RENÉ VERHEYEN

Ce n’est pas un hasard si nous rencontrons René Verheyen (64 ans) un vendredi, à la brasserie OudGemeentehuis de Varsenare. Jusqu’il y a peu, c’était le lieu de rendez-vous hebdomadaire des vieux serviteurs du Club Bruges. Le jour est resté, mais le lieu s’est déplacé vers un établissement de Jabbeke. Parmi les habitués : Jos Volders, Alex Querter, Cedo Janevski et Henk Houwaart.

Hugo Broos fait partie de la clique mais a été engagé comme sélectionneur du Cameroun début février.  » Ça ne serait pas mon truc « , relève Verheyen.  » Même si, après coup, je regrette de n’avoir jamais travaillé à l’étranger, comme joueur ou comme entraîneur.  »

Joueur, il a porté le maillot du Sporting Lokeren (1974-1982), du Club Bruges (1983 -1987) et de Gand (1987-1988). Passé entraîneur, il a effectué ses débuts à Lauwe, puis a coaché Waregem (1990-1992) avant de servir le Club Bruges, son grand amour, pendant 14 ans, essentiellement au poste d’adjoint, hormis une saison, en 1999-2000, comme T1.

Il a partiellement compensé son manque d’expérience de l’étranger ces dernières années : grâce à Vital Borkelmans, Verheyen est devenu scout des Diables Rouges.  » Le matin, je prenais le train ou l’avion pour visionner un match l’après-midi et j’étais de retour chez moi le soir. Je me rendais souvent à Everton et dans les clubs londoniens.  »

Le chapitre s’est clôturé l’été dernier.  » D’une façon qui témoigne de fort peu de respect. Une fois révélé le coût de la gestion de Steven Martens, je n’ai plus reçu de programme de missions. Depuis août. J’ai dû demander moi-même ce qui se passait car personne ne m’avait prévenu. Willy Wellens, qui effectuait le même boulot, a subi le même sort.  »

Depuis, l’ancien médian consacre ses loisirs à supporter son petit-fils, qui joue en équipes d’âge de Jabbeke. Il n’a plus entraîné depuis 2009 et la fin de son mandat au SK Deinze, rétrogradé de D2 en D3.  » Je n’aurais jamais dû accepter cette mission : le club avait trop peu d’ambition et de potentiel « , précise Verheyen.

Il a refusé un siège à la commission de revisionnage de la Pro League. Au fond de lui-même, il aimerait à nouveau entraîner un club.  » Mais pourquoi irais-je m’occuper d’un club de division inférieure et sacrifier toutes mes soirées pour un contrat minimum ?  » Poser sa candidature partout n’est pas son style non plus.  » Je ne l’ai jamais fait et ce n’est pas maintenant que je vais commencer.  »

Il n’était pas demandeur quand le Club Bruges l’a nommé entraîneur principal en 1999.  » On m’a offert un contrat de quatre ans mais je n’ai pas voulu courir de risques. J’ai fait insérer une clause qui me permettait de redevenir T2 en cas de limogeage.  »

Ce n’était pas mal vu : malgré une deuxième place, Verheyen a été écarté et commis au poste d’adjoint de Trond Sollied.  » Un second rôle mais le Club en a été finalement heureux. Idem après le limogeage de Jan Ceulemans : nous avions passé l’hiver en Europe et n’avions été éliminés que par l’AS Rome. Ce n’était pas si mal.  »

La manière dont Verheyen et Ceulemans ont été renvoyés a laissé des traces :  » Le matin, à peine avions-nous appris notre renvoi que nous croisions notre successeur, Emilio Ferrera, sur le parking.  » Pendant huit ans, il a évité le stade Jan Breydel. Il n’y est revenu qu’une fois mandaté par l’équipe nationale.

Le Club Bruges est malgré tout resté le club de son coeur, affirme celui qui était connu à cause de sa moustache et de son tabagisme, quand il jouait.  » A l’époque, tout le monde fumait, même à la mi-temps.  »

Il suit également avec intérêt Lokeren, Lauwe et Turnhout, le club de sa jeunesse.  » Lokeren a été une très belle période mais j’y suis resté trop longtemps. J’ai eu de nombreuses propositions, de l’Ajax, d’Anderlecht et d’autres clubs, mais le club était trop gourmand.  »

Bien qu’il n’ait joué qu’à Lokeren, le médian a quand même collecté 24 sélections en équipe nationale. Il précise :  » J’ai fait partie du noyau pendant 9 ans et j’ai participé à trois tours finals d’affilée : l’EURO 1980, le Mondial 1982 et l’EURO 1984. En 1980, j’ai même disputé la demi-finale contre l’Italie.  » Sur ces entrefaites, il achève paisiblement son café et s’en va : les anciens Brugeois l’attendent à Jabbeke.

PAR MATTHIAS STOCKMANS

 » Jan Ceulemans et moi avions à peine appris notre renvoi que nous croisions notre successeur, Emilio Ferrera, sur le parking.  » – RENÉ VERHEYEN

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