Ramage de Hollande

Le coach du Club a remporté ses deux premiers vrais matches à enjeu contre Lahti et Charleroi. Mais il reste encore pas mal de réglages.

On attend Adrie Koster (54 ans) au tournant. L’homme a coaché l’équipe A de l’Ajax : fameuse référence. Et surtout, il s’est imposé tout seul une grosse pression. Pour résumer son discours :  » Le travail de Jacky Mathijssen au Club Bruges ne valait rien, et avec moi, vous allez voir ce que vous allez voir.  »

Premières impressions après les deux premiers matches à enjeu du Club, en préliminaires de l’Europa League contre les Finlandais de Lahti et en championnat à Charleroi.

Acte I : un discours qui a de la gueule

Dès sa signature, Koster a mis le doigt sur les maux de sa nouvelle équipe. Il l’a observée plusieurs fois en fin de championnat, a tiré ses conclusions et annoncé ses plans : Bruges sera désormais une équipe dominante qui pratiquera un jeu soigné, loin des longs ballons prônés par Mathijssen, le porteur adverse du ballon sera constamment mis sous pression, les Flandriens essayeront de contrôler le jeu et de prendre l’initiative à tout moment, ils chercheront toujours le chemin le plus court vers le but, il y aura des injections très visibles de foot made in Holland et les spectateurs s’amuseront à nouveau au stade.

Acte II : une prépa calamiteuse

Bruges a glané plusieurs victoires en période de préparation. Contre… Coxyde, Aalter et Torhout. Il y a eu un seul succès contre une  » vraie  » équipe : l’AZ Alkmaar, battu 1-0 à l’occasion des Matines Brugeoises. Pour le reste, des affronts : 5-0 à Zulte Waregem, 2-0 à Roulers, 2-0 à Westerlo, 2-1 au Germinal Beerschot, 3-0 à Duisburg.

Une constante dans ces contre-performances : la naïveté de l’équipe, continuellement surprise sur des phases arrêtées. Koster annonce récemment dans la presse que son noyau est insuffisant. Mathijssen rigole :  » C’est maintenant qu’il s’en rend compte ? Après avoir vu tous nos derniers matches la saison passée et avoir pris des dizaines de pages de notes ? »

Le contenu des entraînements a changé par rapport à la période Mathijssen.  » On travaille moins le physique mais beaucoup plus l’aspect technique « , affirme Jeroen Simaeys.  » Avec Mathijssen, on allait souvent jusqu’à la limite et c’était peut-être trop pour certains joueurs.  »

Point de vue foot, Simaeys voit aussi de fortes différences entre les deux coaches.  » Koster exige que le Club joue au foot, il veut limiter les longs ballons et ne mise pas sur la contre-attaque. Il nous demande de combiner le plus possible. Il faut maintenant voir si nous avons assez de qualités pour pratiquer le football qu’il a en tête. « 

Acte III : une Europa League déjà compromise

Premier match à enjeu : contre les Finlandais de Lahti en préliminaires de l’Europa League. Koster applique le schéma qu’il a dans l’esprit depuis son arrivée, un 4-3-3 avec Joseph Akpala en pointe alors que les deux autres attaquants, Wesley Sonck et Nabil Dirar, rentrent régulièrement dans le jeu. Après 6 minutes, c’est 0-1, sur corner : encore une phase arrêtée assassine. En début de deuxième mi-temps, Lahti marque une seconde fois, avec des défenseurs brugeois à nouveau passifs. Comme si on ne leur avait jamais dit que Jari Litmanen savait donner des assists !

Mais tout n’est pas négatif. Bruges marque trois buts (3-2). Et on s’amuse par moments avec des mouvements spectaculaires et un niveau technique au-dessus de la moyenne. Koster reste optimiste :  » Nous vivons encore. Je ne peux pas être mécontent quand mon équipe plante trois goals dans un match européen, mais nous en prenons deux aussi. En Finlande, un 0-0 nous suffira. Et je suis sûr que nous aurons des occasions là-bas. « 

Dans les catacombes du stade, le directeur sportif Luc Devroe est démonté :  » Le manque d’équilibre est inquiétant, il faut sans doute changer de système. Si nous jouons toute la saison comme ça, ce sera très difficile. J’espère que Koster trouvera vite les bons mots pour remonter les joueurs. Nous avons eu beaucoup de chance : si Lahti joue bien le contre, nous perdons le match. Et il suffira d’une seule nouvelle erreur défensive là-bas pour que ça soit déjà terminé. Contre une équipe pareille, nous devions nous qualifier dès le match aller. Je ne suis pas sûr que tout le monde était conscient que c’était un rendez-vous européen.  »

Devroe lance une pique à son entraîneur, qui continue à réclamer des renforts :  » Nous n’avons pas apprécié ses demandes via la presse et nous le lui avons fait savoir. Ce n’est pas le style de la maison. Nous lui avons demandé de peser ses mots dans le futur. Il doit encore s’adapter au Club. Et peut-être que le Club doit aussi s’adapter un peu à lui. Il est en tout cas possible de faire beaucoup mieux avec les 11 joueurs qui étaient sur le terrain ce soir. C’étaient les mêmes contre l’AZ mais l’équilibre était tout à fait différent et les champions des Pays-Bas avaient dû attendre les dix dernières minutes pour avoir une vraie occasion. Et quand je vois les noms qui étaient sur le banc aujourd’hui, je me dis que notre noyau n’est vraiment pas mauvais. Nous allons aussi récupérer Michael Klukowski, qui vient de rentrer d’une… coupe en chocolat (NDLA : Gold Cup) en Amérique. Nous recherchons un renfort mais nous ne transférerons pas n’importe quoi et il n’y a pas urgence : le marché est ouvert jusqu’à la fin du mois.  »

Acte IV : victoire à Charleroi, les doigts dans le nez

Pour le déplacement à Charleroi, Koster modifie son système : Sonck est sur le banc, Dirar et Akpala jouent devant dans un 4-4-2.  » Je comptais sur leur vitesse pour partir dans le dos des défenseurs de Charleroi « , dit le Hollandais.  » Et avec Jonathan Blondel, Simaeys, Ronald Vargas et Vadis Odjidja, je pensais que nous pourrions contrôler le milieu de terrain.  »

Bruges prend vite l’avance puis le match est tronqué par trois exclusions carolos (30e, 40e et 70e minutes). Le Club s’impose 1-2. Il y a de nouveau des séquences techniques intéressantes, un jeu en une touche de balle et une succession de passes qui rendent parfois le ballon insaisissable pour l’adversaire. Des confirmations par rapport à Lahti : le retour de Klukowski fera du bien parce que Koen Daerden n’a rien d’un bon back gauche ; Odjidja est beaucoup plus présent que la saison dernière ; Blondel semble sorti du trou où l’avaient plongé divers soucis extra-sportifs ; Mohamed Dahmane s’est bien débrouillé les deux fois dans son rôle de joker ; et Laurent Ciman, qui avait beaucoup joué en préparation mais s’était troué dans le match de gala contre l’AZ, n’a actuellement pas sa place dans le groupe.

Koster a apprécié la première mi-temps, pas la suite :  » Nous avons oublié de tuer le match. Mes joueurs se sont mis à porter le ballon et à essayer leur petit numéro plutôt que de penser collectivement. J’aurais préféré jouer à 11 contre 11 pendant tout le match, cela m’aurait permis de tirer plus d’enseignements. Si je dois retenir le positif, c’est ceci : le 4-4-2 a bien fonctionné pendant trois quarts d’heure et nous ramenons trois points d’un déplacement que je craignais vraiment. « 

par pierre danvoye / photos reporters

« On vit encore. (Koster: après le match contre

Lahti) »

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