Racines espagnoles

Au Real Madrid, Kevin Franck a appris à éviter les crises de confiance.

Elevé à un jet de pierre du stade Pierre Cornelis, c’est à Alost que Kevin Franck a effectué ses premiers dribbles. Il y joua pendant dix ans avant de se laisser séduire par le projet gantois de Johan Boskamp : « Alost possédait une très bonne équipe Scolaires avec Dimbala, Kestens et Aelbrecht. Nous venions d’être champions de Belgique mais, comme on ne nous reprenait pas en Première, j’ai estimé que le moment de partir était venu. C’est à cette époque que j’ai été repris pour la première fois en équipe nationale et que Boskamp m’a repéré. Mais après trois mois, il a quitté La Gantoise. Ce club m’avait acquis avec l’objectif de me faire jouer en Première dans les deux ans et, paradoxalement, il n’engageait que des étrangers. Un jour, en Réserves, nous avons même dû faire place à 11 joueurs testés. Là, j’ai commencé à douter. J’ai eu des contacts avec Levante, un club de D2 espagnole. C’est probablement revenu aux oreilles des scouts du Real Madrid qui sont venus me voir et m’ont invité au match de Ligue des Champions face au Bayern. Tout fut vite réglé et, en août 2000, je me suis installé à Madrid, dans un hôtel du club. Je n’en croyais pas mes yeux: le stade, les vestiaires, le staff médical, même un diététicien ».

Kevin Franck affirme ne pas avoir connu de difficultés d’adaptation au jeu : « Au début, je souffrais de la chaleur car nous jouions parfois sous des températures de 30 degrés. Mais physiquement, je n’ai pas noté de grande différence par rapport à la Belgique. Presque tout se fait avec le ballon. En revanche, les joueurs ont une autre mentalité. Ils sont tous persuadés d’avoir un talent fou et que tout va aller tout seul. C’est pourquoi il y a souvent des crises de confiance ».

Test réussi au Celtic

Le jeune Alostois resta pourtant sur sa faim : « J’étais repris en Réserve. C’était à moi de prouver que je méritais une place dans le noyau A. J’avais signé pour trois ans. A ma grande surprise, hormis un Français, j’étais le seul étranger du noyau B. Nous jouions en D2 mais j’étais rarement aligné. J’ai donc trouvé un accord avec Jorge Valdano, le directeur technique, qui m’a prêté à Majorque. J’étais aussi dans l’équipe B et là, au moins, je pouvais jouer. A la fin de la saison, le club voulait me garder. Comme le Real a refusé, je pensais qu’on m’utiliserait plus. Dommage, rien n’a changé ».

C’est alors que le Celtic Glasgow vint frapper à sa porte. Une blessure lui fit rater le premier test mais le deuxième fut bon et Franck faillit changer d’air.

Finalement, il est resté au Real : « C’est un des meilleurs clubs du monde et j’y côtoye des stars. J’y discute même avec Makelele. En ville, tous les joueurs me saluent. Vous devriez voir la tête des gens. Chaque terrain a sa tribune et celle du noyau A est pleine chaque jour. Pourtant, on respecte l’équipe B. Le président Perez et Valdano assistent à tous nos matches. Les autres clubs nous envient aussi. Les joueurs de l’Atletico, par exemple, se sont vu promettre une double prime et une montre s’ils nous battent. Pour tout le monde, affronter le Real, c’est le match de l’année ».

Kevin Franck affirme ne pas être touché par ceux qui considèrent son aventure espagnole comme un échec : « Il y en aura toujours qui se demanderont ce que je vais faire maintenant. Je profite bien de mon séjour à Madrid et on ne pourra jamais me reprendre ce que j’y vis ».

Matthias Stockmans,

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