Pour la deuxième fois, l’octroi de la licence a été refusé au club molenbeekois mais le club continue.

Mais là n’était pas l’essentiel dans le camp molenbeekois. En matinée, les rouge-blanc-noir avaient perdu un autre match, beaucoup plus important celui-là: celui qui concerne leur avenir en D1. Pour la deuxième fois, l’octroi de la sacro-sainte licence leur aura été refusé.

Rappel des faits: le 28 février, le RWDM introduit sa demande de licence qu’il défend, le 14 mars, devant la Commission ad hoc. Aux fins d’obtenir ce passe-droit, le club bruxellois a créé une société anonyme qui répond au nom de « Stadium Brussels » et qui chapeaute les deux ASBL existantes: la section professionnelle et l’école des jeunes. En échange de l’exploitation du catering, la nouvelle SA s’engage à payer les dettes des Coalisés qui se montent à près de 1,5 million d’euros (v.cadre).

Le 25 mars, la Commission des Licences décide de ne pas accorder le feu vert aux Molenbeekois. Elle leur reproche d’avoir favorisé une construction qui vise à céder les dettes à une nouvelle entité juridique. La direction, de son côté, estime qu’elle répond, ce faisant, aux normes du règlement concernant la licence puisqu’après la cession, elle n’aurait plus aucune dette interdite. On rappellera, à cet effet, que pour décrocher le précieux sésame, les clubs doivent prouver qu’ils sont en ordre de paiement, à la date du 31 décembre 2001, vis-à-vis des joueurs, de l’ONSS, de la TVA, de la Caisse de Pensions, de l’URBSFA et des autres clubs ou faire valoir, à défaut, des plans de remboursement.

Evocation

D’emblée, le RWDM va en appel mais est finalement débouté par ce Comité, en sa séance du samedi 13 avril. Une décision justifiée par l’absence de la moindre preuve de paiement, dans l’intervalle, des dettes du club ou d’accords avec les créanciers. Par la voix de son manager général, Patrick De Cock, le club molenbeekois a d’ores et déjà laissé entendre qu’il épuiserait son ultime recours dans ce dossier: le pourvoi en évocation. Pour ce faire, il faut qu’il atteste d’un fait nouveau ou d’une erreur de procédure. Si le RWDM devait à nouveau être recalé, il lui resterait encore la possibilité de se tourner vers les tribunaux civils.

Mais il existe encore une autre planche de salut pour les Bruxellois. Ceux-ci ont en effet introduit dans les délais (avant le 31 mars) un autre dossier concernant l’octroi de la licence. Celui-ci fait état d’une cession de patrimoine à la SA Stadium Brussels en lieu et place d’une transmission de dettes, à l’image de ce que Charleroi avait fait l’année passée et qui avait été accordé. Son acceptation passe toutefois par l’apurement du passif existant. Chez les Zèbres, la Ville avait garanti un prêt bancaire de 5.000.000 d’euros.

A Molenbeek, la commune n’est cependant nullement disposée à accorder un aval similaire. Aux dires de Maître Ortwin Carron, l’un des avocats qui défendent le club, 500.000 euros, représentant grosso modo le tiers des dettes, ont déjà été réunis. Il semble, une fois encore, que dans ce cas précis, le président du RWDM, Eric De Prins y soit allé de sa poche. Ce qui signifie qu’en l’espace de deux ans, il aurait déjà injecté deux millions d’euros de sa cassette personnelle dans le club!

La question que beaucoup se posent est de savoir comment un an après avoir obtenu la licence, le club molenbeekois fait à nouveau face à un passif aussi conséquent. Et qui n’est, semble-t-il, que la partie émergée de l’iceberg car à tous niveaux les Coalisés sont confrontés à d’épineux problèmes financiers.

Une anecdote: avant le derby Anderlecht-RWDM, Dirk Van Oekelen et Kris Temmerman se retrouvent sans chaussures. Un magasin de sport dépanne les deux joueurs. Huit mois après les faits, la facture, de moins de 200 euros, n’a toujours pas été honorée malgré divers rappels… Et ce n’est qu’un cas parmi d’autres.

Prospection

Les entraîneurs de jeunes, par exemple, n’ont plus eu droit à leur argent (entre 100 et 200 euros par mois) depuis novembre. Sans compter que des plaintes ont été déposées au Civil par deux ex-entraîneurs du club, Ariel Jacobs et Patrick Thairet. Le premier réclame un dû de 50.000 euros et le deuxième estime avoir droit encore à la somme de 40.000 euros.

« L’affaire traîne en longueur parce qu’on joue sur les mots », explique Thairet qui continue à oeuvrer comme scout et est toujours impliqué dans l’école des jeunes malgré le procès. « A la demande du RWDM, j’ai créé une société qui lui louait mes services. C’était une manière pour que le club n’ait pas à supporter de charges sociales pour moi. Parmi les activités répertoriées, il y avait notamment la prospection. Et on m’attaque sur ce point (et d’autres) sous prétexte que je ne peux pas prouver les missions effectuées. Comme s’il n’était pas évident, dans le monde du football, d’aller visionner l’opposant ou un joueur.

J’ai eu tort, aussi, de ne pas faire mentionner dans mon contrat les primes concernant le tour final et la montée. Dans ma candeur naïve, je pensais qu’une parole valait un écrit pour un vieux serviteur comme moi, actif au RWDM depuis 33 ans. Je m’étais trompé car cet argent-là, on me le conteste aussi. Pas mal de choses se sont dégradées depuis l’arrivée au pouvoir d’Eric De Prins. Pendant des années, j’ai toujours bouclé aisément le budget de 250.000 euros qui m’étaient alloués pour l’école des jeunes. Mais il a suffi que des problèmes de trésorerie se fassent jour au niveau de la Première pour que l’on imagine un système de vases communicants entre les jeunes et le noyau professionnel. A ma grande stupéfaction, j’ai appris un jour qu’un chèque que j’avais signé n’était pas couvert. Et pour cause, on s’était servi de l’argent destiné au blé en herbe pour payer le transfert de Svobodan Miletic. Et ce n’est pas tout: le club débourse quelque 18.000 euros annuellement pour l’occupation de deux terrains à l’Institut Saint-Nicolas. C’est d’autant plus cher qu’ils sont impraticables les trois quarts du temps, tant ils sont gorgés d’eau. Au complexe du Sippelberg, on louait trois fois plus de terrains pour le tiers de ce prix. Une hérésie! »

Manu Ferrera au chômage

Présenté comme le futur successeur de son frère, Emilio, Manu Ferrera avait commencé à travailler pour le compte du RWDM le mardi 2 avril. Une semaine plus tard, exactement, il mettait déjà ses activités en veilleuse: « J’avais rendez-vous, ce jour-là, avec Patrick De Cock pour finaliser le contrat de Damir Stojak. Mais le manager général ne s’est pas pointé à l’endroit prévu. Depuis, je suis sans nouvelles de lui. Les avocats du club m’ont avisé que mon contrat de deux ans était fin prêt et que l’occasion me serait donnée de le signer après le match contre le Lierse. Mais je n’ai rien vu venir, une fois de plus. Dans ces conditions, ma décision est prise: je m’inscris au chômage en attendant que la situation se clarifie. Mais j’ai bien peur que Molenbeek, ou même le football en général, ce soit fini pour moi. Je vis une quatrième faillite. Et je suis dégoûté ».

Bruno Govers,

« Quelle dégradation depuis l’arrivée d’Eric De Prins! » (Patrick Thairet)

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