Il y a trois mois, on exprimait un souhait teinté d’ironie.  » Fais-nous un triplé Jupp. Un, pas des. A 67ans, ce serait exagéré.  » Eh bien, trois mois plus tard, le triplé, il l’a fait. Et on se dit, dans la foulée, qu’il serait capable de faire des triplés. Le sport entretient la jeunesse. Pour certains, elle semble éternelle. Le secret ? La jouvence. Elle s’appelle victoire. Jupp Heynckes est entré dans l’Histoire. L’universelle. Celle qu’on raconte à nos bambins. Sa première finale européenne, il l’a coachée il y a… 33 ans. C’était avec le Borussia Moenchengladbach. Il en était l’entraîneur depuis un an. Déjà fou. Cette folie pragmatique ne le quittera jamais.

Car ce bon vieux Jupp fait fort, très fort. Aussi fou que cela puisse paraître, il participait cette saison à sa 3e Ligue des Champions. A chaque fois, il est en finale. Il en gagne deux. Et sans le Messie Drogba, il les aurait gagnées toutes les trois. Avec le Real Madrid, normal. Quoique ! N’est-ce pas José ? Avec le Bayern normal aussi parce qu’avec le Bayern, y a aucun hasard. Déjà la saison dernière, c’était l’équipe avec le plus gros pourcentage de passes réussies en Ligue des Champions.

Devant le FC Barcelone. Même si, faire des passes, c’est pas forcément gagner des matchs. Ce constat est tout un symbole. Alors que le Barça est devenu une parodie de lui-même, le Bayern en devient le reflet amélioré. Le Bayern 2012/2013, c’est le Barça version compétition. Les Catalans font dans la démonstration dès que Messi ne fait plus dans la percussion. Avec les Bavarois, le rythme et les temps forts viennent de partout. C’est l’efficacité gracieuse des gens heureux. Eh oui ! 2013, année charnière dans l’Histoire du foot. On peut mettre dans la même phrase : grâce et foot allemand.

Depuis l’éternité, dès que le geste footballistique avait l’accent teuton, la grâce se résumait à un geste individuel. Rarement à une envolée collective. C’est fait. Non seulement le Bayern joue juste mais il le fait 80 % du temps dans le camp adverse. La preuve de sa force collective ? ThomasMuller, le meilleur buteur du Bayern en Ligue des Champions n’est que 5e du classement. Loin derrière Ronaldo, Lewandowski et juste avec Messi, 8 buts. L’atypique confirme par sa stat individuelle ce qu’est le Bayern. C’est un collectif. Basé sur 20 joueurs jamais blasés qui savent passer du blazer à la salopette sans aucun problème. Très révélateur. Ronaldo doit jouer tous les matchs pour que le Real domine. Au Bayern, on fait tourner.

Une vraie équipe qui ne se contente pas de rentrer dans les palmarès. Elle fait beaucoup mieux, elle rentre dans notre imaginaire. Avec ce délicieux goût de justice. Ce triomphe, c’est du solide parce que construit. Jour après jour. Depuis des années.

Six joueurs étaient déjà là lors des deux finale perdues en 2009 et 2011. Parmi eux, notre BigDan national. Tout un symbole. Premier trentenaire de l’histoire du club à recevoir un nouveau contrat à 35 ans. Au Bayern, on achète du meilleur en gardant l’excellent. On garde les piliers sur lesquels les ballerines bioniques peuvent faire leurs pointes. Et ainsi transpercer de leur génie les coeurs impuissants des adversaires.

L’importance des mots pour soigner les maux originels d’un orchestre fait de solistes. Les matchs se gagnent aussi pendant la semaine. Dans le vestiaire, VanBuyten est un  » annulateur  » de frustration.

Le coaching invisible, c’est aussi garder  » BigDan  » pour que  » KingFrancky  » se sente chez lui. La tactique, celle qui permet les titres, c’est aussi celle-là. Surtout.

Le match n’est que l’accouchement d’une gestation. Si, si. L’humain, toujours l’humain.

A tous les niveaux. La direction est composée d’ex-bêtes de compet. Constat : sur le terrain, on ne calcule pas, en dehors si et plutôt bien. 30 ans que le Bayern n’a plus de dettes. Envers personne. Surtout pas les amoureux du foot. Et dire que  » Pep « , arrive avec tout son pep’s retrouvé. Ça n’a pas fini de faire pshiiittt en Bavière.

Le coaching invisible, c’est aussi garder  » Big Dan  » pour que  » King Francky  » se sente chez lui.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire