Qui va redonner sa chance à Waseige ?

Depuis que Robert Waseige a quitté les Diables Rouges il y a cinq ans, précisément après le Mondial au Japon et en Corée, ils connaissent une chute aux enfers sans précédent. Ni Aimé Anthuenis, ni René Vandereycken ne sont parvenus à l’endiguer. Pire, on a l’impression qu’ils la provoquent…

On se souvient aussi que Waseige avait quitté l’Union Belge – où il était pourtant très apprécié – pour coacher le Standard. Un changement de flamme qui se termina de façon incompréhensible en tête-à-queue après quelques semaines. Un de ces mystères insolubles du football… Depuis, et mises à part des piges à Charleroi, en Algérie et au Brussels, la discrétion de Waseige a surtout continué à cultiver des regrets chez les suiveurs du championnat de Belgique. Car, si la Belgique demeure une terre de talents footballistiques (il n’y a qu’à voir la cote de nos joueurs hors frontières), il faut constater que c’est surtout sur le plan du coaching que l’on marque le pas. En coupes d’Europe, il manque toujours le petit quelque chose qui fait la différence pour passer le cap des belles espérances. A qui la faute ? Et si l’équipe nationale A implore Kleenex de devenir son sponsor exclusif, il suffit de voir une équipe Espoirs convenablement disposée et animée par un coach ambitieux – Jean-François de Sart – pour que le royaume tout entier se lève comme un seul homme. Révélation, miracle ? Peu importe : nos meilleurs joueurs méritent souvent d’être mieux entourés. Dès lors, il est absolument impensable que le foot belge continue à se passer de ce que peut lui injecter un Waseige.

Début mai, au Gala du Footballeur Pro organisé par Sport/Foot Magazine à Spa, nous l’avions revu, flanqué de son adjoint du dernier Mondial des Belges, Vince Briganti. La discussion fut (trop) courte mais vivante comme toujours avec lui et ponctuée d’un -Tu appelles quand tu veux si vous avez besoin de moi… Le même message n’a pas été transmis aux dirigeants de clubs présents. Car Waseige est un homme fier. Ne comptez pas sur lui pour démarcher d’éventuels employeurs. Par contre, le fait qu’il ait annoncé jeudi passé à Pierre Bilic, dans le cadre d’une interview généraliste sur le football belge, qu’il était prêt à reprendre du service est bien plus typique du personnage. Waseige a toujours mis son monde sur un pied d’égalité. S’il avait quelque chose à communiquer, il le disait à tout le monde au même moment.

C’est donc une belle nouvelle et c’est à Guy Roux – un ami de Waseige depuis belle lurette – qu’on la doit. Sans doute que le Liégeois a dû se dire à un moment ou un autre qu’il était temps pour lui de prendre un peu de recul. D’autant qu’il voyait quelques vénérables sachems de la tribu des footeux accepter des charges de conseillers techniques à la Tomislav Ivic au Standard ou même… Roux à Auxerre dans un premier temps. Mais le temps fait toujours son £uvre. Le mage de Rocourt a certainement senti qu’il en avait encore sous la pédale. Et quand il a vu Guy Roux reprendre du service sur le terrain comme entraîneur de Lens, ce fut la révélation.

Roux a 68 ans et Waseige les aura fin août. Bien sûr que Roux, comme patron des entraîneurs français, s’est battu tant qu’il n’avait pas 65 ans pour fixer l’âge limite pour entraîner à…65 ans. Il prêchait pour sa chapelle. Aujourd’hui, ce n’est même pas du progressisme que d’affirmer qu’on peut coacher peu importe l’âge, jeune ou vieux. A-t-on jamais demandé à WolfgangAmadeus Mozart d’attendre la majorité pour composer? Ou à Michel-Ange de descendre des échafaudages de la Chapelle Sixtine, même si les fresques n’étaient pas terminées le jour de ses 65 ans ? Comme les grands artistes font partie du patrimoine culturel de l’humanité, Waseige reste un monstre de compétences pour nos clubs. Raymond Goethals, coach du Marseille vainqueur de la C1 à 71 ans, ne nous démentirait pas s’il pouvait.

PAR JOHN BAETE

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