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Qui est Hannah Eurlings, la Red Flame qui monte en puissance ?

Aurelie Herman
Aurelie Herman Journaliste pour Sport/Foot Magazine

À quelques mois de l’EURO, l’attaquante de Louvain continue de prendre du galon en Super League et chez les Red Flames. Portrait d’une buteuse au sourire de tueuse.

Elle a disputé ses premières minutes sous le maillot national à 17 ans et onze mois, et a le sourire aussi facile que le dribble. On ne s’étonnera donc pas qu’ Hannah Eurlings cite un certain Eden Hazard parmi ses modèles. Même amour pour le foot frisson, même appétence pour le ballon et même envie de faire vibrer le public, il y a presque une filiation entre le capitaine des Diables rouges et la dernière sensation made in Red Flames. À tout juste 19 ans, la numéro 9 d’OHL, club sans complexe qui bouscule la hiérarchie en Super League, continue de tracer sa route au sein d’un foot féminin belge en pleine ascension.

Arrogante, Hannah Eurlings? Non. Plutôt sûre d’elle, et surtout sans peur.

On la dit très exigeante, elle l’est surtout avec elle-même, rétorque la principale intéressée, qui affiche une étonnante maturité pour une jeune femme à peine sortie de l’adolescence. « Je dis ça sans prétention, mais je sais que j’ai du talent balle au pied. C’est peut-être mon seul vrai talent, car je ne suis pas l’étudiante la plus assidue qui soit vu que je suis focus à 100% sur le foot. ( Elle rit) Mais je sais qu’il faut avant tout bosser dur pour faire fructifier ça », assène cette « gagneuse », qui ne supporte toujours pas de perdre au Rummikub après avoir passé son enfance à défier ses deux soeurs pour savoir qui serait la plus rapide à regagner le domicile familial à vélo. Le genre de qualités qui collent parfaitement aux objectifs affichés par la sélection ces dernières années.

Précoce, polyvalente et Louvaniste

À l’image d’ Amber Tysiak, cheffe de file de cette jeune garde louvaniste pétrie de talent, la déroutante Anversoise est en train de se tailler une place de choix au sein du groupe d’ Ives Serneels. Systématiquement surclassée chez les jeunes, débarquée avant même d’être majeure dans le noyau A, l’attaquante n’a mis qu’un an à convaincre le sélectionneur de lui faire confiance, avec une dernière trêve internationale conclue par trois buts, deux passes décisives et un titre de Flame of the Game lors de l’étincelante victoire acquise face à la Pologne fin novembre en qualifs pour le Mondial 2023. Aujourd’hui, elle ne représente plus seulement l’avenir de la sélection. Elle en est également le présent.

Arrivée au foot vers cinq ans, Hannah écume la province d’Anvers et passe notamment par le Lierse, avant d’intégrer la TopSport School de Louvain à l’âge de quatorze ans. Une fois sa seizième bougie soufflée (cap fatidique pour être autorisée à évoluer au sein de l’élite), elle rejoint les rangs de l’équipe première d’OHL et connaît ses premiers coups durs crampons aux pieds, au cours d’une saison 2019-2020 amputée par l’émergence du Covid où le squad brabançon ne gratte… qu’un seul point. « Mentalement, c’était très dur, car on se prenait des 7-1, 5-0 », rembobine Eurlings. « Mais malgré mon jeune âge, j’étais déjà l’une des leaders de l’équipe avec Zenia Mertens. On était ados, mais on sentait déjà qu’on figurait parmi les plus douées. J’ai réalisé qu’individuellement, je pouvais m’en sortir. »

Sa deuxième saison « chez les grandes » se révèle nettement plus satisfaisante, avec une deuxième place finale derrière Anderlecht. Buts et assists s’enchaînent. Le public découvre ce talent pur grâce à la diffusion du championnat en télé. « C’est vraiment une joueuse polyvalente », décortique sa coéquipière Lola Wajnblum. « Elle peut prendre la profondeur grâce à sa vitesse, ou évoluer comme pivot grâce à sa bonne conservation de balle et son physique ( elle mesure 1m70, ndlr). Sans oublier sa technique et sa finition. C’est une numéro 9 typique, toujours là au bon moment, au bon endroit. Même à l’époque où Louvain était à la peine, on voyait qu’elle sentait bien les coups », analyse l’ancienne Standarwoman.

Ailière au dribble provocant, avant-centre qui sait comment utiliser son corps dans les duels, parfois même placée un cran plus bas en tant que numéro 10, Eurlings avoue avoir une préférence pour l’axe. Et le ballon dans les pieds, toujours. « Il faut qu’elle puisse toucher, sentir la balle pour être bien dans son match », confirme Wajnblum. « Si je ne l’ai pas, je vais aller la chercher, même très bas. Parfois un peu trop, d’ailleurs », renchérit son équipière, qui se voit plus comme une 9,5 aussi capable de créer le danger pour ses potes. Son ratio de passes dé’ deux fois plus important que ses buts en témoigne.

Sans peur, mais pas sans ambition

Qu’importe la position sur le terrain, si sa courbe de progression conserve la même amplitude, l’avenir d’Eurlings passera par l’étranger, malgré un contrat qui la lie à OHL jusqu’en 2024 (chose rare en Belgique! ). Ça tombe bien, elle-même rêve à terme de rencontres de top niveau en Angleterre ou en Espagne. C’est peut-être sous le soleil ibère que la technique soyeuse de l’internationale pourrait le mieux s’exprimer, elle qui avait goûté aux joies du tiki-taka, « si propre et fluide » selon elle, lors de la défaite en amical subie en juin dernier avec les Flames dans la fournaise d’Alcorcón (3-0).

Arrogante, Eurlings? Non. Plutôt sûre d’elle, et surtout sans peur. Que ce soit au moment de passer une adversaire sans sourciller, ou de planter ses études d’éducation physique pour mieux se concentrer sur le foot, celle qui suit aujourd’hui un cursus de sport management en ligne ne doute pas. « C’est ça, son principal atout », s’enthousiasme Wajnblum. « Elle ne se cache pas, c’est ce qui la rend totalement imprévisible. » Le signe d’une nouvelle génération qui comprend que les portes du foot 100% pro ne sont plus aussi fermées qu’avant. Et qui se donne les moyens de ses ambitions. Pour Hannah, ça signifie s’infliger des séances de physique supplémentaires en individuel. Soit ce qui constitue encore la principale faiblesse des Belges face aux meilleures nations européennes.

Entre des play-offs 1 qui s’annoncent à couteaux tirés pour ceindre les lauriers belges, la perspective de goûter à la Champions League en cas de titre, l’EURO et ce ticket pour la Coupe du monde 2023 à aller chercher, l’année 2022 pourrait bien être celle qui change tout pour Hannah Eurlings. Laquelle, prudente, préfère y aller « pas à pas ». Mais avec le sourire, bien sûr.

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