Rencontre avec Alex Soares, l’un des chouchous de la P1 du Hainaut: « J’ai trouvé ma place »

Il aurait pu être musicien… ou footballeur pro. Puis le Cap-Verdien Alex Soares a rencontré une Belge, a appris le français en quelques mois et est devenu un des chouchous de la P1 hennuyère.

Dans les bars et hôtels de la côte, guitare électro-acoustique entre les mains, Alex Soares passe du reggae à la musique romantique ou traditionnelle… Le Cap-Verdien a pris l’habitude de se produire en solo, à l’heure des repas. C’est à la fois son gagne-pain et une manière de souffler après sa journée de boulot dans le tourisme. La majorité à peine atteinte, sur l’île de Sal, au sud de l’archipel, le jeune guitariste s’imagine alors faire carrière. « J’étais pratiquement professionnel, vu ce que je gagnais tous les soirs », soutient-il aujourd’hui. « Mais j’avais déjà d’autres centres d’intérêt. » À la même époque, il évolue en effet au club de Florença avec un talent qui lui permet d’être repéré par des scouts, direction le Portugal pour un test à Estoril, en D3. Une mi-temps plus tard, Alex tape dans l’oeil… du sélectionneur du Cap-Vert, présent le long des rambardes et qui a besoin de compléter son équipe, amputée de nombreux éléments blessés. « C’est un sentiment magnifique pour un amateur de pouvoir aider son équipe nationale, même en tant que sparring-partner le temps d’une semaine. Au début, je me débarrassais du ballon dès que je l’avais dans les pieds. Puis je me suis adapté, j’ai joué mon foot et après quelques jours, j’ai vu que c’était possible. » Le Salense range alors sa guitare dans sa housse et redirige ses rêves vers le football. Sans se douter des galères qui peuvent l’accompagner. À Estoril, il est directement placardisé par le coach et se retrouve six mois sur la touche, bien que payé et hébergé par le club. Dans l’équipe universitaire d’AEAB, il découvre une structure trop peu professionnelle. Puis il passe deux saisons complètes sans club. Revenu au Cap-Vert pour des vacances, il y rencontre Lorena, une Belge avec qui il se met rapidement en couple. Jusqu’à ce que les allers-retours, trop onéreux, les poussent à s’installer ensemble, à Manage. Et à laisser ses ambitions de sportif de haut niveau de côté. « Le bonheur n’est pas uniquement dans le football », assure-t-il. « Qu’est-ce que je serais devenu si en vingt ans de carrière, je n’avais rien construit à côté? »

Dans ma tête, je rêve toujours d’aller le plus haut possible mais la réalité, c’est ma fille qui vient de naître. Je ne prendrai pas de risque pour rien.

Dans un Hainaut confiné, Alex passe d’abord le plus clair de son temps au Tivoli de La Louvière, où, avec l’accord du jardinier, il s’entraîne seul, avec ses cônes, pour entretenir sa condition physique. Quand le Cap-Verdien lui demande s’il peut l’aider à trouver un club, il ignore qu’il fait face à Pierre Rizzo, le coach du Roeulx, qui lui propose de rejoindre son équipe en P1 pour la saison 2021-2022. « Tant que je jouais, ça me convenait », rembobine le gaillard de 26 ans. « Au début, ça m’a pourtant fait bizarre, j’ai eu du mal à m’adapter au foot plus direct de la provinciale. Quand j’ai fini par comprendre le fonctionnement, j’ai trouvé ma place. Je m’en foutais d’être « seulement » à ce niveau. J’étais devenu un joueur de P1 avec la mentalité d’un gars de D3 portugaise. » De numéro 10 à l’ancienne, il passe flanc, voire même électron libre sur la ligne offensive, et parvient surtout à secouer toute la Province en quelques mois seulement, grâce notamment à ses 18 buts. De quoi lui ouvrir les portes de Saint-Symphorien, en D3 ACFF. « Dans ma tête, je rêve toujours d’aller le plus haut possible – c’est pour ça que j’ai quitté mon pays à la base – mais la réalité, c’est ma fille qui vient de naître. Je ne prendrai pas de risque pour rien. » Quant à la musique… « Elle représente toujours beaucoup pour moi. J’en fait moins aujourd’hui, mais ça ne s’oublie pas: j’en joue pour m’évader quand je reviens de l’usine où je travaille désormais. Pour me sentir bien. »

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