Ratisseur râleur

B eckham à Madrid : le Real squatte-t-il les stars pour être plus fort sur le terrain, ou plus riche (moins endetté ?) en dehors ? Figo, puis Zizou, puis Gronaldo : trois kings acquis sur trois saisons écoulées, et au bout du compte une victoire (2002) en Ligue des Champions. Mais deux victoires (1998 et 2000) lors des trois éditions précédentes, du temps où Raul n’avait pour partenaires d’attaque  » que  » des seconds couteaux à l’argus du foot/business : rememberMorientes, McManaman et autres Mijatovic… Les économistes du Real ont-ils découvert qu’en affaires footeuses, le résultat n’était qu’anecdotique par rapport à l’affiche offerte (et renouvelée)… ou est-ce aussi le staff sportif madrilène tout entier qui milite (candidement ?) en faveur d’un foot-champagne pétillant jusqu’à plus soif ?

Car oublions un instant la purulence dégoûtante des salaires octroyés, pour ne penser qu’à la Beauté : la vraie, celle des gestes élaborés et des connivences fines, celle qui découle de l’inattendu et du rarement vu. C’est bien pareille beauté footeuse qui sommeille au sein du quintette Zidane-Beckham- Ronaldo-Raul-Figo, sensé former l’armada offensive madrilène 2003/2004 : un quintette quasi sextuor, vu que l’apport global de Roberto Carlos est au minimum aussi offensif que défensif ! Dans cette optique, ne resteront donc que quatre places pour quatre gars confinés à une certaine obscurité, et surtout doués pour défendre. Quatre, c’est peu, très peu, pour parvenir à ratiboiser les caïds d’Italie et d’ailleurs,… mais c’est ce dont on rêve à Madrid, et c’est en cela que le cynisme économique y côtoie peut-être la candeur sportive ! Car pour que le Real balaie tout sur son passage tout en osant un onze pareillement configuré, pour qu’il nous amène au paroxysme du top de l’apogée des cimes du sommet du bonheur via ballon rond, je vois au minimum trois conditions. Primo, le successeur de Hierro sera plus fort que Hierro et que Terminator 3 réunis. Secundo, Zidane mettra hélas sa créativité en veilleuse et sera davantage régisseur en retrait, clarifiant sans les perdre tous les ballons passant par lui, à l’image du grand Redondo jadis. Tertio, à côté de Zizou, Makelele ratissera deux fois plus qu’hier,… si on lui a doublé son salaire de ratisseur !

L’affaire Makelele ramène à la purulence. En pensée, j’ai récemment mis mon poing dans la télé, c’est-à-dire dans le faciès de l’agent du joueur qui venait d’oser déclamer l’insanité banalisée suivante :  » Claude n’en a plus que pour quatre ou cinq ans au top-niveau, il faut qu’il assure son avenir !  » Ho ! En 2000, quand Makelele a signé un contrat de six ans lui garantissant annuellement 1,5 millions d’euros hors primes, il assurait quoi ? L’avenir de son poisson rouge ? Assez de bobards ! Augmenté à nouveau, Makelele assurerait les arrières des arrières de ses arrières, les arrières de sa maman et les arrières de son agent ! Si tu signes à long terme pour le cas où tu serais franchement nul, tu signes aussi pour fermer ta bouche au cas où tu t’avérerais meilleur que dans tes rêves les plus mégalos ! Quoi ? Makelele est important dans le schéma tactique, il court quatre fois plus et gagne cinq fois moins que les six stars ? Et alors ? Il rapporte dix fois moins en vente de maillots, calcifs et Cie, ça compte aussi dans le business ! Ensuite, un contrat est un contrat, un patron est un patron : tu revois Makelele à la hausse et, le lendemain, tu ramasses dans ton bureau Salgado, Pavon et Helguera qui viennent y jouer les prolos révoltés !

Par Chelsea alléché, Makelele a fait chanter : caprice de star d’un gars qui n’a pas l’air d’en être une ? Tant pis pour lui si ça lui retombe sur le râble ! Les footballeurs sont des pleureuses, je vous l’ai dit le mois dernier : le plus gros salaire déprime quand il n’est pas dans le onze de base, le gars du onze de base déprime quand ils n’est pas le plus gros salaire. En prime, s’il croit commencer une petite… déprime, il demande à son toubib un certificat de complaisance, comme le plus madré des ronds-de-cuir, et il est dispensé d’entraînement pendant quelques jours. Pingre comme un riche.

par Bernard Jeunejean

Makelele court quatre fois plus et gagne cinq fois moins que les six stars. Et alors ? Il rapporte dix fois moins en vente de maillots !

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