Qui plaide encore pour le beau jeu ?

Bilan d’une nouvelle campagne catastrophique des Diables Rouges et prémisses d’une nouvelle tentative de qualification, désertification belge en coupes d’Europe… On discute beaucoup pour l’instant mais sans assez aborder la question principale. : la qualité du jeu !

A ce sujet, Angleterre-Croatie de mercredi dernier avait valeur d’exemple. Des Croates d’une finesse technique exquise ont humilié les Anglais dans le nouveau Wembley : 2-3 sous une pluie diluvienne… qui aurait dû avantager le jeu britannique. Mais, paradoxe historique énorme, l’équipe à la Rose essaya de répliquer à un jeu subtil par la même arme. En vain : les Anglais furent très loin d’être à la hauteur et furent parfois pathétiques.

On vante toujours tout ce que les joueurs (et coaches) non britanniques ont apporté au football anglais en termes d’amélioration du jeu. En ce qui concerne la Premier League, c’est vrai, la qualité s’est fortement améliorée. Quand on joue entre Anglais sous un coaching anglais, on redescend de quelques degrés sur l’échelle des valeurs. Et on se demande s’ils ne feraient pas mieux de jouer à l’anglaise, avec des courses, des centres et comme seule préoccupation d’amener le plus vite possible le ballon devant le but adverse.

Mais revenir à ses anciennes habitudes n’est pas synonyme de succès. Les Belges, comme les Anglais, sont au milieu du gué. Il y a deux ans, après les échecs successifs en qualifications pour l’Euro portugais et le mondial allemand d’ Aimé Anthuenis, votre serviteur avait été parmi les premiers à plaider pour la nomination de René Vandereycken. Coupable, votre honneur ! Il fallait retrouver  » le jeu à la belge  » fait d’organisation, d’efficacité, de sens du sacrifice… et VDE devait être celui qui allait tout arranger. On a vu ce que ça a donné. A un moment où l’Union Belge pense le remplacer, il faut reconnaître que c’était une hérésie de croire un seul instant que les vieilles recettes belges allaient encore être bonnes.

Idem en ce qui concerne nos clubs sur la place européenne : nos valeurs sont à la baisse, principalement parce qu’on n’est pas capable de combiner, de dribbler, de jouer haut, de faire pression, d’aligner des ailiers,… Bref, d’oser jouer au football. La Fédération nous a constamment promis qu’avec les nouveaux diplômes, les fameuses Licence pro, on allait avoir des super entraîneurs. Mais on attend toujours la révolution technique. Il n’y a qu’une éclaircie : le dernier Euro des Espoirs et la qualification olympique. Sur le plan des résultats sûrement, car le football n’était pas toujours chatoyant. Alors finalement, que fait-on en Belgique ? On forme ou on déforme ? Les habitués des matches de jeunes affirment qu’on gueule toujours aux jeunes – Donne ta balle ! et qu’on ne les encourage pas à bluffer leurs adversaires.

Rien de changé en Belgique, alors ? Il ne faut pas désespérer. On a vu récemment un Standard garder le ballon au sol en construisant. Et il faut espérer qu’ Ariel Jacobs ira dans ce sens car il possède tout de même des bons joueurs. En France, à Bordeaux, Laurent Blanc, un nouveau dans le coaching, interdit à ses joueurs à jouer en l’air : le ballon doit rester au sol. En voyant ça, on s’est souvenu que Michel Platini expliquait surtout le miracle français de 1998 et 2000 par  » une formidable génération et par les centres de formation « . Blanc en faisait partie et garde le même style… même s’il n’a pas des champions du monde sous ses ordres. Pour progresser, il faut voir ce qui marche et le copier. Milan, Barcelone, le Real Madrid et Man U jouent tous au ras du sol et ils dribblent…

PAR JOHN BAETE

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