Remise en état

Après avoir relancé Cédric Roussel, l’entraîneur des Dragons espère réussir le même pari avec Zoran Ban.

D’aucuns, avec un brin d’ironie, surnomment parfois DominiqueD’Onofriolecarrossier, en allusion à son ancien métier. En fait, ce sobriquet pourrait parfaitement s’appliquer à MarcGrosjean. Le technicien liégeois de l’AEC Mons s’est fait une spécialité de la remise en état de belles mécaniques qui ont subi quelques dégâts et n’ont plus roulé depuis un certain temps. La saison dernière, il avait complètement relancé CédricRoussel. Cette année, il s’efforcera de connaître la même réussite avec ZoranBan. Les deux cas sont-ils comparables ?

 » D’une certaine manière, oui « , concède Marc Grosjean.  » La seule différence, c’est que Cédric Roussel avait pu participer à la préparation, alors que Zoran Ban est arrivé alors que le championnat avait déjà commencé. Je devrai essayer de remettre l’attaquant croate en condition en un minimum de temps, tandis que je disposais de six semaines pour travailler avec Roussel. Hormis cette différence, ce sont deux joueurs qui ont (ou avaient) besoin d’un entraînement individuel, à côté des entraînements collectifs. Pour l’instant, Zoran Ban est convoqué tous les jours, y compris les jours où le noyau A est en congé. J’ignore pendant combien de temps il sera encore soumis à un tel régime. Cela dépendra du résultat des tests médicaux « .

Autre différence : Cédric Roussel était arrivé avec une importante surcharge pondérale, ce qui n’est pas le cas de Zoran Ban.  » J’ai la chance, à Mons, de pouvoir compter sur un staff médical performant « , se réjouit Marc Grosjean.  » Dans le cas de Cédric Roussel, ma première intention avait été de lui faire perdre du poids le plus rapidement possible. Le médecin m’a mis en garde : avec un régime alimentaire trop strict, il s’exposait aux blessures lors des entraînements. Il a fallu trouver le juste dosage entre la nécessité de maigrir et celle de conserver assez de forces pour supporter les entraînements. Cédric Roussel a été enchanté par la manière dont il a été soigné : c’était bien plus professionnel que ce qu’il avait connu en Angleterre « .

Moyens limités et scouting peu développé

Cédric Roussel avait peu joué lors de sa dernière saison à Wolverhampton. C’est aussi le cas de Zoran Ban, qui pouvait s’entraîner mais pas jouer avec les Réservistes de Mouscron.  » A ce niveau-là, les deux cas sont comparables « , confirme Marc Grosjean.  » Ce sont deux joueurs sur lesquels leur club antérieur ne comptait plus. Inévitablement, ils souffraient à leur arrivée chez nous d’un manque de compétition flagrant. Ce vide ne peut être comblé qu’avec des prestations en équipe Première. Eventuellement en équipe Réserve, comme ce sera le cas avec Zoran Ban, pendant un certain temps. Je l’ai observé lors du match de l’équipe B contre le Standard : il n’est pas encore dans le rythme. Il s’était entraîné avec Rijeka avant de venir à Mons, mais des entraînements ne remplaceront jamais la compétition. Dans l’état actuel, Zoran Ban est susceptible d’être introduit pendant un laps de temps variable, mais n’est pas en mesure de tenir 90 minutes. A partir du moment où il dépassera les 45 minutes, il pourra revendiquer une place de titulaire. Pas avant « .

Si le club place sa confiance dans des joueurs pareils, c’est notamment parce que ses moyens budgétaires ne lui permettent pas de recruter différemment.  » Compte tenu de nos moyens, nous sommes obligés de nous rabattre vers des joueurs auxquels d’autres clubs ne croient plus et dont la valeur marchande a, dès lors, baissé. En outre, notre cellule scouting n’est pas encore assez développée pour pouvoir travailler efficacement sur le recrutement de valeurs belges en devenir ou de joueurs étrangers méconnus. Quant à la formation : nous ne sommes encore nulle part dans ce domaine. Elle était de qualité pour la D2 et la D3, mais est encore inadaptée pour la D1 « .

Dans le cas de Cédric Roussel, Mons avait pu compter sur la  » collaboration  » de Wolverhampton, qui a continué à prendre en charge la moitié de son salaire. En revanche, le club aurait dû payer une somme importante û et au-dessus de ses moyens û pour un transfert définitif. Zoran Ban, lui, bénéficiait d’un transfert libre, mais son contrat demeurait lourd malgré tout.  » Chacun a mis un peu d’eau dans son vin et un accord a fini par être trouvé « , explique Marc Grosjean.  » J’avais déjà souhaité sa venue en fin de saison dernière. JeanClaudeVerbist avait discuté avec lui, mais il était encore impayable. Lui-même espérait encore, à cette époque, pouvoir trouver mieux ailleurs. Lorsqu’il s’est aperçu que ce n’était pas le cas et qu’il risquait de rester en rade, il a dû baisser ses prétentions « .

Des joueurs dignes de confiance

Au-delà du travail de remise en condition physique, il y a aussi un travail de remise en condition mentale à effectuer. Les joueurs engagés ont été déçus ou vexés par leur dernière expérience. Zoran Ban était rentré en Croatie avec toute sa famille en songeant peut-être, lui aussi, à une possible reconversion.  » D’autres joueurs engagés par Mons sont passés par ces mêmes tourments : LiviuCiobotariu, OlivierSuray ou encore MarcoCasto. Avant de les faire signer, nous les avons interrogés afin de sonder leur état d’esprit. Nous avons vérifié nos informations, sans nous contenter d’extraits de presse parfois subjectifs. Si ces joueurs avaient essuyé une déception, ils étaient également très motivés à l’idée de prendre leur revanche. Et, footballistiquement, nous avons estimé qu’ils avaient toujours un avenir « .

Pourquoi tous ces joueurs, décriés ailleurs, se sentent-ils revivre à Mons ?  » D’abord, l’ambiance au niveau des joueurs est remarquable. Un joueur qui ne s’intègre pas dans ce groupe est un joueur qui se crée lui-même des problèmes. Ensuite, les joueurs ressentent la confiance de l’entraîneur et de la direction à leur égard. Or, on sait à quel point la confiance est importante. Dans le cas de Cédric Roussel, je lui avais même fait confiance envers et contre tout. Au début, cela n’avait pas bien marché. Ses trois ou quatre premiers matches avaient été difficiles. Jean-Claude Verbist et moi avons servi de paravents contre tous les commentaires négatifs qui lui étaient destinés. A l’AEC Mons, tous les joueurs en qui j’ai placé ma confiance s’en sont montrés dignes. Des échecs, j’en ai connus. Au début de ma carrière, j’avais voulu faire confiance à des joueurs que j’avais côtoyés précédemment, sans trop me préoccuper de leur situation personnelle. Aujourd’hui, j’ai davantage d’expérience et j’approfondis chaque cas. De cette manière, je réduis les risques « .

Paradoxalement, l’AEC Mons û dont on avait mis en évidence les faiblesses offensives û dispose désormais de cinq attaquants. Et même de six, si l’on considère JeanPierreLaPlaca comme un avant. Quelle abondance pour… une seule place disponible, puisque Marc Grosjean a opté pour un système en 4-5-1. L’entraîneur ne risque-t-il pas de provoquer des grincements de dents à l’heure des choix ? Voilà une autre situation délicate à gérer.  » Le problème ne se pose pas dans l’immédiat. EmmanuelKenmogne a loupé la préparation. Zoran Ban n’est pas encore prêt. MoussaTouré vient d’être opéré d’une hernie discale et a souffert de malaria. En outre, il doit encore s’adapter au rythme de la D1, tout comme le jeune AmadouTouré. Il y a actuellement LouisGomis, et c’est tout. Lorsque tout le monde sera opérationnel, j’aurai au moins l’avantage de pouvoir procéder à des variantes tactiques, ce qui était rarement le cas la saison dernière « .

Logiquement, l’AEC Mons devrait donc monter en puissance…  » Si tant est qu’il y ait une logique en football. Mais, si nous ratons notre début de championnat, j’espère que mes dirigeants auront autant de patience avec moi que ceux de Mouscron en avaient eu avec HugoBroos lorsqu’il avait débuté la saison 2001-2002 par un zéro sur 15 avant de terminer en force « .

 » La différence avec Cédric, c’est que Zoran a loupé la préparation « 

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