RAPPELS HISTORIQUES

Avant un match décisif face au vainqueur des play-offs 2, c’est l’occasion idéale de se replonger dans l’histoire européenne (famélique) du Sporting.

Voilà Charleroi appelé à une seconde session, obligé de prolonger son marathon d’une semaine, lui qui reste pourtant déjà sur 40 matches de championnat. On ne saura donc qu’au bout du 42e match de championnat si les Zèbres vont pouvoir décrocher leur 2e participation européenne. Cette 5e place, tout le monde voulait pourtant l’éviter, les joueurs étant fort peu désireux de rogner des vacances bien méritées d’une semaine.  » Une semaine dans une carrière de quinze ans, qu’est-ce que ça représente ? », tentait de relativiser Nicolas Penneteau.  » Mentalement, on est conscient que l’équipe qui est 5e a pris un coup sur la tête par rapport à celle qui a gagné les PO2 « , ajoutait Felice Mazzu.  » Il va falloir apprendre à aimer cette 5e place.  »

Une qualification européenne constituerait la cerise sur le gâteau d’une saison réussie au-delà des espérances. Mais pour que cette saison soit aboutie, les Zèbres doivent arriver à se mobiliser une dernière fois car il serait dommage que leur campagne se termine en eau-de-boudin et laisse un goût d’amertume en bouche. Pour se motiver, il suffit de se dire qu’ils ont l’occasion d’écrire l’histoire d’un club vieux de 110 ans. Car, leurs périples européens se résument à peau de chagrin.

En terminant 5e, les Zèbres disputeront un barrage décisif pour une place européenne. Pas une première dans l’histoire du club mais presque. Les supporters liégeois n’ont d’ailleurs pas manqué de chambrer leur homologue carolo et de le leur rappeler dans une banderole :  » Ryanair : le seul moyen pour vous de découvrir l’Europe !  » A Charleroi, on a tellement peu souvent participé à la Coupe d’Europe qu’on compte dans les statistiques les participations à la Coupe Intertoto. Cette coupe  » en chocola « t, Charleroi l’a disputée à trois reprises, dont la dernière en 2005 lors d’une édition qui ne restera gravée dans les mémoires que pour le contrôle antidopage inopiné (et positif) de Laurent Ciman. Pour le reste, les hommes de Jacky Mathijssen avaient été piteusement battus par les modestes finlandais de Tampere !

 » Je trouve notre image de guindailleur trop réductrice  » (Roch Gérard)

Il faut remonter encore plus loin pour voir trace d’une vraie participation européenne. La seule depuis l’existence de la Coupe de l’UEFA. C’était en 1994. Là aussi, les Zèbres avaient fait long feu, éliminés dès le premier tour par les Roumains du Rapid Bucarest. Il s’agissait alors du chant du cygne de cette équipe qui restait sur deux saisons formidables, l’une avec Pär Zetterberg lors de laquelle Charleroi atteignit la finale de Coupe, et l’autre sans lui lors de laquelle les Zèbres finirent 4e.  » On avait validé notre ticket européen par… une défaite au FC Liège « , explique Roch Gérard.  » Vu ses antécédents dans ce club, Robert Waseige nous avait engueulé comme du poisson pourri alors que nous étions quand même européens ! Waseige nous avait mis pendant deux ans en surrégime et avait fait de personnes qui n’étaient sans doute pas capables de rivaliser avec les meilleurs des guerriers pouvant soulever des montagnes. Evidemment qu’on guindaillait mais je n’aime pas trop cette image. Je la trouve trop réductrice. Le lendemain d’une guindaille, on pouvait prendre n’importe qui sur notre dos. Et aucun entraîneur ne s’est jamais plaint de nous.  »

 » Pour moi, ce match contre le Rapid Bucarest, je l’englobe dans une superbe période de trois ans. On avait disputé ce match fin août mais pas question de se demander si c’était une bonne période ou pas. On l’avait mérité et on voulait le jouer à fond. A l’époque, se déplacer en Roumanie constituait encore un déplacement compliqué dans un pays qui se remettait doucement de la chute de Nicolai Ceaucescu. On était passé à côté d’une belle performance car on avait été battus 2-0 là-bas et que Dante Brogno avait hérité d’une grosse occasion. A la maison, on avait gagné 2-1 mais cela n’avait pas été suffisant pour se qualifier. Sur le moment, on est dans le mouvement : on ne pense pas un instant que ce sera le seul match européen de notre carrière. Ce n’est qu’après qu’on réalise que ce qu’on a fait n’est pas si mal que cela. C’est une expérience unique dans une carrière et j’espère que les joueurs actuels vont en profiter.  »

Ce match a enlevé une partie de saveur et de fraîcheur à cette équipe de Charleroi qui échoua lors de la saison 95-96 à la 13e place.  » On a connu une saison mi-figue, mi-raisin. Georges Leekens a succédé à Waseige et est arrivé avec pas mal de transferts comme Graham Arnold, Yvan Desloover ou Didier Frenay « , continue Gérard.  » Des joueurs emblématiques comme Rudy Moury, qui avaient fait ce Charleroi européen, avaient été mis sur le côté. Pourtant, l’arrivée de Leekens avait été perçue comme un petit renouveau après des coaches plus  » locaux  » comme Waseige ou Luka Peruzovic. Il venait avec de nouvelles idées mais sans doute était-il trop pro pour un club comme Charleroi. Moi, il m’a été bénéfique puisque j’ai réalisé ma meilleure saison !  »

Waseige-Mazzu : même combat

Cette équipe, certes plus régionale et festive, ressemble pourtant à la bande de Felice Mazzu.  » Je n’aime pas trop comparer les époques « , continue Roch Gérard.  » mais je crois qu’on peut comparer les deux entraîneurs. Comme Waseige, Felice Mazzu arrive à tirer la quintessence de ce groupe. Avec son humilité, il arrive à faire de cette équipe une formation qui mérite amplement sa place « , dit Gérard.

Même si cette participation européenne a tourné court et n’a pas laissé de grands souvenirs (la faute au résultat bien sûr mais aussi au manque d’attrait de l’adversaire), elle a constitué l’aboutissement de ce qui apparaît encore aujourd’hui comme la plus belle génération de l’histoire du Sporting zébré. A l’époque, toute une ville vivait au rythme du Sporting. Il n’était pas rare de croiser la majeure partie de l’équipe aux petites heures, les soirs de victoire, au Flagrant délire (ancien café de Charleroi). Et aucun joueur ne pouvait quitter le stade sans passer par la buvette du rez-de-chaussée (qui n’existe plus).

La génération Mathijssen, la seule qui est parvenue à s’approcher des héros de 93-95, n’est jamais parvenue à décrocher un ticket européen. La bande à Mazzu a donc une belle carte à jouer. La gâcher aboutirait à ajouter un chapitre au livre fourni des rendez-vous ratés carolos.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

 » Comme Waseige, Mazzu arrive à tirer la quintessence de son noyau.  » Roch Gérard

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire