Qui crie au Loup?

Le bourgmestre de la capitale du Centre se défend face aux accusations d’immobilisme dont il est l’objet.

Si La Louvière a toutes les chances de se maintenir sportivement en D1, la menace qui plane sur l’obtention de la licence -à court ou à moyen terme- apparaît plus inquiétante. Le Tivoli est l’un des stades les plus vétustes de la D1 et la Ville est montrée du doigt. On la taxe d’immobilisme. « Un peu trop facilement », regrette le bourgmestre socialiste Willy Taminiaux qui tient à démontrer qu’il se penche réellement sur le cas de la RAAL.

Monsieur le bourgmestre, la RAAL vient d’accéder pour la première fois de son histoire aux demi-finales de la Coupe de Belgique. Quelles répercussions cet exploit peut-il avoir pour la Ville?

WillyTaminiaux: Des répercussions très positives, assurément. La Ville a besoin de redorer son image et un exploit sportif peut y contribuer.

Cette accession aux demi-finales (en attendant peut-être davantage) représente aussi une bonne occasion pour les dirigeants du club de vous tendre la perche…

Ils n’ont pas attendu cela pour le faire. Ils me reprochent de ne rien faire. Pourtant, interrogez les habitants: tout le monde vous dira que La Louvière bouge. Cette ville est un chantier. Quelques exemples? Nous espérons inaugurer la nouvelle caserne des pompiers cette année-ci. Un contrat existe pour une maison de la solidarité. Et je pourrais vous parler de bien d’autres projets.

En matière de chantiers: celui du Tivoli, apparemment, ne bouge pas beaucoup.

Détrompez-vous. Après avoir reçu une délégation de supporters, en octobre de l’an passé, j’avais demandé à ce qu’on me fasse le compte des dépenses effectuées par la Ville en faveur du Tivoli. Jusqu’en 2001 (les dépenses de 2002 n’avaient pas encore été comptabilisées), elles se montaient à 4 millions d’euros. Elles concernent le poste de commandement, la Croix Rouge et d’autres secteurs. Mais tout cela, on l’a déjà oublié.De quoi Gaone se plaint-il?

Quels rapports entretenez-vous avec le président Filippo Gaone?

Je l’ai rencontré à maintes reprises, et jamais il ne m’a semblé y avoir d’antagonisme entre nous. Les entretiens se sont toujours déroulés de manière très courtoise. Aussi suis-je très étonné, voire irrité, de lire ses déclarations dans la presse. Il se plaint de mon immobilisme et menace d’aller jouer ailleurs. Cela ne correspond pas du tout aux propos qu’il me tient en tête-à-tête. A la lecture de ces articles, je me demande s’il est bien utile que je consacre autant d’énergie et d’argent à la rénovation du Tivoli, puisque la RAAL envisage tout de même de déménager.

La Louvière a-t-elle réellement les moyens de mener une politique sportive ou la Ville a-t-elle d’autres priorités?

La région du Centre, dont La Louvière est la « capitale », a perdu 60.000 emplois en 30 ans. La reconversion économique occupe donc une place essentielle dans mes préoccupations. Mais je n’oublie pas le sport. La Louvière possède quatre salles omnisports, dont l’utilisation est gratuite. L’entité compte aussi plusieurs stades, dont le Tivoli, bien entendu. Une piscine olympique, avec aire de loisirs et de détente, va être construite avec des subsides obtenus grâce à de longues négociations. Contrairement à ce que prétendent les responsables de la RAAL, il ne s’agissait pas de choisir entre la piscine et le Tivoli. Pourquoi devait-elle être olympique? Il faut savoir que deux piscines de l’entité ont dû être fermées pour des raisons de sécurité et de vétusté. En reconstruire une grande était plus économique qu’en reconstruire deux petites.La balle est dans le camp de la Région Wallonne

Car, en matière de politique sportive, il y a le sport d’élite et le sport pour tous?

Exactement. Le nombre total de personnes qui fréquentent les diverses installations sportives de La Louvière est plus important que le nombre de spectateurs qui garnissent le Tivoli un soir de match de D1. Mais, pour autant, je n’oublie pas le football. J’ai pris mes fonctions de bourgmestre en 2001. Je me souviens m’être rendu, en compagnie de Roland Louf et d’un architecte, à Gand pour visiter le stade de La Gantoise et voir si nous pourrions nous en inspirer. Une commission d’infrastructures sportives s’est ensuite réunie à neuf reprises en 2002. Le président et le manager de la RAAL étaient présents à la dernière de ces réunions. Tous ensemble, nous avons approuvé un projet (voir encadré) dont le coût total avoisine les 6,250 millions d’euros. La Ville, qui ne roule pas sur l’or, est d’accord de contribuer pour 2,5 millions. Le projet, qui a été approuvé par tous les groupes présents au sein du conseil communal et pourrait être réalisé pour 2005, a été présenté à la Région Wallonne. Le dossier avance bien. Mais, si nous n’obtenons pas les 60% de subvention de la Région, il sera impossible d’effectuer les travaux. Investir 2,5 millions, pour la Ville, c’est un maximum. La balle est donc dans le camp de la Région. Il faudrait que d’autres parties se bougent également. Y compris le club lui-même. Pourquoi ses dirigeants refusent-ils d’investir un seul euro dans la rénovation de la partie horecadu stade? Après tout, c’est eux qui en retireront les bénéfices. C’est trop facile de tout mettre sur le dos de la Ville. Autre exemple: j’avais lu que la RAAL envisageait de disputer le quart de finale retour contre le Standard au stade du Pays de Charleroi. Après avoir demandé confirmation, j’ai reçu une lettre du club m’informant que l’accord était conclu. Le club me demandait, simultanément, de payer les forces de l’ordre. Pour un match qui aurait lieu… ailleurs! Où va-t-on? C’est injustifiable. Renseignements pris à Charleroi, l’accord n’avait pas été conclu et le match s’est finalement joué au Tivoli. Mais cela vous situe jusqu’où vont les demandes de la RAAL.

Que pensez-vous de Charleroi, qui s’est proclamée Ville Sportive?

C’est très bien, mais il faut se rendre compte que la modernisation du stade du Pays de Charleroi a été largement facilitée par les subventions accordées par la Région Wallonne en vue de l’EURO 2000. Je suis bien placé pour en parler, puisque j’étais au gouvernement à l’époque. La Ville de Charleroi n’a pas tout fait, toute seule. Cela vaut également pour Liège. Si j’avais reçu autant d’argent que ces villes-là, les travaux d’aménagement du Tivoli pourraient commencer demain. Mais, si la RAAL se plaint du peu de soutien qu’elle reçoit de la Villede La Louvière, ses responsables doivent savoir que la commune d’Anderlecht perçoit 10% de taxes sur les recettes d’un stade Constant Vanden Stock qui a été construit par le… privé, sans la moindre aide du secteur public.

Daniel Devos

« Le club me demandait de payer les forces de l’ordre pour un match qui aurait lieu… ailleurs! »

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