Rester en D1

Voici les anciens pros qui ont réussi à travailler en première division.

Le poste le plus convoité est évidemment celui d’entraîneur principal : dix coaches actuels de D1 ont autrefois joué parmi l’élite belge. 11 adjoints y ont aussi évolué. Mais, statistiquement, c’est comme entraîneur d’une équipe d’âge qu’un ancien footballeur pro a le plus de chances de se recycler s’il tient à rester en D1. Plus étonnant : on peut s’offrir une nouvelle vie comme président, manager, directeur commercial, médecin, chauffeur de car ou homme d’entretien. Partons à la découverte des petits et grands boulots d’anciens acteurs de notre D1.

Francky Vandendriessche {Mouscron}: Il a abrégé sa carrière pour un nouveau défi : entraîneur des gardiens

Francky Vandendriessche (36 ans) a disputé 308 matches de D1 belge avec Waregem, Mouscron et le Cercle. Il a aussi joué un match avec les Diables Rouges.

« C’était comme un cadeau qui tombait du ciel  » : Francky Vandendriessche n’a pas dû réfléchir longtemps quand Mouscron lui a proposé, en février dernier, de devenir entraîneur des gardiens du noyau A dès l’été.  » J’avais encore un an de contrat au Cercle mais l’envie n’y était plus. J’ai vite trouvé un accord pour terminer notre collaboration en fin de saison. J’avais l’occasion de revenir dans le club de mon c£ur : l’Excel. Si je compare mes années ici avec ce que j’ai vécu au Cercle, c’est le jour et la nuit. Je ne me suis jamais épanoui là-bas. Qui sait que nous avons terminé la saison passée avec la deuxième défense de D1, derrière Anderlecht ? Personne car on n’a pas arrêté de me montrer du doigt et le public pense que j’ai laissé passer beaucoup de ballons. J’étais même la bête noire des supporters du Cercle. Je n’avais plus confiance en moi et ça explique certains buts gags dont on a beaucoup parlé. Je n’avais pas envie de prolonger l’expérience « . Son état physique a achevé de le convaincre :  » Les entraînements étaient de plus en plus difficiles pour moi. En peu de temps, j’ai été opéré deux fois des ligaments du genou : ça use « .

Alors qu’il jouait encore, Vandendriessche possédait déjà le diplôme d’entraîneur de gardiens délivré par l’Union Belge. Le style académique, par contre, il ne l’a jamais possédé. On pourrait donc croire qu’il n’a pas le profil pour exercer ce boulot de préparateur.  » Qu’est-ce qui est le plus important ? Faire du show et de beaux mouvements, ou arrêter des ballons ? Moi, j’ai choisi. Aujourd’hui, j’ai l’avantage d’encore maîtriser les réflexes du gardien de D1 et cela m’aide dans mon boulot avec Mark Volders. Je suis fier quand j’entends qu’il dispute actuellement la meilleure saison de sa carrière. Il a le niveau pour faire partie du groupe des Diables « .

Daniel Mathy {Charleroi}: Le boss de Laquait est son plus grand admirateur.

Daniel Mathy (60 ans) a disputé 116 matches de D1 belge avec Charleroi et le Standard dans les années 60 et 70.

D aniel Mathy a gagné trois titres de champion avec le Standard – même s’il était le plus souvent sur le banc. Il a côtoyé Jean Nicolay et Christian Piot et y a entraîné un Michel Preud’homme haut comme trois pommes. Mais son c£ur est à Charleroi : il effectue son sixième séjour au Sporting. D’abord chez les jeunes, ensuite dans le noyau pro, et aujourd’hui dans le staff. Lors des cérémonies du centenaire du club, il en a été élu Gardien du Siècle. Ce multiple champion de Belgique de balle pelote bosse au quotidien avec Bertrand Laquait :  » Le meilleur du championnat. Sans discussion. Il est le plus fort sur le terrain, le plus pro en dehors. Il rassure toute l’équipe. Il a la classe, l’efficacité, des réflexes extraordinaires, un démarrage unique sur les trois ou quatre premiers mètres. Un grand Monsieur « .

Le préparateur des gardiens carolos a formé notamment Jonathan Bourdon et Michaël Cordier, qui ont dû quitter le Sporting pour pouvoir s’exprimer en D1. Il se souvient sans aucune nostalgie des conditions de travail qu’il rencontrait pendant sa propre carrière :  » Cela n’avait rien à voir avec ce qu’on offre aux gardiens aujourd’hui. Au Standard, qui écrasait pourtant le championnat de Belgique à l’époque, j’étais entraîné par un prof de gym. Au fil des années, tout est devenu beaucoup plus spécifique. Il faut toujours posséder une grande souplesse naturelle et des muscles élastiques pour avoir une chance de faire une belle carrière de gardien. Mais le fait de bosser avec un entraîneur particulier permet d’éliminer beaucoup de petits défauts de départ. L’idéal est de se consacrer à ce poste dès que l’on est Minime. Moi, je travaille beaucoup au feeling. Le plus souvent, j’improvise quand je me retrouve sur le terrain d’entraînement : je mets une fois l’accent sur la détente, une autre fois sur les sorties dans les pieds, le lendemain encore sur autre chose. Quand on fait ce métier, c’est bien d’écouter son instinct « .

Patrick Asselman {Dender}: T2 de la lanterne rouge après des sommets avec le Standard

Patrick Asselman (39 ans) a disputé 163 matches de D1 belge (33 buts) avec Malines et le Standard dans les années 80 et 90. Il a aussi joué à Maritimo Funchal (Portugal).

Dender, c’est Asselman Family. Il y a l’adjoint Patrick Asselman, ancien attaquant du Standard. Son oncle, manager commercial : un autre Patrick Asselman ! Un cousin délégué des Espoirs : Elliot Asselman. Et le père de l’ex-Rouche, Denis, a entraîné Denderleeuw (un des clubs ayant formé le FC Dender) durant plus de 15 ans.

 » J’ai terminé ma carrière dans ce club et il était logique que j’y travaille un jour « , dit Patrick.  » Après avoir stoppé, je me suis directement lancé comme entraîneur principal dans les divisions inférieures : Grammont, Bornem, Racing Malines. Quand Dender m’a proposé de devenir adjoint, il y a un an et demi, j’ai sauté sur l’occasion car ce club dégoulinait d’ambition. Plusieurs choses me frappent dans mon job : on ne ressent pas la pression des résultats qui torture un T1 et on prend plus facilement du recul. J’ai aussi un contact particulier avec les joueurs : ils me confient tout et je fais ensuite le tri entre ce que je peux dire et ne pas dire au coach principal. Et je sens un vrai respect de la part du vestiaire : les gars savent que j’ai fait un beau bout de chemin comme joueur et ils m’écoutent. C’est inévitable. Quand j’étais au Standard, on entendait voler une mouche dès qu’ Arie Haan prenait la parole « .

Asselman est persuadé qu’il reprendra un jour du service comme T1. Sera-t-il alors à l’image du joueur : un râleur de première, un caractère pas facile à vivre ?  » Mieux vaut avoir un sale caractère que pas de caractère du tout. Je reconnais que je n’étais pas un type facile. Cela s’expliquait par mon style : je provoquais les adversaires balle au pied, ils s’énervaient et me donnaient plein de coups. Alors, je réagissais et ça faisait des étincelles. Je ne supportais pas les injustices et je râlais beaucoup. Quand je suis devenu entraîneur, j’ai compris que je devais revoir certaines choses. Dès mes premiers entraînements, j’ai constaté que mes joueurs ne seraient jamais capables de faire ce que je leur demandais. Si j’avais réagi comme à ma période de joueur, le clash aurait été immédiat « .

Gunther Schepens {Gand}:

Bosser avec des jeunes, il aime. Avec des adultes, il craint.

Gunther Schepens (34 ans) a disputé 248 matches de D1 belge (45 buts) avec La Gantoise et le Standard dans les années 90 et au début des années 2000. Il a aussi joué à Karlsruhe (Allemagne) et à Bregenz (Autriche). Et il a porté 13 fois le maillot des Diables Rouges.

G unther Schepens porte deux casquettes à La Gantoise : coordinateur technique des jeunes et scout des adversaires au service de Trond Sollied. Question :  » Est-ce que ça te plaît ? » Réponse :  » Evidemment. Tu m’imagines faire quelque chose qui ne me plaît pas ? ».

Le type a toujours été entier, on ne l’a jamais surpris à tenir un double langage :  » Je ne changerai jamais et c’est pour cela que je me demande si j’ai un avenir comme entraîneur d’une équipe Première. Je ne dis pas que je ne le serai jamais, mais ce n’est certainement pas une ambition dans l’immédiat car je crains les problèmes. Je n’étais pas un joueur facile et je ne suis pas sûr que ça se passerait bien avec un groupe de 25 adultes. Bosser avec des gamins, par contre, c’est un plaisir. Je dois seulement veiller à leur remettre les pieds sur terre de temps en temps. Ils jouent deux bons matches puis ils se prennent déjà pour des petits dieux. Je déteste ça et ils le comprennent vite. Je vois une terrible évolution des mentalités chez les jeunes depuis une dizaine d’années. Et ce n’est pas positif. A leur âge, je n’avais pas encore ma grande gueule. On écoutait, on obéissait, il n’y avait pas de rebelles dans le vestiaire. Pourtant, nous étions plus forts que tous les gamins que je vois aujourd’hui à Gand et ailleurs « .

Schepens a dû arrêter sa carrière très tôt à cause de multiples problèmes de genoux. Pour meubler son temps aujourd’hui, il enchaîne aussi les apparitions télévisées. Toutes les trois semaines, il est consultant dans l’émission Studio 1 de la VRT. Il est aussi co-commentateur lors de matches de championnat diffusés par Belgacom TV et il est en studio lors des matches européens d’Anderlecht.

Stan Van den Buys {Standard}: Il voit tous les adversaires des Rouches et rapporte sans arrêt.

Stan Van den Buys (50 ans) a disputé 396 matches de D1 belge (21 buts) avec Berchem, le Lierse, le RWDM, Malines et Ekeren, dans les années 70, 80 et 90.

« Le scouting poussé à l’extrême est une des explications de la diminution de spectacle dans nos stades « , reconnaît Stan Van den Buys.  » Aujourd’hui, tout le monde sait tout sur tout le monde et beaucoup d’adversaires s’adaptent. Un staff peut commander sans problème les DVD de tous les matches du futur adversaire. C’est un problème pour une équipe comme le Standard, qui cherche en permanence à attaquer : tout le monde s’organise pour nous empêcher de développer notre jeu. Nous acceptons de prendre des risques dans tous nos matches alors que nos adversaires refusent parfois de jouer le même jeu et il arrive que cela nous coûte cher « .

Van den Buys est le scout attitré du Standard et visionne tous les adversaires :  » Je vois chaque équipe deux ou trois fois minimum, puis je rédige un rapport de sept ou huit pages dans lequel je détaille points forts, points faibles, jeu offensif, jeu défensif, jeu de contre-attaque, phases arrêtées. J’écris aussi une petite explication sur chaque joueur. Michel Preud’homme m’accompagne parfois. Et quand il n’a pas vu en direct l’équipe que nous allons affronter, il visionne au moins un match complet sur DVD après avoir étudié mon rapport « . Van den Buys ne se contente pas de ses missions en tribune, il va aussi sur le terrain d’entraînement :  » Je fais moi-même le compte rendu de mes missions aux joueurs et cela débouche parfois sur des exercices spécifiques qui doivent permettre au Standard de mieux aborder des phases précises durant le match. Le but est toujours le même : faire mal à l’adversaire en punissant ses faiblesses « .

Prochain match de championnat pour le Standard : contre Anderlecht. Les Mauves viennent de changer de coach :  » J’ai vu cinq fois le Sporting de Frankie Vercauteren. Il ne sera plus exactement le même avec Ariel Jacobs mais je ne dois pas jeter tous mes rapports à la poubelle. Jacobs ne va pas introduire quatre ou cinq nouveaux joueurs. Ce sera une légère évolution, certainement pas une révolution. Mais pour nous, ce limogeage est mal tombé car Vercauteren n’aurait eu aucune chance de nous surprendre par sa façon de disposer ses pions « .

par pierre danvoye – photos :reporters

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