Remis à NEUF

Super bien sur le plan des sentiments et du jeu, le centre-avant n’avait jamais autant marqué en début de saison qu’à Genk.

Cédric Roussel n’avait repris l’entraînement que le 27 novembre dernier, soit une dizaine de jours après le cinquième tour de la Coupe de Belgique de la mi-novembre. Contre Heusden-Zolder, il avait en effet été évacué du terrain, groggy suite à une commotion cérébrale.

A voir la semaine passée sans bouger, ce devait être sérieux.

Cédric Roussel : Ça aurait pu l’être. J’avais déjà été victime de deux commotions cérébrales dans le passé. En Angleterre, j’ai reçu un coup de coude et de boule à l’arrière du crâne et j’ai fait deux séjours en clinique. Le staff médical de Genk connaissait ce passé car c’est le genre de renseignements qu’il demande à votre arrivée au club, évidemment. C’est pour ça qu’on m’a immédiatement emmené à l’hôpital pour procéder à des examens. Ensuite, on m’a prescrit une semaine de repos à la maison. L’hématome provoqué par le coup aurait pu être très dangereux. Le lendemain, j’ai vomi. C’était donc sérieux. J’ai essayé de m’entraîner avec le groupe le jeudi précédant le match contre St-Trond mais je ne suis pas resté longtemps sur le terrain. Au moindre effort, j’étais au bord de l’évanouissement. J’espère ne plus vivre ça, car à terme, ça peut être un peu délicat pour ma tête .

Reprendre le ballon de la tête, ce que vous faites souvent, est également mauvais pour la santé, comme l’a révélé une étude. Ça ne vous tracasse pas ?

Parfois. Je viens de passer une semaine seul dans l’obscurité à la maison, sans même pouvoir regarder la télé. J’ai eu le temps de réfléchir. Je n’ai fait que ça. Je me suis dit que je devais prendre des précautions mais comment faire ? Dans un match, on se livre à fond et c’est dans ma nature : je joue davantage de la tête que d’autres. Mais je suis convaincu que ces trois commotions relèvent du hasard. J’ai apprécié le geste de Wilfried Delbroek, qui m’a téléphoné, le lendemain, pour me demander comment je me sentais, même s’il n’avait pas eu la moindre mauvaise intention à mon égard.

Comment se déroule votre intégration ?

J’ai été surpris. Quand on débarque dans un grand club, on croit que l’ambiance sera plus sérieuse, moins amicale et moins détendue que dans une équipe moindre, mais ce n’est pas le cas. On rigole beaucoup et l’ambiance est fantastique. Je ne me sens absolument pas dépaysé, d’autant que je connais Bernd Thijs et Thomas Chatelle du Standard et de Gand. Donc, tout s’est bien passé. J’ai le sourire en arrivant à l’entraînement. Je me sens bien dans ma peau car je sais qu’une nouvelle journée agréable commence.

 » Notre attaque est très forte  »

Il s’en est fallu de peu pour que vous rejouiez à Wolverhampton.

Le président Jos Vaessen a fait preuve d’énormément de patience, ce que j’apprécie. Sans lui, je ne serais pas ici. J’ai passé deux semaines à Wolverhampton et j’en ai été malade. C’est quand même bizarre de s’entraîner avec des garçons de 15 ans alors que vous avez été le meilleur buteur de la saison écoulée. Mais j’ai fait des sacrifices et je sais maintenant que j’ai fait le bon choix. Je ne m’imaginais pas à Bruges ou à Anderlecht. La mentalité familiale de Genk me convient mieux. En plus, l’entraîneur m’aide à progresser.

Avant votre premier match complet pour Genk, contre Charleroi, vous avez déclaré que vous marqueriez, car vous l’aviez toujours fait contre le Sporting. Vous avez tenu parole mais compte tenu de votre retard de préparation, cette déclaration était-elle raisonnable ?

J’aurais effectivement pu me mettre sous pression vis-à-vis des supporters mais quand je dis que je marque toujours contre eux, ça ne veut pas dire que je vais y parvenir cette fois-là ! Cette équipe me convient bien. Comme le Lierse. J’y ai joué quatre fois et j’ai marqué. L’avantage d’évoluer à Genk, c’est que le danger survient de partout : tous les éléments offensifs ont déjà marqué. A Mons, quand je ne marquais pas, nous éprouvions des difficultés. J’ai marqué 22 des 44 buts montois. Ici, je sais aussi que je recevrai davantage d’occasions de buts qu’à Mons. Là, j’en obtenais une ou deux par match et il fallait absolument les concrétiser. Ici, je peux me permettre d’en rater une. Ça me permet de me concentrer sur d’autres facettes de mon jeu. J’ai plus souvent le ballon et j’ai déjà délivré deux ou trois assists. Le fait que je serve parfois les autres démontre que j’obtiens le ballon plus souvent. Pour moi, il était aussi important de trouver un entraîneur qui m’apporte quelque chose et qui complète mon registre. A Mons, je pouvais courir comme je voulais, sans tenir compte de quiconque. Ici, j’ai donc dû réapprendre à évoluer à deux attaquants.

A moins que Sef Vergoossen n’opte pour un centre-avant, comme lors des deux derniers matches.

Ça ne sera peut-être pas si fréquent car chaque adversaire suppose une autre approche. On verra… Offensivement, nous ne devons vraiment rien craindre. Nous avons aussi le choix sur les flancs. Nous n’avons pas encore essayé toutes les possibilités. Je n’ai pas beaucoup joué avec Paul Kpaka mais nous nous sommes bien entendus à ces occasions-là. Avec sa vitesse, tout est plus facile : j’aime prolonger des ballons de la tête, ce que je fais parfois avec Kevin Vandenbergh aussi..

 » Me comparer à Jestrovic  »

Le Trudonnaire Nicky Hayen a dit que votre jeu de tête n’est pas grandiose…

J’ai un peu rigolé en lisant ça : j’ai marqué six buts contre eux la saison passée, trois à domicile et trois en déplacement. Ce n’est pas pour rien qu’ensuite, il a déclaré que j’étais l’avant le plus dangereux dans le rectangle. Mais s’il a estimé récemment que prolonger de la tête n’était pas mon point fort, c’était peut-être pour lancer le derby et parce que j’exerce mon jeu de tête moins souvent à Genk qu’à Mons. Je travaille maintenant davantage la conservation du ballon, le dribble, les passes. Je suis plus vif que la saison passée, plus mobile, plus rapide. J’aimerais que Nenad Jestrovic dispute une saison complète. Il entraînerait beaucoup d’attaquants à un niveau supérieur. Il est capable d’être le meilleur buteur presque chaque saison. Il est le plus complet. J’aimerais vraiment qu’il joue car je pourrais me livrer au jeu des comparaisons et tenter de devenir comme lui.

Vous avez le même manager ?

Non, quand même pas. Mais nous nous téléphonons de temps à autre. Nous sommes amis. Nous allons parfois manger un bout ensemble aussi. La saison passée, il a été le premier à me féliciter, quand je suis devenu meilleur buteur. Ainsi faisant, j’avais accompli un rêve. Maintenant, je veux surtout compléter mon registre. Ça ne m’empêche pas de marquer, heureusement, car un avant ne perd jamais ce besoin. Gagner sans avoir marqué soi-même laisse toujours un arrière-goût amer. La saison passée, les défenseurs m’avaient sans doute oublié mais c’est fini : on me tient de plus près.

Comme Mustapha Sama de Charleroi !

Un méchant. Rien que son regard vous fait peur. Ou Dare Nibombé, de Mons. Il doit avoir élargi mon maillot de quatre centimètres. En revanche, j’apprécie beaucoup Harald Pinxten, de l’Antwerp. Avec lui, les duels sont physiques mais toujours propres, même si certains ont un avis différent. La dureté des défenseurs m’incite à travailler mon physique. J’ai déjà perdu trois ou quatre kilos depuis que j’ai quitté Mons et ça continue.

Le fait que vous habitiez toujours à Lille ne vous fatigue pas trop ?

Non. Je passe la nuit chez Indridi Sigurdsson lorsque nous avons deux entraînements par jour, le lundi et le mardi. C’est mieux pour la récupération. Je fais construire aux environs de Mons mais la maison n’est pas encore habitable. C’est pour la fin de ma carrière. Pour le moment, cette situation me plaît et je ne vois aucune raison d’en changer.

Comme Jan Moons, qui habite à Aix-la-Chapelle, vous épargnez des impôts.

J’y ai déménagé l’année dernière, sur le conseil de mon ancien manager, car Mons n’est qu’à 25 minutes en voiture de Lille. Pourquoi m’en priverais-je, puisque c’est possible ? En outre, j’aime beaucoup la France du Nord. Le vieux Lille est très beau. Et intéressant pour ma copine, en matière de shopping ! J’ai rencontré en elle une personne qui me comprend et m’a appris à refaire confiance aux autres. Ce que j’ai vécu en Angleterre (-NDLR : Il a eu un petit garçon avec une femme dont il s’est ensuite séparé) m’avait mentalement brisé. J’ai retrouvé le bonheur et mes amis affirment que c’est visible. Je ne reste plus tout seul dans mon coin.

Raoul De Groote

 » A Mons, je pouvais courir comme je voulais, sans tenir compte de quiconque « 

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