RENÉ A RATISSÉ, LAISSONS MARINER…

Bernard Jeunejean

S’amener avec l’un ou l’autre mec néophyte dans leurs bagages, nombre de nouveaux sélectionneurs nationaux ont tendance à le faire, c’est peut-être une manière de marquer leur territoire. A ses débuts voici 30 ans (ma mémoire s’en souvient comme si c’était hier, quoique l’envergure de mon bide lui dise que c’était voici longtemps…), Guy Thys aussi a rameuté des gars qui n’ont fait que passer : je me rappelle ainsi Hervé Delesie, Dirk Beheydt ou Hubert Cordiez, dont le compteur en capes doit s’être arrêté à 1 ou 2. Mais cela est nécessaire pour en dégotter d’autres qui, eux, ne feront pas que passer : à l’époque, l’Anversois téteur de cigares a aussi intronisé Jean-Marie Pfaff, Michel Renquin ou Jan Ceulemans

Disons donc que, rapport à cette tendance, René Vandereycken a poussé le bouchon plus loin que quiconque avant lui : 30 joueurs différents alignés lors de ses quatre premiers matches (certes amicaux) comme coach, il n’est pas impossible que ça puisse entrer au Guiness Book, de même qu’avoir filé une première cape à 12 de ces 30 gars !

De ce second point de vue, la stratégie de prospection du nouveau sélectionneur est à l’inverse de ce que fut celle de Robert Waseige : lequel eut même le privilège de pouvoir débuter son règne par six matches sans enjeu, mais au cours desquels il ne fit cadeau d’une première sélection qu’à Frédéric Herpoel, Jacky Peeters et Joos Valgaeren. Si l’on ajoute aux 30 ci-dessous les quatre blessés sur lesquels Vandereycken dit vouloir compter ( Vincent Kompany, Daniel Van Buyten, Emile Mpenza, Koen Daerden) ainsi que Michaël Cordier, Jason Vandelannoite… et à un moment Onder Turaci ( !) eux aussi présélectionnés, nous sommes proches d’une quarantaine de gars que Vandereycken dit envisager.

C’est énorme et c’est marrant. Ça nous change. J’en ai lu qui se demandent si notre réservoir est riche au point de justifier ce ratissage tous azimuts. La réponse est non pour la richesse du réservoir, et oui pour le ratissage : moins tu es riche et nous ne le sommes guère, plus tu as intérêt à ratisser large pour être sûr de ne pas louper la perle éventuelle ! J’en ai lu d’autres pour lesquels pareil carrousel en quatre matches impliquait que nos automatismes se réduiraient à peau de balle le 16 août prochain lors du premier match officiel face au Kazakhstan.

Bof : au sein d’un team national où les rendez-vous sont épisodiques, la mise au point d’automatismes réels est souvent une vue de l’esprit. L’important est bien davantage de choisir des gars qui, même s’ils ne se connaissent pas, seront capables de se trouver rapidement. Et pour pareil choix, on peut faire confiance à l’£il de Maître René.

Vandereycken a donc souhaité faire ainsi le tour des potentialités ? Pas seulement. Quand tu connais Pieter Collen pour l’avoir suivi souvent, ce ne sont pas 45′ où tu l’aligneras qui bouleverseront radicalement ton opinion à son sujet… VDE avait au moins deux autres bonnes raisons d’aligner tous ces nouveaux p’tits gars.

Un : exciter l’ambition de tous les footballeurs pros titulaires d’une carte d’identité du Royaume, leur dire que le club des Diables n’était pas un club fermé.

Deux : bien plus que visionner lui-même tous ces gars, nous les montrer à nous, le peuple, nous les faire découvrir, nous en révéler l’existence et peut-être le talent ! Nous persuader ainsi que l’absence d’un gradé, quel qu’il soit, n’est jamais une catastrophe ! Positiver ! Durant ces quatre matches, Vandereycken fut un peu comme un spécialiste qui t’initie à l’art contemporain, alors que tu croyais tout connaître en ne jurant que par Claude Monet, Vincent Van Gogh et autres stars du pinceau…

Et ce qui est encore plus marrant, c’est qu’en dehors de cette quarantaine de gars pressentis nommément par Vandereycken, il en existe encore bien assez pour composer une équipe de onze joueurs qui, sur papier, devraient équivaloir n’importe laquelle des quatre compositions de départ établies par Vandereycken.

Tentons l’exercice pour le plaisir et en 4-4-2 : Frédéric Herpoel ; Eric Deflandre, Mark De Man, Birger Maertens, Olivier Deschacht ; Thomas Chatelle, Yves Vanderhaeghe, Sven Vermant, Christophe Grégoire ; François Sterchele, Bob Peeters…. Et il reste encore Walter Baseggio comme poire pour la soif ! Tous des gars que Vandereycken avait moins besoin de nous montrer, n’empêche : s’il alignait pareil onze le 16 août pour matcher le Kazakhstan, ça serait encore plus rigolo ! Finalement, peut-être sommes nous vraiment riches immensément…

bernard jeunejean

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