RECUL nécessaire

Après deux années d’enfer à Anderlecht et une montée en D2 avec Courtrai, le back droit Xavier Chen fait le point.

X avier Chen (21 ans û 1m74 pour 67 kilos) pourrait, pour beaucoup, être un modèle de discipline et d’hygiène de vie. L’adage latin Mens sana in corpore sano û qui figure sur le blason des Bruxellois û lui colle a la peau. Enfin… plus tout à fait ! Il ne porte en effet plus la vareuse anderlechtoise depuis un an et demi. Après une dizaine d’années mauves et blanches, il a décidé de rejoindre Courtrai qui évoluait à l’époque en D3.

Première expérience réussie car le club a été promu. Mais ce n’est pas tout. Xavier est en première licence de droit à l’Université Libre de Bruxelles. D’aucuns s’accorderaient à dire : -Pas mal pour un footballeur !, Xavier leur rétorquerait qu’il est étudiant avant d’être footballeur. Cela ne l’empêche en rien de livrer de bonnes performances pour Courtrai, entraîné par Manu Ferrera, qui a quitté son poste de directeur technique pour remplacer Rudy Verkempinck.

 » Notre début de saison a été catastrophique « , déclare Chen.  » Avec Verkempinck, on a pris 1 point sur 21. Fatalement, plus aucun joueur n’était derrière lui. Manu Ferrera avait déjà expérimenté la reprise d’un club en difficulté avec Alost et a assuré l’intérim en fin de saison dernière. Pourtant, il avait fait une croix sur le métier de coach car il ne voulait plus revivre les problèmes inhérents à cette fonction. Il est maintenant content. Jusqu’ici, il n’a pas à s’inquiéter. Si on ne prend en compte que les points récoltés par Manu, Courtrai serait quatrième ou cinquième. On continue évidemment à avoir des hauts et des bas. Au niveau du potentiel, notre noyau est composé de nombreux joueurs techniques dont quelques-uns sont issus de l’élite. Notre jeu a encore malheureusement tendance à être influencé par celui des autres formations. La D2 est physique et trop de clubs jouent le contre. On devrait en toute vraisemblance se sauver. L’objectif du début de saison était de passer une saison tranquille dans le ventre mou. Mais il s’avère plus difficile à atteindre que prévu.

L’an passé, on évoluait en 4-4-2 et Verkempinck a voulu instaurer un 4-3-3. Manu a heureusement rétabli le 4-4-2 où j’évolue back droit, ma place habituelle. Je compense mon petit gabarit par l’anticipation et la vitesse. Le courant passe bien avec lui et il y a facilement moyen d’établir un dialogue. Mais on lui parlait quand même plus lorsqu’il était encore DT. La fonction de coach impose la réserve. Par contre, il ne mâche toujours pas ses mots ! (Il rit) C’est grâce à lui que je suis au stade des Eperons d’Or. Je l’ai connu lorsqu’il entraînait des équipes de jeunes au Sporting. Il a pensé à moi et je l’en remercie. J’étais à l’époque en contact avec Tubize. Philippe Saint-Jean était d’accord mais l’affaire a traîné. J’avais peur de me retrouver sans employeur….

L’ambiance dans le groupe a toujours été bonne. Même en début de saison. Le groupe est resté soudé, même en ne soutenant plus Verkempinck. L’équipe compte une majorité de francophones et on y parle français. Il y a quelques néerlandophones mais ils sont tous bilingues. Bref, personne n’est à l’écart ! « .

 » Anderlecht a englouti ma motivation  »

Sportivement, Chen revit à Courtrai. Les deux dernières années passées au Parc Atrid ont constitué un cauchemar pour ce jeune du cru.  » Je venais deux fois par jour au club mais avec les pieds de plombs. Je n’y existais pas. J’étais invisible pour Franky Vercauteren. J’y ai perdu mon temps. Le plus frustrant est que je n’ai jamais reçu ma chance. J’étais stocké dans le noyau B, en Réserves. Il y avait des joueurs tels Davy Oyen et Emmanuel Pirard. Vincent Kompany a débarqué la seconde année. J’ai joué à tout casser une demi douzaine de matches ! Sarcastiquement et bizarrement, le meilleur moment de ma carrière coïncide avec cette sale période. Je faisais partie de l’équipe nationale des -19 et on s’était qualifié pour le championnat d’Europe en Norvège durant l’été 2002. Notre groupe était composé de l’Allemagne, de l’Angleterre et de l’Irlande. On a terminé quatrièmes. Dommage car les trois premières places étaient synonymes de qualification pour le Mondial. J’ai participé à toutes les rencontres et côtoyé les meilleurs. Le dernier match, j’ai même eu l’honneur de porter le brassard de capitaine mais de retour à Anderlecht, j’étais dans la tribune lors d’un match des Réserves face à Lommel. Le contraste était vraiment difficile à accepter. Ces deux années ont été infernales. J’ai souhaité partir et je suscitais l’intérêt de quelques clubs. Mais rien de concret ! Anderlecht a alors aussi essayé de me prêter à Zulte-Waregem, alors pensionnaire de D2 et futur promu. J’ai refusé car je considérais que c’était trop loin de chez moi. Le comble est évidemment que je me retrouve à Courtrai !  »

Actuellement, certains ont tendance à affirmer qu’Anderlecht lance de plus en plus de jeunes. Illusion collective ou réalité ?  » Je suis resté dix ans au Sporting. Et parmi ceux que j’ai côtoyé, peu ont percé. Quand on observe l’équipe actuelle, il n’y a que Walter Bassegio, Olivier Deschacht, Anthony Vanden Borre et Kompany qui proviennent du club. C’est peu, non ? On a l’impression de voir plus de jeunes mais c’est faux ! Il n’y a que Vincent et Anthony qui ont été intégrés récemment. Normal, ils ont un bagage technique que très peu possèdent. Olivier est quelqu’un que j’ai côtoyé également au Collège Saint-Pierre d’Uccle. On faisait d’ailleurs les navettes ensemble dans sa grosse Range Rover qu’il n’osait d’ailleurs pas montrer à nos camarades. C’est l’exemple type du joueur qui a reçu sa chance pour prouver ce qu’il valait et il a réussi rapidement. Avant qu’il ne soit aligné, il n’avait encore rien démontré. Personnellement, je n’ai jamais eu l’occasion de prouver de quoi j’étais capable. Le cas de Jonathan Legear est différent. Il a été aligné par nécessité. En effet, les blessures ont abondé au Sporting qui n’est pas un club formateur comme l’Ajax ou comme la plupart des grands clubs français. En Belgique, les clubs qui lancent des jeunes y sont souvent contraints par obligation financière…  »

Roi de l’équilibre

Est-il difficile de combiner sport de haut niveau et études ?  » J’ai dû scinder ma première candidature en droit en deux années pour parvenir à m’entraîner avec le Sporting. Maintenant que je joue en D2, tout est plus facile. Objectivement, le foot passe désormais après mes études. Je n’ai plus trop envie de retourner en D1 actuellement. Mais on ne sait jamais. De toute façon, je n’ai pas de plan de carrière. Mon expérience au Sporting a englouti ma motivation. Autant jouer en D2 pour s’amuser. Si je finis mes études et qu’on me propose un bon boulot intéressant sur le plan mental et financier, j’accepte sans rechigner. Je veux faire ce que j’aime toute ma vie. Le foot ne peut assurer l’avenir d’un joueur. Les privilégiés deviennent entraîneurs. La situation des autres est beaucoup plus précaire. Surtout en considérant le fait que le championnat belge n’offre plus à tout le monde les garanties pécuniaires d’antan. Je lis souvent la rubrique Qu’est-ce que tu foot ?. Et l’après carrière me fait très peur quand je vois les occupations de ces jeunes retraités. A 35 ans, ils sont obligés d’accepter presque n’importe quel emploi. En plus, ils ont le désavantage de l’âge. J’ai revu d’anciens coéquipiers anderlechtois et presque tous ont pris du recul par rapport au foot soit en étudiant, soit en travaillant. On a fait une croix sur nos espoirs de jeunesse !  »

Tim Baete

 » L’après carrière me fait TRèS PEUR quand je lis Qu’est-ce que tu foot ? « 

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