Reprise précoce

Lokeren a inauguré la saison aux Iles Féroé en gagnant 2-4.

« Quoi, ils ont déjà repris l’entraînement? » Des écoliers s’étonnent, mercredi dernier. Les joueurs de Lokeren avaient remis le couvert car samedi, leur premier devoir de la saison les attendait. En Intertoto, contre B’68 Toftir.

Pendant que Hein Vanhaezebrouck dirige l’échauffement, Paul Put maudit son prédécesseur, Georges Leekens, d’avoir terminé quatrième, ex aequo avec La Gantoise. Le tirage au sort a expédié Lokeren en Intertoto et réduit ses vacances à la portion congrue… Toutefois, le noyau A ne reprendra que le 27 juin.

Vanhaezebrouck: « Nous avons fait comprendre au président qu’une reprise prématurée pourrait hypothéquer le reste de la saison. N’oubliez pas que nos Islandais ont joué jusqu’au 6 juin et, au total, deux saisons sans interruption. S’ils avaient repris le 16 juin, ils n’auraient eu que dix jours de congé. Nous sommes parvenus à composer une équipe assez expérimentée avec des jeunes proches de l’équipe fanion, Davy De Beule, Stefan Van Dender et Michael Van Hoey, des Scolaires et quelques Africains de retour de Turquie, comme Muzinga ou Kimoto, qui manquent de rythme. Ils ne sont revenus que parce qu’ils n’étaient pas payés par leur club et ils ont ainsi l’occasion de se mettre en évidence ». Sven Van der Jeugt, le gardien transféré d’Anderlecht, n’est pas qualifié pour le match aller.

Quelle est l’importance réelle de cette coupe Intertoto? Vanhaezebrouck: « Il y a deux ans, nous nous sommes aussi déplacés en Islande. Et après deux matches de championnat, l’entraîneur était viré. L’Intertoto commence trop tôt et c’est une compétition trop importante. Nous n’étions pas prêts pour le championnat… ». Certains estiment que l’Intertoto remplace idéalement les matches amicaux. « Non, car le niveau de ces matches doit aller crescendo. En plus, cette année, nous avons un nouvel entraîneur. Il va modifier des choses. Il a besoin de temps pour insuffler confiance aux joueurs. En commençant par des matches à enjeu, il est possible que les joueurs mettent en doute le système de l’entraîneur s’il ne fonctionne pas tout de suite. Par contre, dans des rencontres plus abordables, qui permettent d’effectuer des corrections, les joueurs acceptent les changement plus facilement ».

Paul Put est content que Van Dender puisse jouer. L’arrière gauche n’a disputé que cinq matches la saison passée : « Opéré aux abdominaux, j’ai été forfait de novembre à mars. Après une année ratée, je préfère recommencer plus tôt. J’ai ainsi l’occasion de faire mes preuves ». Il y a deux ans, on le prédestinait à remplacer Vital Borkelmans à Bruges. Van Dender: « A peine Leekens était-il arrivé que je me suis blessé à la cheville. Une fois revenu, j’ai douté car j’ai remarqué que les autres se posaient des questions à mon sujet. Vidarsson s’est imposé à ma place, puis Coulibali est arrivé et je n’étais plus que numéro 3. Puis j’ai souffert des abdominaux. C’est accidentel. Je veux le prouver cette saison, même si je commence avec un retard de condition physique ».

Stefaan Staelens, Van de Sompel et Ruys constituent d’autres cas: ils sont partants. Put: « Ils sont toujours sous contrat mais je suis agréablement surpris que Stefaan ne se soit pas décommandé. A la place de Denis Asselman, mon confrère de Denderleeuw où il joue maintenant, je lui aurais conseillé de se déclarer blessé. Il n’a pas sa place à Lokeren, il a trouvé un autre employeur qu’il a tout intérêt à bien servir et on ne sait jamais ce qui peut arriver ». Staelens: « C’est un peu bizarre mais lors de mon transfert, Lokeren a posé cette exigence. Je pouvais partir gratuitement, à condition de rester disponible pour le premier tour de l’Intertoto. Je me suis dit: -Pourquoi pas? Au fond, je pars avec un groupe que je connais. Ce sont des copains ».

Jouer une Coupe d’Europe n’est pas à la portée de tout le monde. Staelens: « L’Europe? Je pense que Lokeren doit disputer cinq tours s’il veut atteindre l’UEFA. Je ne considère pas l’Intertoto comme une Coupe d’Europe. Disons que ce sont des matches amicaux. Nous avons pu nous reposer dans une chambre l’après-midi, après un voyage fatigant, mais sans vraiment dormir, sous peine d’être assoupis au coup d’envoi ».

Match amical ou Coupe d’Europe, il a quand même demandé à Vanhaezebrouck s’il y avait une prime de victoire. L’adjoint doit transmettre la question à la direction. Staelens: « Elle existait il y a deux ans, donc pourquoi pas? Je suis curieux. Le problème de ce groupe, c’est qu’il est composé de trop de braves gars, qui n’osent rien demander ».

Staelens a 29 ans. S’il était resté au Sporting, il en serait à sa 22e campagne au Pays de Waes: « La saison passée a été terrible. Je n’ai pas disputé le moindre match. Avant le début de l’exercice, j’avais l’impression de ne plus exister. Je n’étais repris ni dans le noyau A, ni dans le B. Finalement, j’ai pu m’entraîner avec les Espoirs. Tous des gamins. Ils m’appelaient « grand-père »! Pendant environ quatre semaines, je n’ai même pas pu jouer avec les Réserves. Dommage que ce long chapitre se soit achevé sur une note aussi négative ».

Lié à Lokeren pour deux saisons encore, il n’a pas voulu prendre de risques, échaudé par la saison passée. « Je dois m’occuper de mes deux enfants ». Denderleeuw s’entraîne à 18h30. Staelens va donc organiser sa vie différemment: « Peut-être en travaillant à temps partiel, mais pas à temps plein. Je veux voir ma famille. J’espère évoluer dans un rôle central. A Lokeren, j’ai dépanné l’équipe au poste d’arrière droit, mais je m’épanouis mieux dans l’axe ».

Lokeren, lui, est à la recherche d’un joueur central, expérimenté et fort de la tête. Staelens: « Peut-être mais on savait également depuis un moment que Paul Put allait arriver et il n’a jamais parlé de moi alors que nous nous sommes souvent croisés. Je pense donc qu’il ne voulait pas de mes services. Maintenant, c’est trop tard. Tout est en ordre avec Denderleeuw. Pour l’entraîneur, c’est facile: il sélectionne onze joueurs sur vingt. Stefan van Dender a vécu le même problème: un joueur, lui, n’a rien à dire ».

Même avec une équipe replâtrée, Lokeren s’est aisément imposé face à un Toftir physique. Mputu a ouvert la marque, Toftir a répliqué par deux buts mais Elbodmossi a égalisé avant le repos. Put: « Sentant que nous étions supérieurs techniquement, j’ai demandé à mes joueurs d’évoluer plus haut ». Grâce à Elbodmossi encore et Kimoto, Lokeren s’est imposé 2-4. Put: « Mission accomplie. La victoire nous fait oublier la fatigue du déplacement. Personnellement, je ne raffole pas des volcans ».

Lokeren a effectué un périple épuisant. L’UEFA oblige en effet les participants à être présents un jour avant le match mais seul Vanhaezebrouck était là le vendredi. « Certains joueurs passaient encore leurs examens scolaires vendredi. En plus, nous ne pouvions pas passer par le Danemark car il n’y avait pas assez de place dans l’avion pour les Féroé. Seuls les petits appareils peuvent atterrir sur cette île. Finalement, nous avons trouvé un charter avec trente places libres le samedi ». Les joueurs avaient rendez-vous à quatre heures du matin à Lokeren. Deux heures plus tard, ils embarquaient. Aux Féroé, une demi-heure de bus, vingt minutes en ferry pour rejoindre l’île de Toftir et une bonne heure de bus, pour arriver quelques heures avant le début du match.

Paul Put: « Nous savions que Toftir valait une bonne équipe de D3. Même s’il a davantage de rythme, puisqu’il est en plein championnat, j’étais sûr que nous en viendrions à bout ».

Peter T’Kint

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