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RENÉ WEILER N’ALLAIT JAMAIS VOIR NOËL

La Gantoise contre le RC Genk en Europa League. C’est surréaliste. Comme la double confrontation entre le FC Malines et Anderlecht en automne 1988. On va bientôt faire revivre ce premier duel belge en coupe d’Europe. Les attentes étaient grandes mais le premier match à Malines avait été incroyablement mauvais, un spectacle dur et médiocre qui avait pris une tournure venimeuse après l’exclusion rapide du défenseur nigérian Stephen Keshi. A l’issue du match, un Raymond Goethals en rage s’était emparé du rôle principal. Battu 1-0, il répétait que Malines n’avait rien montré et avait même qualifié son jeu de dégoûtant. Quelques semaines plus tard, quand Malines avait érigé un mur en championnat, Goethals avait cyniquement déclaré qu’il y avait eu cinq morts dans les tribunes. Tombés sur les ballons que Malines avait expédiés dans cette direction.

Fait représentatif des rapports de force belges dans ce match européen, tous les photographes avaient pris place derrière la cage de Filip De Wilde. Il n’y avait personne derrière le but défendu par Michel Preud’homme. A cette époque, il avait d’ailleurs fort peu de travail. Il a assisté à la qualification de Malines pour les quarts de finale. Après la victoire 1-0 à domicile, un froid 0-2 à Anderlecht avait largement suffi. Lei Clijsters avait été l’homme des deux matches et allait recevoir le Soulier d’Or plus tard.

Malines avait été champion et Anderlecht le vivait mal. Il ne cessait de se plaindre et de s’apitoyer sur son sort. Pas comme maintenant. Par contre, l’obligation de prester est restée et il ne faut pas grand-chose pour que le Parc Astrid sombre dans une crise. Comme aux alentours du Nouvel An. Ainsi, quand il a été balayé par Zulte Waregem le 20 novembre, après une seconde période très apathique, nombreux étaient ceux qui pensaient que René Weiler ne resterait pas en poste jusqu’à Noël.

Ce genre d’analyses est vite dépassé en football. René Weiler ne représente qu’une note dans l’histoire d’Anderlecht mais il a bel et bien formé une équipe. Avec moins de possession du ballon que l’adversaire mais avec plus de buts que les autres équipes aussi. Avec moins de monde dans les tribunes mais avec la perspective de jouer le titre et de se qualifier pour les quarts de finale d’Europa League. Le temps où les dirigeants ne supportaient pas un jeu peu académique et jugeaient les entraîneurs là-dessus semble révolu. Les résultats sont là. Le Sporting est invaincu depuis treize journées en championnat.

Hein Vanhaezebrouck s’énerve aussi du moins bon jeu de son équipe, même après un bon résultat. Il n’était pas satisfait de la prestation de La Gantoise après son exploit historique à Wembley. Vanhaezebrouck sait pourquoi. Après le titre, il a réalisé à quel point il était difficile de conserver la motivation des joueurs, quand tout le monde vit sur un petit nuage.

Ce qui compte, c’est un billet pour les PO1. Disputer les PO2 dans la superbe Ghelamco Arena relèverait de l’horreur pure. Le RC Genk ne veut pas non plus songer à pareil scénario, même si son revers dimanche à Anderlecht l’en rapproche dangereusement. Sous les ordres d’Albert Stuivenberg, Genk joue bien, à la hollandaise, mais n’a gagné que 14 points sur 24, soit 59 %. La qualité de son football ne se reflète donc pas vraiment dans les résultats. Avec Peter Maes, qui semble traumatisé par son limogeage, il avait pris 28 points sur 60, soit 47 %.

Les chiffres ne disent pas tout en football. Souvent, on ne peut mesurer l’impact d’un entraîneur qu’après son départ. Longtemps après. Comme Lokeren le réalise, longtemps après le départ de Peter Maes.

PAR JACQUES SYS

On ne mesure généralement l’impact d’un entraîneur qu’à son départ.

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