’un ou l’autre verre, chez moi, jusqu’aux premières lueurs de l’aube. Cette ambiance me tient jeune, même si je suis passé d’un extrême à l’autre en troquant ma vie de libraire pour celle de patron de café. Dans le premier cas, ma journée était pour ainsi dire finie à 19 heures. Maintenant, à ce moment-là, elle ne fait quasi que commencer.  »

Notre interlocuteur ne sait pas trop l’origine de son enseigne. Car aussi loin qu’il s’en souvienne, ‘tfaillissement a toujours existé sur la place de Duisburg.  » Une chose est sûre : le nom n’est pas du tout lié aux tribulations des différents clubs que j’ai fréquentés « , rigole-t-il. Et c’est vrai que leur parcours n’a rien d’un long fleuve tranquille : le RWDM et Lommel ont bel et bien fait faillite, le Stade Louvain s’est acoquiné avec Oud-Heverlee pour survivre, tandis que le Lierse et l’Antwerp filent du mauvais coton.

 » Je ne suis plus vraiment de près l’actualité footballistique « , souligne le presque quinquagénaire.  » Ma seule connexion, c’est le KVTD, où il m’arrive encore de dépanner de temps à autre comme entraîneur des jeunes. Mais par intermittences seulement car mes genoux ne me permettent plus une activité physique soutenue. On m’a conseillé de faire de la natation pour rester en condition. Mais l’eau, c’est pas vraiment mon truc.  »

PAR BRUNO GOVERS

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