Real-Belgique : 3-3

Match nul entre le club n°1 du 20e siècle et nos représentants.

Quatre clubs belges ont affronté le Real en Coupe des Champions: l’Antwerp, éliminé en 57-58, le Standard, écarté en 61-62 mais revanchard en 69-70, Anderlecht, qualifié en 62-63 mais exécuté en 65-66, et le Club Brugeois victorieux en 76-77.

En octobre 57, l’Antwerp eut le premier l’honneur de la visite du Real, déjà deux fois vainqueur de la toute fraîche Coupe des Champions en 56 et 57. Champion de Belgique 57, le club de Deurne débutait en CE. Jusqu’alors, seul Anderlecht avait mis les pieds, dans les deux premières éditions précédentes, mais sans gagner un match. Pour le club anversois ce commencement ne fut pas une réussite non plus. 1-2 et 6-0, mais il est équitable de rappeler que, face aux 45.000 spectateurs de Deurne, le Great Old méritait mieux contre Di Stefano, Kopa, Gento et Santamaria. Vic Mees, Soulier d’or 56, dirigea avec beaucoup d’autorité, De Bakker égalisa, 1-1, mais l’Antwerp tira alors deux fois sur le montant et faiblit en fin de partie.

L’équipe: Cooremans, Lambert, Van Ginderen, L. Wouters, Mees, Maertens, Beyers, De Bakker, Jef Van Gool, Bertels et Verbruggen.

Blessé, Mees ne put participer au retour, et l’actuel président Eddy Wauters fit son entrée européenne. Bon et mauvais souvenir pour le Royal Amberes (Antwerp en espagnol): 2-0 après 3 minutes, et une domination totale des toreros espagnols. Cette saison-là, à Bruxelles-Expo 58, le Real et le Milan AC disputèrent une pathétique finale au Heysel: 3-2 pour les hidalgos en prolongations.

Les vainqueurs: Alonso, Atienza, Lesmes, Santisteban, Santamaria, Zarraga, Kopa, Joseito, Di Stefano, Rial et Gento. Dans le camp vaincu, trois grands noms: le défenseur central Cesare Maldini (père de Paolo), et les deux attaquants Nils Liedholm (Suède) et Juan Schiaffino (Uruguay).En 61-62, 1/2 finale avec le Standard Lieja, premier club belge à atteindre ce niveau en C1. La nouvelle génération pointait avec Léon Semmeling, Roger Claessen et Lucien Spronck dans une équipe encore semi-pro à cette époque-là. Rien à perdre au stade Bernabeu: l’entraîneur français Jean Prouff et Claessen et cie s’y présentèrent très décontractés. Jean Nicolay, impeccable, n’évita pourtant pas le 4-0 face à Gento, intenable, et Puskas. Paeschen et Bonga eurent une chance de but. Di Stefano complimenta Nicolay et Semmeling. Les vaincus: Nicolay, Vliers, Marchal, Bonga, Thellin, Sztani et Houf, Semmeling, Claessen, Crossan et Paeschen. Présence royale et bureaux fermés au retour à Sclessin où Denis Houf fut madrilène, mais Claessen et Crossan ne touchèrent que le poteau. Au décompte, 2-0 par Puskas et Del Sol. Cette année-là, le Real perdit la finale, 5-3 à Amsterdam, malgré 3 buts de Puskas, contre Benfica ( Eusebio, Coluna, Simoes et Augusto).

La saison suivante, Anderlecht franchit, enfin, un tour en C1, par la mise à mort du Real. Suspense à Chamartin: 2-0 et 2-2 par Van Himst et un brillant J.P. Janssens, et 3-3 par Puis. Après le match, Puskas se plaignit de douleurs à l’estomac, et Verbiest assura qu’il en aurait encore au retour. Pour la première fois le Sporting loua le Heysel, le remplit, et s’offrit la queue et les oreilles madrilènes. Tournant de ce match prudent : Amancio loupe sa chance, Jurion pas. Il profite d’un tir repoussé et bat Vicente : 1-0. Di Stefano se consola en dansant le tango (argentin, bien sûr) dans un cabaret de la place de Brouckère. Les vainqueurs: Fazekas, Heylens, Verbiest, Lippens, Cornélis- Hanon et Jurion- Janssens, Stockman, Van Himst et Orlans. Sur sa lancée, Anderlecht effaça CDNA Sofia, mais fut maté par Dundee FC, toujours au Heysel.

En 65-66, en quarts, revanche madrilène, sans trois grands absents: Di Stefano et Puskas sont partis et Verbiest, victime d’un accident de voiture, vient d’être porté en terre. Au Parc Astrid, 1-0 (Van Himst) et le Real s’en tire bien. A Madrid, l’arbitre français Barberan avait prévenu, au quart d’heure, qu’il ne tolérerait plus aucun écart, et exclut Cornélis peu après. Résultat 4-2, et les olés tombèrent sur les dix Anderlechtois. A l’entrée de la salle de banquet, Stockman attendait Barberan, sous prétexte qu’il « avait mis la main dans son portefeuille », et au dessert, le président Roosens se fâcha sur l’arbitre. Ses paroles lui valurent un blâme de l’UEFA, et les banquets d’après-match furent supprimés. Amère défaite donc pour Pierre Sinibaldi et ses Trappeniers, Heylens, Kialunda, Plaskie, Cornélis- Hanon et Jurion- Stockman, Mulder, Van Himst et Puis. Le public mauve scanda plusieurs semaines le nom de Barberan chaque fois qu’à ses yeux un arbitre commettait une erreur.

Le Standard s’offrit une impressionnante revanche en 8e en 69-70. Privé de Jeck et de Semmeling, mais emmené par les deux grands copains Dewalque et Van Moer, très inspirés, il méritait mieux que le seul but de Kostedde. Il est vrai que Gento, blessé, avait rapidement quitté le terrain et que les Espagnols se retirèrent dès lors en défense. A Madrid, René Hauss et sa bande signèrent l’une des pages magistrales de l’histoire du club. Sans complexe dans un stade aux trois-quarts vide, le Standard Lieja, via Pilot (0-1), Depireux (1-2), et Galic (2-3), estoqua le Real dans un stade sans olé. A 2-2, après un penalty de Gento, Hauss tenta un coup de poker en remplaçant Kostedde par Milan Galic. Effet cash : l’habile Yougo réussit le but décisif à sa première touche de balle. C’était la première fois qu’un club étranger se qualifiait à Chamartin en marquant 3 buts. Ce triomphe fut à ce point arrosé que, le dimanche, le Standard s’inclina au Crossing. Avec l’autorisation de Hauss, Dewalque et Van Moer s’étaient offert une « petite sortie » madrilène. Les auteurs de l’exploit: Piot, Beurlet, Dewalque, Jeck et Thissen- Van Moer, Takac et Pilot- Depireux, Kostedde (puis Galic) et Cvetler. Au tour suivant, Leeds United mit le Standard hors course sur un double 1-0.

Grande saison 75-76 pour le foot belge: conquête par Anderlecht de sa première Coupe des Coupes, au détriment de West Ham, et finale UEFA pour le Club Brugeois défait par Liverpool après deux matches épiques. Un an après, Ernst Happel et cie, après avoir doublé Steaua Bucarest, poursuivent sur leur lancée, et étonnent l’Europe en forçant le Real au nul (0-0), chez lui. Plus précisément, à Malaga, puisque le sextuple champion d’Europe, après une série d’incidents, la saison précédente, au Bayern Münich, dut disputer quelques matches hors de sa base.

El Club Brujas rivalisa techniquement et tactiquement, misa sur le contre et se créa les occasions les plus franches par Bastijns et Courant. Le Club sortit plus fort de cette confrontation et surtout convaincu que l’optimisme était de mise pour le retour. Cet espoir se concrétisa dans un Olympiastadion comble et entre des pylônes pris d’assaut par des dizaines des supporters. Animé en ligne médiane par un autoritaire Paul Breitner, le Real était pourtant difficile à manoeuvrer, surtout dans son rectangle. Au quart d’heure, Ulrik Le Fèvre trouva toutefois la faille, et, coup de pot psychologique, juste avant le repos, Bruges marqua le numéro deux sur coup de coin dévié par Rubinan dans ses filets. Le Real se rebella, Jensen sauva le possible et l’impossible, et dans le quart d’heure final, Bruges offrit à des supporters fous de bonheur un show de qualité européenne.

Les Brugeois : Jensen, Bastijns, Krieger, Leekens, Volders- Cools, Courant, Vandereycken, Lambert, Davies et Le Fèvre. Au tour suivant Mönchengladbach et Berti Vogts les ramenèrent à terre.

L’avant-dernière confrontation entre Anderlecht et le Real se joua en Coupe de l’UEFA 84-85, et en marge donc du bilan de nos clubs en Coupe des Champions. La saison précédente, avec Van Himst entraîneur, le Sporting avait échoué de toute justesse, aux tirs au but, face à Tottenham en finale C3. Avant de réceptionner El Madrid, il s’était bien huilé la mécanique en ajustant Werder Brême et la Fiorentina. A son vif regret et à celui des supporters mauves, Juan Lozano, cédé au Real, fit banquette au Parc Astrid. Pas de problèmes pour Anderlecht, 3-0 par Vandenbergh, Czerniatynski et Vercauteren, et une prometteuse perspective pour la décision au stade Bernabeu. Une cata pourtant : 6-1. D’insaisissables Lozano et autres maîtres madrilènes mirent le maillot mauve en lambeaux et Pär Friman sauva l’honneur. Les Anderlechtois d’alors disent ne rien avoir compris à cette débâcle. Des tas d’hypothèses, certaines insidieuses sur la régularité de la partie, furent même avancées. A quoi bon?

Les déçus: Munaron, Peruzovic, Grün, Scifo De Groote (Gudjohnsen), Vercauteren, Friman, Hofkens (Andersen), Arnesen, Olsen et Czerniatynski. Les Espagnols conquirent cette saison-là leur première Coupe de l’UEFA, aux dépens de Videoton, avec Angel, Chendo, Stielike, Sanchis, Camacho, San Jose, Gallego, Michel, Butragueno, Santillana et Valdano.

Henry Guldemont

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire