Rester LIBRE

Back droit avec Anderlecht en ligue des Champions il y a quatre ans, Manu Pirard caracole à nouveau après plusieurs blessures.

La D1, c’est apparemment bel et bien terminé pour Manu Pirard (30 ans). L’ex-sociétaire d’Anderlecht a signé à Montégnée, club de Promotion dans lequel il a évolué quand il avait 22 ans. Sa nouvelle formation, entraînée par son beau-père Alexandre Chteline et domine aisément les débats dans de la série. Il nous expose les raisons des bonnes performances de son club et celles qui ont déterminé son choix.

Manu Pirard : Ces bons résultats sont en grande partie dus au recrutement. La base de l’équipe a été conservée. Il n’y a pas eu de raz-de-marée au niveau joueurs. Seulement quatre ou cinq éléments ont été ciblés par notre manager, Carmelo Iemmolo. Il s’occupe des transferts et a en charge les Espoirs. Il a aussi en quelque sorte son mot à dire au sein du club. Mais c’est toujours l’entraîneur qui fait les derniers choix. C’est peut-être un peu déplacé de le complimenter étant donné le fait qu’il soit mon beau-père. Mais c’est vraiment quelqu’un qui a une certaine connaissance du foot de haut niveau. Il a fait partie du staff du Dinamo Kiev et a dirigé des équipes turques, géorgiennes et d’autres formations ukrainiennes. Nos rapports sont logiquement bons mais on reste distants. On ne discute pas de foot et je ne suis pas un privilégié. On a chacun sa vie car on ne vit pas sous le même toit. Mais en dehors du foot, on est proches. Il a quand même épousé ma mère il y a 17 ans…

L’objectif de cette saison est clairement le titre, n’est-ce pas ?

Oui, tout à fait. Si on n’est pas champion, on ne devra s’en prendre qu’à nous-mêmes. Il n’y pas d’autres grosses cylindrées capables de nous inquiéter. Je pensais que Couillet aurait pu jouer ce rôle mais il a raté son début de saison. Il y aura peut-être quelques outsiders. On a failli réaliser une bonne Coupe de Belgique et on aurait pu tomber face à Anderlecht si on n’avait pas été éliminé par Bocholt !

Quelle est la tactique appliquée par Chteline ?

Il n’y pas de système précis. On joue la plupart du temps à quatre derrière en ligne. Le système peut alors passer d’un 4-3-3 en 4-4-2 ou inversement. Notre équipe a une forte vocation offensive comme beaucoup de joueurs de Montegnée. L’équipe est très bien équilibrée. Il y a effectivement un élément d’expérience dans chaque ligne. On peut prendre les exemples de Pedro Gomez au goal et de Marco Licata devant qui est un véritable renard des surfaces qui ferait du bien à toutes les équipes. Il a déjà inscrit une dizaine de buts et délivré cinq ou six assists. J’évolue normalement comme demi droit mais je me suis récemment blessé à la cheville. Je ronge donc mon frein. C’est vraiment embêtant car quand on se fait engager, c’est pour jouer. J’essaye de me détacher de ma situation un maximum.

Comment votre transfert s’est-il réalisé ?

Je suis venu principalement par amitié pour un peu aider le club à monter. Je connaissais aussi Iemmolo et j’avais recommencé à m’entraîner à Montegnée lorsque j’avais été indisponible pendant un an. C’est un véritable challenge mais je n’ai pas eu le choix. J’aurais pu sonner à toutes les portes de la D2 et D3 mais je ne suis pas quelqu’un qui aime se vendre. Je n’ai pas eu d’autres offres en fait. J’ai donc décidé de tourner la page du football professionnel. Quand je me suis blessé à Anderlecht, je savais que c’était déjà terminé. C’est quand même frustrant d’évoluer si bas. On se rend réellement compte de la bêtise des gens. Je ne suis pas Enzo Scifo et le fait d’avoir évolué en D1 quelque temps suffit pour se faire insulter gratuitement. Si je suis descendu, c’est pour prendre du plaisir et pas le contraire ! L’ambiance au sein du club reste a fortiori familiale. Je connaissais le staff, l’ouvrier qui s’occupe des terrains et fatalement mon entraîneur.

La galère à Visé

Quelle était votre situation avant de parapher votre contrat ?

J’ai essayé de rester à Visé en D2 mais l’équipe ne m’a pas convaincu. On n’a engrangé que très peu de points et j’ai vite compris que l’aventure ne devait plus durer. Je préfère jouer la tête en Promotion que le maintien en D2. J’aurais souhaité être engagé par un club comme Tubize. Je veux pouvoir espérer en commençant une saison. Même une équipe de D2 du ventre mou du classement ne m’aurait pas convenu. Sur base de mes qualités, j’aurais peut-être pu rêver mieux. En fin de saison passée, j’étais libre et je ne voulais pas attendre fin août pour partir, comme l’année d’avant. J’ai eu un contact concret avec Ostende. J’avais en effet obtenu un accord oral avec Gilbert Bodart. Il m’a certifié qu’Ostende me voulait depuis janvier et qu’on me transférerait quoi qu’il arrive. Que le club monte ou pas. Mais une fois le tour final atteint, je n’ai plus eu de nouvelles. Bodart n’a pas tenu ses engagements et je n’ai pas peur de le dire. Je ne veux pas commencer à dépendre de personnes du monde du football. C’est un cercle vicieux et je veux rester libre de toute contrainte.

Votre expérience à Visé a été perturbée par des blessures.

Oui, c’est vrai. La première saison était normalement celle du titre. J’étais arrivé en janvier 2003 d’Anderlecht, Bodart nous entraînait et le président, Guy Thiry, était très ambitieux. Mais je me suis blessé J’ai été tacklé par derrière et j’ai eu les ligaments déchirés à la cheville gauche après cinq matches. Ma saison était d’ores et déjà finie. L’an dernier, je me suis blessé après seulement cinq rencontres aussi mais je suis parvenu à revenir pour le second tour.

Quels souvenirs conservez-vous de votre expérience à Anderlecht ?

Que des bons ! Car je n’ai été écarté qu’en raison de mes blessures. La première saison a été celle de l’adaptation et durant la deuxième, j’ai joué des matches de Ligue des Champions. J’étais sur le banc lors du match perdu au Real. Mais cela reste un grand souvenir. Par la suite, j’ai dû subir une intervention au niveau de mes adducteurs. Je n’ai dès lors plus joué pendant huit longs mois. Puis, Aimé Antheunis a été remplacé par Hugo Broos. Je n’entrais apparemment pas dans ses plans vu qu’il a transféré Michal Zewlakov. Je revenais aussi de blessure. Broos voulait que je m’entraîne deux fois par jour mais ma rééducation ne me le permettait qu’une fois. Il n’était absolument pas d’accord. Il m’a donc versé dans le noyau B avec une demi-douzaine de joueurs et en janvier 2003 j’ai atterri à Visé.

Eprouvez-vous des regrets ?

D’une part je reste un peu sur ma faim. Car mon aventure anderlechtoise s’est arrêtée à cause de mes blessures et non parce que j’étais insuffisant. D’autre part, à 23 ans, je jouais encore en Provinciales. Puis, ma carrière a pris une ascension fulgurante. Je me suis retrouvé à 26 ans à Anderlecht ! Je ne disais pas que je jouais en D1 mais plutôt au Sporting. Car entre l’élite et Anderlecht, il y a encore un pas à franchir. Les échéances se suivaient sans discontinuité. On voyageait beaucoup. Parfois, quand on était à l’étranger, on se levait à six heures pour prendre l’avion pour la Belgique. Et à 14 heures, on s’entraînait déjà au club. C’était très exigeant !

Comment voyez-vous votre avenir ?

J’investis dans l’immobilier. J’ai une société immobilière qui s’occupe d’achats et de locations. Je suis également une formation en administration et pour apprendre des langues. Je vis à Tongres depuis 2000. C’est donc une immersion totale. Je souhaite peu à peu me détacher du foot pour avoir une vie un peu plus normale.

Tim Baete

 » Bodart m’avait certifié qu’OSTENDE ME VOULAIT  »

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