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Qui peut gagner des millions ?

La répétition générale n’a pas été des plus réussies. Il faudra faire mieux face à Medipol Basaksehir. Où en est le Club Bruges nouvelle formule ?

Björn Engels (22 ans) a enfin rejoué, mercredi dernier, au stade Fernand Schuerman de Tamise. C’étaient les premières minutes du défenseur central flandrien, qui avait déjà manqué trois mois de compétition la saison dernière suite à une blessure à l’épaule encourue lors d’un duel avec IslamSlimani (Leicester City). S’il n’avait pas joué jusqu’ici, c’est parce qu’il avait déclaré vouloir partir. Or, Ivan Leko avait affirmé lors de la reprise des entraînements qu’il comptait avant tout sur les joueurs qui avaient la tête à Bruges. Stefano Denswil, par exemple, fait partie de ses plans car il n’a jamais dit qu’il voulait partir à tout prix.

Le défenseur hollandais intéresse fortement Hambourg mais le prix demandé (environ 6 millions d’euros) effraye le club allemand.  » Stefano est un joueur de base et nous n’allons pas le laisser partir comme ça, d’autant que des matches importants nous attendent « , déclarait, à ce sujet, Vincent Mannaert dans le Hamburger Morgenpost. Comprenez que le Club Bruges veut au moins attendre la double confrontation avec Basaksehir (26 juillet et 2 août). S’il ne parvient pas à éliminer le deuxième du championnat de Turquie et se retrouve en Europa League, il vendra Denswil.

Car les solutions de remplacement ne manquent pas : le nouveau Colombien, Germán Mera, a le même profil ; s’il est prêt physiquement, Poulain est assuré de sa place ; Brandon Mechele a convaincu l’entraîneur la saison dernière à Saint-Trond et Bruges croit beaucoup en Erhan Masovic, un Serbe de 18 ans qui a le profil d’Engels et que l’ancien défenseur du Club Bruges Milan Lesnjak a lancé l’an dernier en équipe première du FC Kukaricki.

Un diamant brut australien

Le Club a certes perdu Claudemir qui, à 29 ans, a opté pour les pétrodollars d’Al-Ahli (Emirats Arabes Unis). Le même jour, il a présenté son neuvième transfert entrant du mercato : le médian Riley McGree, transféré pour une bouchée de pain d’Adelaïde United, où il a débuté en équipe première en mars 2016, alors qu’il n’avait que 17 ans. Un mois plus tard, il était champion et signait son premier contrat, valable jusqu’en juin 2018.

Il s’agit d’un diamant brut qui, en mars, a été sélectionné en équipe nationale pour les matches de qualification face à l’Irak et aux Emirats Arabes Unis.  » C’est un jeune talentueux qui ne laisse personne indifférent « , disait, à l’époque, le sélectionneur, Ange Postecoglou.

 » Lorsqu’on m’a dit que j’étais sélectionné, j’ai cru qu’on me faisait une mauvaise blague « , dit le médian qui, en septembre 2016, avait entamé la saison sans grandes attentes.  » J’espérais pouvoir profiter des blessures et des suspensions pour jouer de temps en temps, sans plus « , dit-il. Moins de six mois plus tard, alors qu’il n’était monté que quelques fois au jeu, les médias écossais parlaient déjà de lui au Celtic.

 » Cela ne m’a pas étonné « , dit Guillermo Amor, entraîneur d’Adelaïde United, qui a disputé plus de 300 matches sous le maillot de Barcelone de 1988 à 1998 et sait donc de quoi il parle.  » Riley fut l’un des rares points positifs d’une saison décevante (Adelaïde United, qui défendait son titre, n’a terminé qu’à la neuvième et avant-dernière place du championnat, ndlr).

Il a un bon pied gauche et peut jouer à plusieurs places : juste devant la défense, un cran plus haut ou même en dix, dans le dos de l’attaquant de pointe. Physiquement, il n’est pas impressionnant mais il compense par beaucoup d’engagement et de volonté.  »

McGree a entamé 11 des 27 matches de championnat et est entré au jeu à cinq reprises. En Ligue des Champions asiatique, il a entamé cinq des six matches.  » Comme plusieurs valeurs sûres sont parties, il a reçu sa chance plus vite que prévu « , dit Michael Puterflam, journaliste à Fox Sports.  » Il conserve bien le ballon, le touche en moyenne 35 fois par match et réussit 83 % de ses passes. Mais c’est surtout en matière de récupération de balle que ses statistiques sont impressionnantes, même si, à cause de cela, il a pris 6 cartes jaunes en 21 matches et a provoqué quelques bagarres.  »

En Australie, ses équipiers l’avaient d’ailleurs surnommé Brawler from Gawler (le voyou de Gawler, petite ville du sud de l’Australie où il a grandi).

Izquierdo toujours là

Bruges compte neuf nouveaux joueurs mais vendredi soir, deux d’entre eux seulement étaient titulaires lors du match de gala face à l’Athletic Bilbao : Marvelous Nakamba et le rapide ailier nigérian Emmanuel Bonaventure Dennis (19 ans). Le nouveau Club Bruges ressemble donc fortement à l’ancien. Lors de la présentation officielle des joueurs aux médias et aux sponsors, Bart Verhaeghe a cependant déclaré que les transferts n’étaient pas terminés.

En clair, cela signifie qu’il faut attendre que les (20 ? ) millions du transfert du Soulier d’Or José Izquierdo arrivent sur le compte. Joske a effectué cet été ses débuts en équipe nationale colombienne face à l’Espagne et au Cameroun mais aucune proposition concrète n’est encore parvenue sur le bureau de Vincent Mannaert. Début juillet, Izquierdo a donc participé au stage à Garderen. De bonne humeur, comme toujours, mais avec quelques kilos de trop.

Secrètement, Leko espère que le Colombien, toujours sous contrat jusqu’en 2019, restera une saison de plus à Bruges. Et comme son président, le coach attend encore du renfort.  » Nous cherchons encore un très bon joueur. Un type capable de faire basculer un match.  »

L’entraîneur croate veut que Bruges cherche moins la profondeur, tout en continuant à jouer offensivement et en dominant son adversaire. Il demande que le ballon circule vite, que ses joueurs pressent haut, bougent beaucoup en possession de balle et cherchent les espaces sans oublier l’organisation défensive.

 » Si je dois choisir entre un groupe meilleur tactiquement ou un joueur qui fait preuve d’une bonne mentalité, je sais que j’aurai plus à gagner avec la deuxième solution « , disait-il récemment dans Sport/Foot Magazine.  » On a beau avoir le meilleur plan possible, si les joueurs ne font pas preuve de volonté, on n’arrive à rien.  »

Face à AZ, finaliste de la Coupe des Pays-Bas, son groupe lui a montré pour la première fois ce qu’il voulait voir : du pressing, des changements de rythme, des arrières latéraux offensifs. Mais cela n’a duré qu’une mi-temps. Anthony Limbombe, longtemps blessé la saison dernière, avait placé son équipe au commandement mais après la pause, les onze mêmes joueurs ont manqué d’inspiration (1-3).

Une semaine plus tôt, contre le Waasland-Beveren de Philippe Clement (défaite 2-0), Bruges s’était montré indolent et brouillon. Leko avait toutefois déclaré ne pas s’en faire car son équipe sortait d’un stage très dur à Garderen.

Le match face au Sparta (1-1), avec une équipe B améliorée, n’avait pas été très bon non plus. Tout au plus avait-il permis à Jérémy Perbet d’inscrire son premier but sous le maillot brugeois (sur penalty). Leko avait aussi enregistré le retour d’Abdoulay Diaby, qui n’a plus joué de match officiel depuis le mois de mars et semble délivré de sa pubalgie. Diaby, auteur de 20 buts et 9 assists en 2015-2016, peut amener de la profondeur et du danger.

Malgré tout, la confiance règne

Face à Bilbao, qui n’avait repris l’entraînement qu’une semaine plus tôt, Bruges a entamé la partie en 3-4-3, comme contre le Sparta. Mechele a été préféré à Mera, dont on a vu lors de la période de préparation qu’il devait encore progresser tactiquement. Poulain (sorti blessé au profit de Timmy Simons en première période) et Denswil n’ont pas semblé très à leur affaire sur le but inscrit par Raul Garcia peu avant la pause (0-1).

Trois défenseurs centraux, donc, avec Nakamba et Ruud Vormer devant eux. Médian costaud capable d’adresser de très bonnes passes à distance, le Zimbabwéen avait bien compris le message tactique de Leko : se laisser déporter sur le côté gauche, attendre que l’adversaire le suive et lancer Helibelton Palacios en profondeur. Un système dans lequel Lior Refaelov doit rentrer dans le jeu et faire de l’espace au Colombien. À gauche, avec Laurens De Bock – un défenseur pur – et Dennis, ça marche moins bien. Avant le repos, le Club n’a pas montré grand-chose, même si Dennis, seul devant le but, aurait dû marquer dès la première minute. Il avait été préféré à Limbombe, envers qui Leko s’était montré sévère.  » Individuellement, il est bon mais le foot est un sport collectif. Il doit s’intégrer à l’équipe. La mentalité, c’est l’ADN de Bruges et ça passe avant tout.  »

Hans Vanaken était sur le banc mais après son entrée au jeu, Bruges a mieux joué tandis que, sur le flanc gauche, Ahmed Touba (19 ans), qui a remplacé De Bock, a apporté du danger. Pendant une demi-heure, Bruges a dominé mais le marquoir indiquait déjà 0-2 et les Basques étaient réduits à dix.  » La première mi-temps n’était pas bonne « , dit Leko.  » Ce fut meilleur après la pause mais on ne peut pas atteindre la perfection en cinq semaines. Je retiens surtout que nous avons tout de même dominé la deuxième période, je suis confiant pour mercredi.  »

Confiant, Bart Verhaeghe l’était déjà avant les Mâtines Brugeoises.  » Avec les joueurs que nous avons, nous pouvons lutter sur trois fronts : le titre, la coupe et la Coupe d’Europe « , disait-il. Contrairement aux saisons précédentes, Bruges ne sélectionnera donc plus ses objectifs. Mais à propos de choix : Leko pourra-t-il se permettre de pouvoir choisir ses titulaires ?

PAR CHRIS TETAERT – PHOTOS BELGAIMAGE

 » Nous cherchons encore un très bon joueur, capable de faire basculer un match.  » – Ivan Leko

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