Renverser la pyramide

Le Président de l’AFT fait le point sur le tennis belge en général et francophone en particulier.

Traditionnellement, la saison estivale belge s’ouvre pendant les vacances de Pâques. Les joueurs profitent des premiers jours de soleil -quand il y en a- pour retrouver leurs sensations sur la terre battue lourde avant d’entamer les interclubs. A l’aube de cette saison, André Stein dresse un état des lieux.

« Au niveau administratif, il y a un incontestable rajeunissement des cadres, ce qui est évidemment une très bonne chose. Cela veut dire que les jeunes veulent s’impliquer dans la gestion de l’AFT. Au-delà de cela, je signale que nous planchons sur une restructuration de l’organigramme de l’AFT, cela dans l’optique du départ de notre secrétaire général Franz Lemaire dans trois ans ».

Un point qui semble être positif est le fait que, depuis deux ans, l’AFT enregistre une augmentation de ses membres : on en est à 67.488.

André Stein : Après avoir connu quelques années de récession (on était monté à 77.220 en 1992), on est de nouveau en augmentation avec pourtant un système de perception des cotisations qui ne nous est pas favorable. Ce qui veut dire qu’il y a encore un grand nombre de joueurs de tennis qui sont cachés et qui ne s’affilient pas à l’AFT. Ce qui n’est pas positif car on ne peut pas les afficher au grand jour et, que nous perdons des recettes en terme de subsides et de sponsoring.

A quoi est due cette augmentation?

Il y a certainement l’émulation engendrée par les résultats de Justine Henin et Olivier Rochus mais, aussi, auparavant, de Dominique Monami-Van Roost. Si on n’avait pas eu ces locomotives au sommet de la pyramide, on n’aurait pas réussi à arrêter l’hémorragie.

Etes-vous opposé au système hollandais qui veut que la fédération affiche non seulement ses affiliés mais également les joueurs dits de loisir qui ne sont pas inscrits chez elle?

Si, nous y avons songé mais modifier le système du jour au lendemain aurait généré quelques problèmes puisque les cotisations constituent une grande partie de nos revenus. Nous avons proposé en son temps un système qui se basait sur le nombre de terrains extérieurs et couverts plutôt que sur le nombre de membres mais les clubs l’ont refusé dans leur grande majorité.

Au niveau du membre de base, peut-on dire qu’il évolue dans une des fédérations européennes les mieux organisées au niveau non-professionnel?

Je pense en effet que la fédération belge de tennis est l’une des mieux organisées mais il nous faut reconnaître que nous avons connu un fameux couac l’an dernier au niveau des classements qui sont sortis beaucoup trop tard. Pour le reste, il est vrai que nos voisins nous disent souvent que nous avons une organisation de base très performante.

Vous parlez du problème informatique qui a retardé la sortie des classements 2001. Contrairement à d’autres fédérations, vous n’êtes pas encore informatisé de manière générale.

Nous allons, au cours de cette saison, modifier tout notre système informatique pour que dans trois ans l’essentiel des communications de l’AFT soit assuré électroniquement. Je pense aux informations habituelles mais aussi aux résultats des tournois. Le système informatique qui sera mis au point dans les prochains mois sera capable de gérer toutes les informations et nous espérons que, dans trois ans, tous les clubs seront équipés en informatique et en Internet.

Restons sur les classements. On constate qu’un grand pourcentage des joueurs de l’AFT sont des compétiteurs et ont un classement.

Si on compare avec la France, le pourcentage de joueurs compétiteurs est supérieur chez nous, ce qui témoigne de l’esprit compétitif qui existe au niveau des clubs.

Depuis quelques années, le système de classement laisse un rien à désirer vu que les défaites ne sont quasiment pas prises en compte et que, de ce fait, un joueur monte assez facilement de classement. Comptez-vous revoir ce système?

Je peux vous annoncer que l’on va faire table rase de ce système. On va proposer cinq grandes catégories. La première, ce seront les joueurs belges internationaux; la deuxième regroupera les joueurs nationaux de haut niveau, soit les actuelles premières séries. Et, derrière, il y a aura trois autres catégories : les séries B; les C15,4 à C30; et les C30,2 à non classés. Au sein même de ces catégories, il y aura des subdivisions, la tendance étant que l’on abandonne les dénominations actuelles pour aller vers un classement comparable à celui du tennis de table. On devrait avoir des D1, D2, C2, C1, etc. Mais le plus important n’est pas là. Il réside dans le fait que nous allons fixer des contingents au niveau de chaque catégorie. A savoir que l’on fixera par exemple à 5.000 le nombre de D5. Monteront D4, non pas tous les joueurs ayant obtenu tel nombre de points mais bien les D5 ayant obtenu le plus de points. Par ce système, on est certain que la pyramide ne sera pas inversée. Le classement du bas comptera toujours plus de joueurs que le classement du haut.

Et le classement du double?

Ce devrait être pour 2002.

Au niveau, non plus du membre de base, mais du top, on peut certainement se satisfaire des deux leaders que sont Justine Henin et Olivier Rochus. Mais derrière, n’y a-t-il pas un petit vide?

Il y en a évidemment un mais après une génération comme celle que vous venez de citer, il est assez logique qu’il y en ait un. On a cependant quelques bons joueurs, comme Renaud Thys qui est malheureusement blessé pour le moment. On a aussi une ou deux filles qui ne sont pas mauvaises. Et c’est bien sûr sur cet aspect des choses que la direction sportive doit travailler car si on aide encore Justine et Olivier, ils volent de leurs propres ailes. Nous allons donc travailler surtout dans les tranches d’âge inférieures et, principalement, sur les 7 et 8 ans. Et si j’en crois ce qu’on me dit, il y aurait quelques éléments valables. Ce qui est confirmé par les résultats obtenus dans les tournois de jeunes.

Malgré ces bonnes nouvelles, le sponsoring demeure un point noir.

Nous venons de signer un contrat avec la Bacob qui est devenue notre sponsor. Il s’agit d’une société qui donne de l’argent mais qui va aussi lancer divers projets d’interactions qui généreront des retours pour les clubs et pour les régions.

Quand vous allez voir les sponsors, vous découvrez des gens qui connaissent l’AFT, qui savent qui sont Henin et Rochus?

Ils ont, en général, une vision très positive du tennis belge et francophone. J’ai été réjoui, par exemple, d’entendre le directeur de la Bacob parler de l’AFT comme étant la fédération au top en Wallonie.

Vous venez d’être réélu au COIB. Votre présence au Comité constitue-t-elle un avantage pour le tennis belge et francophone?

Ce n’est certainement pas un désavantage surtout dans le cadre de la politique future du COIB. Maintenant, il a montré sa volonté réelle de travailler avec les fédérations. C’est ainsi que nous avons un accord avec le COIB pour l’organisation des Championnats de Belgique. Avoir un administrateur à l’intérieur facilite évidemment la communication.

Quel est au fond l’objectif de la fédération?

Nous tentons de bien grandir. Et si, en grandissant, nous sommes dans le tiercé de tête des fédérations sportives belges, nous serons satisfaits.

Bernard Ashed

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