QUI VA GAGNER LE TOUR FINAL ?

Chaque semaine, Sport/Foot Magazine pose la question qui fait débat.

Oud Heverlee Louvain et trois clubs de D2 ont entamé le tour final dimanche dernier. A l’issue de celui-ci, le 22 mai, on connaîtra le nom de l’équipe qui évoluera en D1 la saison prochaine. Quoi qu’il arrive, il ne s’agira pas d’une première puisque OHL est opposé à des clubs rétrogradés récemment : Mouscron (2010), Eupen (2011) ou encore Saint-Trond (2012). Les trois régions du pays sont donc représentées et les supporters croisent les doigts. Mais qui remportera le gros lot ?

Eupen comme Beveren jadis

Westerlo a remporté le titre sur le fil en battant Eupen lors de la dernière journée. Il faut voir comment l’équipe des cantons de l’Est aura encaissé le coup mais les observateurs s’accordent à dire que c’est elle qui propose le meilleur football de la série. Hormis les attaquants belges Nils Schouterden (ex-St-Trond) et Michaël Lallemand (ex-Standard), Eupen s’appuie sur une épine dorsale jeune et africaine (13 des 27 joueurs sont issus de ce continent).

Le journal AS a fait les comptes : de tous les grands championnats européens, c’est Eupen qui possède la moyenne d’âge la moins élevée : 22,4 ans. Seuls deux joueurs ont trente ans.  » Eupen, c’est un peu le Beveren de Jean-Marc Guillou avec ses Ivoiriens, il y a quelques années « , dit Regi Van Acker, ex-coach du Lierse et de l’Antwerp et futur entraîneur d’Alost.

 » Ces joueurs sont fragiles mais très forts techniquement. Sur le plan individuel, ils peuvent faire la différence mais ils ne maîtrisent pas encore l’art du jeu collectif. C’est ce qui a permis à Westerlo, bien dirigé par Dennis van Wijk, de décrocher le titre.  » Le stade a une capacité de 8.400 places, ce qui lui permet d’accueillir la moitié de la ville mais il est rarement rempli.

L’argent d’Eupen vient d’ailleurs : depuis 2012, le drapeau qatari flotte au Kehrweg. Comme le PSG, le club appartient en effet au groupe Aspire, ce qui en fait un club germanophone avec un staff technique espagnol, des joueurs africains et des capitaux qataris.

 » C’est le football moderne qui veut cela « , dit Sergiy Serebrennikov, coach de Roulers.  » Les grands groupes ont pris le pouvoir et la Belgique les intéresse car elle leur permet de mettre leurs joueurs en vitrine. Je pense qu’on s’orientera de plus en plus vers cela en D2.  » Ce qui ne plaît guère à Regi Van Acker.  » Quand je suis allé à Eupen, le coach espagnol ne parlait aucune des trois langues du pays. Je trouve ça grave. Je comprendrais encore que ça arrive au plus haut niveau mais un club pareil n’a rien à faire en D2 belge.  »

Mouscron a la pression de Lille

 » L’argument vaut moins pour la collaboration entre Mouscron et le club français de Lille « , poursuit Van Acker.  » Ces clubs sont voisins et il y a donc un ancrage régional.  » Mouscron-Péruwelz a vu le jour en 2010 après la mise en liquidation de l’Excelsior Mouscron, qui avait joué en D1 pendant près de 14 ans.

L’an dernier, les Frontaliers terminèrent deuxièmes du tour final derrière le CS Bruges. Cette saison, ils occupèrent la tête de la D2 jusqu’à la trêve hivernale.  » Mouscron a des moyens énormes « , dit Philippe Saint-Jean, son ex-entraîneur qui, en deux ans, a fait monter le club de la Promotion à la D2 mais est aujourd’hui directeur technique à Tubize.

 » Pour le moment, il y a peu de supporters mais il faut dire qu’il a tout fait pour les chasser. Le gros problème, c’est que l’approche de Lille est beaucoup trop rigide. En Belgique, on travaille dur également mais on aime souffler de temps en temps, boire un verre à la buvette après le match. Lille ne l’a pas compris et cela lui a fait perdre beaucoup de temps et d’argent.  »

En février, on a appris que Lille était à vendre, ce qui a suscité l’inquiétude car on ne sait pas si d’éventuels repreneurs conserveront Mouscron.  » Je connais bien les dirigeants de Lille et je pense qu’ils cherchent plutôt des investisseurs que des repreneurs « , dit Saint-Jean.  » J’ai entendu dire que si Mouscron ne montait pas, le budget serait revu à la baisse mais Lille ne le laissera pas tomber.  »

Des clubs de tradition

Saint-Trond en a bavé aussi pour atteindre le tour final. Après s’être vu refuser sa licence en première instance, le club était même plus près de la D3 que de la D1. Regi Van Acker pense que les Hesbignons n’ont guère de chance de remporter le tour final.  » Ce n’est pas une question de stade : celui de Saint-Trond ferait pâlir d’envie plusieurs clubs de D1. C’est un beau club traditionnel, avec beaucoup de supporters. Ce serait donc bien de le voir revenir parmi l’élite mais ce n’est malheureusement pas le public qui fait la différence, sans quoi l’Antwerp rejouerait en D1 depuis dix ans (il rit). Sur le terrain, Saint-Trond affiche des lacunes. C’est une équipe qui mise surtout sur les erreurs de l’adversaire.  »

Serebrennikov pointe autre chose :  » Saint-Trond peut compter sur quelques joueurs expérimentés pour tirer l’équipe mais derrière, il n’y a pas grand-chose. Au tour final, le banc peut faire la différence.  »

Pour Stijn Vreven, entraîneur de Lommel, il n’y a pas de favori tout désigné. Même pas OHL.  » Les équipes se valent. J’espère, pour le football belge, que l’équipe qui l’emportera sera celle qui aligne le plus de Belges, a le plus grand nombre de supporters et le plus beau passé. Donc Saint-Trond ou OHL.  »

Quant à savoir lequel de ces clubs a le plus de chances de survivre en D1… Philippe Saint-Jean pense que chacun a des atouts.  » Eupen a des moyens financiers inépuisables, Mouscron a de très belles installations et un bon centre de formation, Saint-Trond dispose du plus beau stade ainsi que du soutien de Roland Duchâtelet et OHL n’a plus rien à prouver. Les clubs de D1 peuvent trembler : pour moi, l’équipe qui montera ne redescendra pas de sitôt.  »

PAR JENS D’HONDT

 » L’équipe qui montera ne redescendra pas de sitôt.  » Philippe Saint-Jean

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