Relevé de CONTE

Bruno Govers

Son père, Henrik, a écrit l’une des plus belles pages du foot au Parc Astrid. Puisse-t-elle servir d’inspiration à son fils chez les Coalisés.

Au commencement, il y avait le paternel, Henrik de son prénom. Un back gauche comme on n’en a honnêtement plus jamais vu, au RSCA, depuis son départ, en 1990, pour cause d’incompatibilité d’humeur avec l’entraîneur d’alors, Aad de Mos. Rideau après huit saisons de présence ininterrompue sur le flanc, avec 173 matches à la clé et un total appréciable, pour un défenseur, de 13 buts rien qu’en championnat. La suite, ce fut la Bundesliga et Cologne en particulier où, à 25 ans à peine, les lendemains les plus enchanteurs lui étaient promis. Pari tenu jusqu’à cette funeste joute de la phase finale de l’EURO 92 où la route du dogue danois croisa celle de l’attaquant néerlandais Marco van Basten. Avec, comme conséquence, un choc d’une violence inouïe et des images insoutenables d’un footballeur quittant le terrain sur une civière, le genou complètement en compote.

 » C’est mon premier souvenir footballistique du père « , grimace Kristoffer Andersen, transfuge frais émoulu du Brussels.  » A l’époque, je ne réalisais pas. J’avais six ans et, à la limite, j’étais fier que les caméras fassent un gros plan sur lui. Jusqu’à ce moment, à vrai dire, il n’y en avait eu que pour les autres, et plus particulièrement pour les frères Michael et Brian Laudrup, au sein d’une sélection qui faisait office d’invité surprise à Stockholm. Chacun se souviendra, sans nul doute, que ce n’était qu’en raison du désistement de la Yougoslavie que le Danemark avait été repêché sur place en toute dernière minute. Je m’en souviens d’autant mieux qu’au lieu de partir en vacances, comme initialement prévu, j’étais cloîtré à la maison suite à l’appel fait à mon père. Finalement, l’équipe a mené son entreprise à bonne fin sans lui. Mais personne ne l’a oublié dans l’aventure. A l’hôpital, où ma mère et moi l’avions rejoint après coup, toutes les fleurs lui étaient destinées. Il y avait de quoi être légitimement fier de lui « .

Actif en championnat d’Allemagne mais marié, depuis ses années anderlechtoises, à une Bruxelloise, Fabienne, Henrik Andersen avait accepté, pour des raisons familiales et fiscales, de continuer à vivre sur notre sol. A Eupen, un point de chute fut trouvé qui agréait tout le monde : d’une part, le Müngersdorferstadion n’était guère éloigné et, de l’autre, la maman et le fiston n’étaient pas du tout dépaysés. A peine installés, les parents se mirent d’ailleurs en quête d’un club pour leur fils unique, chez qui le virus du football devenait de plus en plus perceptible. Pas question toutefois de brûler les étapes : si le Standard était le club le plus emblématique du coin et l’AS Eupen le plus proche, papa Henrik n’en jeta pas moins son dévolu sur le FC local, pensionnaire de 4e Provinciale liégeoise.

Face au but

 » J’y ai joué l’espace de 8 années « , observe Kristoffer Andersen.  » Par après, mon père et ma mère se sont séparés et, durant quelques mois, j’ai retrouvé la capitale, où elle avait à nouveau trouvé refuge. Comme il ne m’était plus loisible de poursuivre mes activités sportives à Eupen, j’ai rejoint les rangs d’Anderlecht dans la catégorie des -15. J’y avais entre autres comme coéquipier Fabrice Omonga, que je retrouve comme par miracle au FC Brussels. Je n’ai pas grand-chose à redire sur la demi-saison que j’ai passée au Sporting. A la limite, j’y ai peut-être appris davantage, en ce court laps de temps, qu’au cours de toutes les saisons précédentes dans mon club d’origine. Quoi de plus normal, au demeurant, car à Neerpede, tout était déjà pensé de manière hyper professionnelle. Le hic, c’est que je ne me suis pas adapté dans la vie de tous les jours. La grande ville après une gentille bourgade, ce n’était franchement pas évident du tout. J’avais délaissé les copains et ma nouvelle école n’était pas mon truc. Aussi, après une demi-campagne à peine, j’ai insisté pour retrouver le cadre qui m’avait toujours été familier jusque-là. Et j’ai rebroussé chemin « .

Au plan footballistique, tout s’est alors brutalement accéléré pour notre interlocuteur. D’abord sous la forme d’une jolie promotion dans sa ville puisqu’il passa du FC à l’AS Eupen, sociétaire de D3 nationale à ce moment. Après un an chez les Scolaires, le Standard lui fit un appel du pied. Et c’est au Sart Tilman, sous la houlette de Daniel Boccar, qu’il poursuivit son écolage pendant deux ans et demi avant de retourner au Kehrweg.

 » Deux mentors ont particulièrement compté pour moi chez les Rouches « , dit-il.  » Dan en premier lieu, responsable de l’Ecole des Jeunes, et Gigi Govaert. Sous leur férule, j’ai le sentiment d’avoir effectué un énorme pas en avant. Longtemps, j’avais joué à toutes les places dans l’entrejeu et à l’attaque sans qu’une véritable orientation se dessine pour moi. Avec eux, j’ai été bombardé soutien d’attaque ou flanc droit offensif, aux côtés de l’attaquant le plus avancé. Je leur en suis reconnaissant car mon point fort se situe dans la profondeur, face au but. J’ai une bonne vitesse de course et je suis particulièrement à l’aise quand je peux être lancé par un coéquipier dans la ruelle. En revanche, un rôle de pivot, dos au goal, n’est pas à proprement parler ma tasse de thé. Je ne suis pas, non plus, un véritable réalisateur, même si j’ai commencé mon parcours à Sclessin en plantant 13 roses en 10 matches. De fait, j’ai davantage l’âme d’un pourvoyeur. Dans ce rôle-là, j’ai en tout cas délivré pas mal de ballons décisifs à un autre joueur que pourrais retrouver à Bruxelles : Mémé Tchité. Lui et moi, on s’entendait vraiment comme larrons en foire « .

Un rôle de joker

En janvier 2004, après deux ans et demi passés en bord de Meuse, Kristoffer Andersen choisit de retourner chez les frontaliers.

 » J’avais l’impression d’avoir fait le tour du propriétaire « , souligne-t-il.  » Chez les jeunes, j’étais allé au bout de mes aspirations, tant avec mon compère d’attaque rwandais qu’avec Frédéric Bozak, qui vient de rallier La Louvière. Pour progresser tant et plus, j’avais besoin de temps de jeu plus haut. En Réserve, toutefois, les places étaient extrêmement chères. Quoi de plus logique, dans la mesure où chaque semaine, une demi-douzaine de joueurs, privés d’un poste de titulaire en Première, venaient grossir les rangs. Et ceux-là étaient évidemment prioritaires. Dans ces conditions, je n’ai pas eu souvent l’occasion de m’exprimer avec les meilleurs. Même si je garde de bons souvenirs de l’une ou l’autre rencontres aux côtés de Sambegou Bangoura ou Papy Kimoto. J’avais hâte de franchir un autre palier et c’est pourquoi l’AS Eupen, monté en D2 entre-temps, me semblait une destination idéale. Avec le recul, c’était un coup dans le mille. Certes, la concurrence n’était pas un vain mot là-bas avec Marc Chauveheid et Thierry Habets mais, au fil des mois, suite aux blessures survenues, j’ai eu l’opportunité de m’illustrer et d’étoffer mon registre. Physiquement, notamment, je suis devenu beaucoup plus costaud qu’avant « .

Cette fois, c’est un nouveau challenge qui attend le fils d’Henrik au FC Brussels, où il s’est lié pour une période de deux ans.

 » J’avais la possibilité d’aller à Bochum aussi, mais j’ai préféré privilégier l’élite du football belge « , affirme-t-il.  » Genk s’est montré désireux de m’embrigader l’hiver passé mais au moment de finaliser l’accord j’ai été en proie à des problèmes de pubalgie qui m’ont contraint à un repos forcé de deux mois. Cet été, je n’ai plus rien entendu de ce club, contrairement au FC Brussels qui est venu rapidement aux nouvelles. Je ne cache pas que la perspective de travailler avec Albert Cartier et de m’épanouir auprès de nombreux jeunes de mon âge a constitué un facteur déterminant. Jusqu’à présent, je n’ai qu’à me féliciter de ce choix. Le technicien français constitue vraiment un régal et j’ai la chance de composer avec un chouette groupe, tant en ce qui concerne les anciens, comme Alan Haydock ou Richard Culek, que la jeune classe. Compte tenu de mon jeune âge, 19 ans, et de mon absence de bagage à ce niveau, je ne me suis pas fixé d’objectifs démesurés. Mon ambition est de vivre une saison tranquille, à l’abri de la zone rouge, avec mon nouvel employeur. D’un point de vue strictement personnel, j’espère avoir l’occasion de démontrer par intermittences que j’ai la pointure de la D1. Cette saison, je m’imagine plutôt dans le rôle de joker, mais l’année prochaine, j’entends fermement viser une place de titulaire. Mon père l’était à 17 ans au RSCA, il ne faut quand même pas que le décalage soit trop important entre lui et moi (il rit) « …

Bruno Govers

 » J’AI PRÉFÉRÉ LE BRUSSELS à Bochum  »

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